dimanche 4 septembre 2022

Vendredi, la première mobilisation en faveur de Cristina a connu un grand succès [Actu]


Au centre historique de Buenos Aires,
une Plaza de Mayo débordante de monde
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Avant-hier, les soutiens de Cristina Kirchner ont rempli les places et les avenues de toutes les villes d’Argentine et bloqué les déplacements dans le centre de la capitale fédérale. Des appels à manifester ont été lancés aussi pour demain lundi mais il est possible que l’élan se perde un peu.

A Rosario, la deuxième ville du pays
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Ce qui était manifeste vendredi, c’est que seuls se sont mobilisés les partisans et les électeurs de Cristina. Le reste de l’opinion publique et du personnel politique s’est tenu à distance et demeure passablement critique devant toute cette agitation. A part quelques voix isolées, celle de trublions de la démocratie, après un round de négociations pour la galerie, l’opposition, en tout cas celle de gouvernement, à la Chambre des Députés a fini, par accepter de voter avec la majorité une résolution solennelle condamnant cette tentative de meurtre, tout cela à main levée et avec une absence notable : celle de Máximo Kirchner, ancien chef du groupe péroniste à la Chambre basse, dont était issu l’appel à cette session extraordinaire un samedi midi. Le propre fils de la victime ne s’est donc pas déplacé pour venir voter cette motion !

Ce quotidien d'opposition a préféré
une photo de Cristina lorsqu'elle est sortie de chez elle
hier soir, emmitouflée dans un grand pull rose
"Condamnation massive de l'attaque avortée
contre Cristina. Ses gardes du corps de plus en plus critiqués"
En bas dans la colonne de droite, une photo du suspect
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Aujourd’hui, les bizarreries de l’affaire s’accumulent dans ce début d’instruction, ce qui laisse planer un doute de mauvais aloi sur la vraie nature des faits, un doute qui est apparu dès vendredi à l’aube : le suspect garde le silence devant le juge d’instruction ; les experts judiciaires ont trouvé son téléphone portable remis en configuration usine (par qui ? nul ne le sait) ; toutes les données semblent donc perdues ; l’emploi du temps des gardes du corps de la vice-présidente n’est pas conforme au protocole de protection d’une telle personnalité et leurs réactions au moment des faits semblent peu professionnelles, à tout le moins assez peu efficaces.

"L'agresseur refus de parler
et on enquête sur les manquements des gardes du corps"
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L’attention des citoyens n’aura finalement que très peu dévié des questions brûlantes de l’actualité. Un bon nombre de tarifs ont subi jeudi leur traditionnelle hausse de début de mois, ce qui pourrit la vie de tout le monde. Quant au procès de Cristina pour les malversations et les faits de corruption en bande organisée dans les travaux publics de la province de Santa Cruz, il reprend son cours demain comme si de rien n’était. Ce sont les avocats de la défense qui s’expriment actuellement et les plaidoiries vont encore occuper plusieurs journées.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


Ajout du 5 septembre 2022 :
L’instruction progresse. Hier en fin de journée, la juge a placé son travail sous le sceau du secret ce qui, en Argentine, n’est pas de droit pour toute instruction comme c’est le cas dans la plupart des procédures en Europe. Ce sceau du secret est ici généralement employé pour préparer des arrestations et/ou des perquisitions à l’insu des intéressés. La magistrate suit actuellement la piste d’un attentat commis en bande. Dans son viseur, elle a un groupe d’extrême-droite anti-kirchneriste, très marqué par une idéologie simili-nazi dont les tatouages du suspect et l’arsenal trouvé chez lui constituent les premiers indices. Les enregistrements des caméras de surveillance de la ville, au coin des deux rues où les faits se sont produits, et ceux des militants qui filmaient la scène au pied de l’immeuble ont démontré la présence de complices dans la foule, juste avant l’attaque.

Le spectre de l’attentat simulé s’éloigne donc ce matin au profit d’un crime organisé par une bande de pieds-nickelés ou - et ce serait plus grave - par de terroristes poursuivant un but politique. C’est ainsi que cette nuit, la police fédérale argentine (PFA) arrêté la compagne du principal inculpé. Dès le début, le comportement de cette jeune femme de seulement 23 ans avait intrigué tout le monde.
Elle a été appréhendée à la gare de Palermo, dans le nord de Buenos Aires, non loin de la scène de crime, alors qu’elle semblait prendre la fuite et qu’elle avait modifié son apparence en se teignant les cheveux en blond.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’entrefilet de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

"Le loup et la meute", dit le gros titre
en référence à la théorie du loup solitaire
qui circulait depuis vendredi pour expliquer le crime
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