samedi 24 septembre 2022

Adieu à Carlitos Bála (1925-2022) [Actu]

Une des pages culturelles de Página/12
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Le clown, comédien et musicien Carlos Balá a fait rire, chanter et rêver tout le monde, les grands et les petits, à la télévision, dans une émission enfantine qui tient dans le cœur des Argentins la place que le Club Dorothée, un peu plus tardif, tient dans celui des Français. De lui, il reste une image unique : cette coupe de cheveux à la Jeanne d’Arc surmontant une bouille rigolarde. Seules les rides sur son visage ont peu à peu permis au public de voir le temps passer.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, sa mort, après une courte hospitalisation qui n’augurait rien de bon en milieu de semaine, fait un peu l’effet, l’assassinat en moins, de la disparition d’un personnage comme Cabu en France, qui avait comme lui conserver cette coupe de cheveux très datée.

Balá était citoyen illustre de la Ville de Buenos Aires. A ce titre, la chambre législative de la Ville, la Legislatura, a ouvert ses portes pour abriter la chapelle ardente qui s’est tenue hier après-midi et a reçu de très nombreuses visites, de personnalités connues, comme du grand public des anonymes qui a formé une longue file d’attente autour du bâtiment dans le cœur historique de Buenos Aires. Ses obsèques se sont tenues aujourd’hui dans la plus stricte intimité familiale.

Né à La Chacarita, Balá avait étrenné son talent humoristique dans le bus qui traversait son quartier avant de gagner ses lettres de noblesse dans le monde du spectacle professionnel. Ce matin, toutes les nécrologies citent ces débuts pour le moins originaux. A la fin de sa vie, sa réussite professionnelle lui avait permis de s’installer dans un quartier beaucoup plus chic, celui de Recoleta. Página/12 en fait même l’axe de son hommage du jour sous le titre « Carlitos Balá, du bus au statut de star ».

Carlitos Balá,
la frange la plus connue de l'Argentine
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Son grand âge faisait de Carlitos Balá un grand témoin de l’histoire de l’Argentine au 20e siècle mais il n’en a pas fait pour autant un acteur engagé. Prudemment, il a toujours ménagé la chèvre et le chou, la démocratie et le pouvoir militaire. Du coup, tout le monde peut s’y retrouver aujourd’hui sans prendre aucun risque.

Mon ami Alorsa, né en 1970 et décédé en 2009, avait cité le personnage dans l’une de ses chansons, Clase 70 (promo 70), que j’avais eu bien du mal à comprendre et donc à traduire pour Deux cents ans après, le Bicentenaire de l’Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango (Tarabuste Éditions, 2010).

Malgré le caractère très prévisible de l’événement, Clarín ne présente pas d’article sur l’événement dans sa version imprimée, même si celui-ci est annoncé en une. Et les autres titres traitent l’info très loin dans la pagination de leur édition papier. Peut-être parce qu’un clown, qui plus est lié à l’enfance, ne mérite pas plus dans la politique éditoriale de la presse argentine.

© Denise Anne Clavilier


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