"Ma condamnation vient de l'Etat parallèle et de la mafia judiciaire", dit le gros titre citant Cristina Kirchner hier soir Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Comme on s’y attendait,
l’intéressée la première, Cristina Kirchner a été condamnée
hier en première instance à six ans d’incarcération criminelle
et à l’inéligibilité à vie pour abus de fonds publics (dans une
affaire de travaux publics en province de Santa Cruz). La cour était
composée de trois juges dont l’impartialité est très discutée
(à juste titre, vu les amitiés qu’ils cultivent dans le milieu
politique de droite) et qui ont dû abandonner en route l’un des
chefs d’inculpation, celui d’association illicite (avec ses
co-inculpés), une accusation à laquelle la droite semblait tenir
beaucoup.
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Cette décision, dont l’arrêt
écrit ne sera connu que dans trois mois, est susceptible d’appel
devant la cour de Cassation à partir du moment où les juges
rendront public la rédaction effective de leur décision. Il fait
très peu de doute que Cristina, avocate de formation, fera jouer
tous les mécanismes de la procédure pénale argentine et qu’elle
ira donc en cassation. D’ici là, elle reste libre de ses
mouvements et conserve son mandat électif (elle est actuellement
vice-présidente) et beaucoup d’eau va couler sous les ponts avant
qu’elle ne risque physiquement d’être jetée en prison.
Comme elle l’avait aussi
annoncé, la vice-présidente a aussi pris la parole depuis le Sénat,
qu’elle préside ès qualité. Comme on s’y attendait, elle a
démoli les raisonnements des juges, invoqué un complot judiciaire
contre elle (comme il en a existé au Brésil contre Lula et il n’est
pas sûr qu’elle n’ait pas raison) et insulté les magistrats en
évoquant une mafia judiciaire qui couvrirait ceux qui ont tenté de
l’assassiner il y a quatre mois. En cela, elle est d’ailleurs
secondée par de nombreuses personnalités en vue, comme Estela de
Carlotto, présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, qui dit la même
chose. Mais, ô surprise, elle a aussi annoncé qu’elle ne serait
candidate à rien l’année prochaine, alors qu’il y aura des
élections législatives nationales et provinciales et des élections
pour les exécutifs : on votera pour les gouverneurs des
provinces ainsi que pour choisir le président de la Nation.
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Or tout le monde avait cru
comprendre ces derniers jours qu’elle se préparait à annoncer sa
candidature à la présidence, ce qui aurait constitué une parfaite
trahison envers le président actuel, Alberto Fernández. Véritable
coup de théâtre donc qui stupéfie les péronistes, dont les plus
enflammés comptaient déjà sur elle pour relever le gant de la Casa
Rosada, bouleverse les plans du président en exercice et déboussole
complètement la droite (dans l’opposition). Plutôt bien joué sur
le plan tactique. Le plus étonnant reste toutefois qu’elle renonce
ainsi à toute immunité parlementaire.
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L’information remplit bien
naturellement les unes et les pages intérieures de tous les journaux
argentins avec deux interprétations opposées selon que le quotidien
est de gauche (Página/12)
ou de droite (les trois autres).
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C’est en tout cas la première
fois dans l’histoire du pays qu’un ancien chef d’État est jugé
et condamné. Est-ce pour autant un progrès de la démocratie ?
Ce n’est pas sûr. L’opposition a fêté le verdict avec joie,
comme cela aurait été le cas des péronistes dans la situation
inverse. Ce n’en est pas moins une manifestation obscène, d’autant
que des suspicions qui sentent encore plus mauvais pèsent sur
Mauricio Macri, l’ancien président de droite qui parvient quant à
lui à mettre la magistrature dans sa poche. Bizarre, non ?
"Cristina Kirchner n'ira pas en prison", dit le second titre Une du journal de gauche uruguayen, ce matin Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Pour aller plus loin :
lire l’article de LR21