Dimanche, à l’appel
presque ouvert du
seul Mauricio Macri, qui a ouvertement violé la quarantaine qu'il devait respecter après son voyage en Europe, quelques manifestants de droite se sont montrés
et fait entendre dans plusieurs
villes d’Argentine, martelant des
slogans hostiles au
gouvernement et à sa
stratégie contre l’épidémie de covid-19.
Une du même quotidien hier lundi 'Problème d'affichage", dit le gros titre en montrant un Macri qui pousse Rodríguez Larreta qui résiste de toutes ses forces |
La
Prensa parle de manifestations massives
mais ne montre qu’une photo représentant
quelques voitures pare-choc contre pare-choc. Si les manifestations
avaient vraiment rassemblé du monde, il ne fait aucun doute que les
journaux, surtout mainstream,
auraient envoyé des drones survoler la
foule et prendre des clichés impressionnants. Ce que Página/12
ne manque pas de remarquer, tout en consacrant sa une aux manœuvres
cyniques et étroitement partisanes de Mauricio Macri, qui tente (en
vain jusqu’à présent) de déterrer la hache de guerre alors que
son successeur, à la tête de la capitale fédérale, le libéral
Horacio Rodríguez Larreta, a, dès le début de l’épidémie, fumé
le calumet de la paix avec son successeur à la tête du pays, le
péroniste (de gauche) Alberto
Fernández.
Une de La Nación hier Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Cette
assez bonne entente entre ses deux successeurs, au-delà de leur
opposition idéologique, pour gérer le pays au mieux de l’intérêt
commun au milieu de la crise sanitaire, semble insupportable à
l’ancien président dont les décisions politiques n’ont jamais
servi que des intérêts particuliers, les siens d’abord et ceux du
grand patronat ensuite, au cours de ses trois mandats exécutifs
successifs, deux à Buenos Aires et un à la Casa Rosada, de 2007 à
2019, tout en disant bien entendu le contraire. Les photos et vidéos
publiées par Clarín
montrent une faible mobilisation, sauf celle choisie pour la une qui
montre un grand nombre de véhicules dans Avenida 9 de Julio près de
l’Obélisque. De même, la première photo qui illustre l’article
de La Nación
est un peu plus convaincante mais les manifestants ne parviennent pas
à occuper toute la largeur de l’avenue où les voitures continuent
à circuler normalement. Quant à la galerie photographique publiée
par le même journal, elle ramène le lecteur à une réalité
décevante pour l’opposition. Dans certaines grandes villes, la
manifestation était aussi pitoyable que les légendes des photos
sont triomphalistes (à Rosario ou Mar del Plata, par exemple).
"Drapeaux de sortie contre le gouvernement dans différents lieux du pays", dit le gros titre sur cette photo qui n'arrive pas à impressionner vraiment Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Les
clichés publiés par Página/12
confirment l’impression d’un tout petit rassemblement autour de
l’Obélisque à Buenos Aires. On y lit clairement les sempiternels
slogans de la droite dure : Basta
de impunidad (l’impunité, ça
suffit) ou Juntos por la Democracia y la
República (ensemble pour la démocratie
et la république). Ce qui est curieux, c’est que les urnes
viennent de parler haut et clair il y a moins d’un an et que la
démocratie consiste, entre autres, à accepter leur verdict (1).
Par
ailleurs, le premier procès pour corruption impliquant des ministres
de Mauricio Macri (gros scandale d’irrégularité dans le secteur
des autoroutes à péages) vient d’être étouffé : des juges
(dont les penchants de droite sont un secret de Polichinelle) en ont
invalidé l’instruction pour un vice de forme assez contestable.
C’est curieux comme tout va toujours dans le même sens avec ces
excités, heureusement très minoritaires (ce qui explique peut-être
leur hargne).
Vendredi, au lendemain de cet arrêt discutable, seul
Página/12 a traité le sujet. Aucun des trois quotidiens de droite n’en a dit
un mot sur son site Internet : ils préfèrent passer sous
silence l’inculpation de ces trois ténors du macrisme et ne pas
même en informer leurs lecteurs.
Manifestation massive, dit le gros titre sur une image qui montre l'inverse Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Ce
matin, Daniel Paz et Rudy s’en amusent dans leur vignette du jour :
Pour
aller plus loin :
lire
l’article de Clarín
lire
l’article de La Nación
Aujourd’hui,
Página/12
et Clarín
tâchent d’analyser la stratégie de Mauricio Macri et son apparent
échec au sein de son camp où les partisans du dialogue avec le
gouvernement semblent l’emporter :
lire
l’article de Página/12
lire
l’article de Clarín
(1)
La démocratie consiste aussi à laisser toute sa place à la défense
dans un procès et on ne peut pas dire que cette partie de l’opinion
publique respecte ni le droit de la défense ni la présomption
d’innocence dès que Cristina Kirchner ou quelqu’un réputé lui
être proche est dans le collimateur d’un juge soient respectés ni
de près ni de loin.