mardi 20 décembre 2022

Humour d’une victoire collective en attendant la presse du surlendemain [Actu]

"Dis... Et maintenant comme on fait pour revenir à la vie normale ?
Aucune idée. Demande-moi dans quelques semaines."
Dessin de El Niño Rodríguez dans Clarín, ce matin
Traduction © Denise Anne Clavilier
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Finalement, le gouvernement a décrété un jour férié pour ce mardi (que huit provinces ne respecteront pas – même dans cette circonstances, les politiques refusent de faire trêve à leurs querelles partisanes). Et les albicelestes viendront bel et bien saluer leurs supporters du côté de l’Obélisque dans la journée. Les champions ont touché terre au cœur de la nuit et se reposent dans le domaine de la fédération nationale de football, la AFA, à deux kilomètres de l’aéroport international de Ezeiza, que leur bus a mis plusieurs heures à atteindre, en fendant la foule des supporters en folie.

Que l'attente est douce, proclame le gros titre
sur cette foule de la 9 de Julio ce matin
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Paz et Rudy, à la une de Página/12 ce matin
A gauche : "Le mondial, c'est fini"
A droite : "Oh non ! Ça va recommencer..
L'inflation, le dollar, la guerre des juges, la dette,
les politiciens anti-politique, les assemblées générales,
les séries ennuyeuses, la fracture politique et la chaleur...
Traduction © Denise Anne Clavilier
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En ville, la avenida 9 de Julio n’a pas désempli depuis dimanche après-midi. Elle est noire de monde à perte de vue. Il doit être à peu près impossible de circuler en voiture à l’intérieur de Buenos Aires puisque cette artère énorme coupe la ville en deux. Des millions d’Argentins sont dans la rue, nuit et jour. Une gigantesque opération de police s’est déployée en ville pour assurer la sécurité de la foule et sa bonne répartition sur le parcours et aux alentours.

Pleine page dans la presse écrite hier
pour cette bière sponsor des Albicelestes
Les deux bracelets-grigri disent :
"Nous éloignons le mauvais œil"
On a en effet beaucoup parlé durant toute la compétition
de la poisse portée à la sélection par telle ou telle personne
Mauricio Macri est l'un de ceux qu'on a accusé d'avoir le mauvais œil
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"Papa Lionel est arrivé",
à la une du quotidien sportif ce matin
(jeu de mots avec Papa Noel, connu aussi en Argentine)
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On doute toutefois que l’équipe se rende à la Casa Rosada. La AFA, dont les dirigeants sont de droite, semble peu désireuse d’offrir à ce gouvernement la grâce d’une photo avec les champions et la coupe. Quant aux joueurs, ils auraient eux-mêmes refusé l’invitation. Devant un tel camouflet, on comprend un peu mieux pourquoi Alberto Fernández s’est bien gardé de se rendre à Doha pour soutenir la sélection nationale. Ce beau succès sportif n’améliorera donc nullement la situation politique. Tout au contraire. Aussi le président a-t-il pris les devants et fait publier dans la presse de pleines pages de communication officielle ! En Europe, on peine à imaginer une telle réaction chez des footballeurs qui portent le maillot national. En France, cela ferait sans doute un scandale au Parlement.

Pleine page quadrichromie sur le budget communication
de la présidence argentine, dans la presse papier ce matin
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Même pas besoin de traduire.
Pauvre supporter !
Dessin de Erlich, ce matin, dans Clarín
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Une nouvelle chanson, d’un auteur inconnu, circule dans la foule et elle est passablement émouvante qui plus est. La voilà citée ce matin à la place d’honneur dans l’édition de Página/12 :

En Argentina nací

Tierra del Diego y Lionel
De los pibes de Malvinas, que jamás olvidaré.
No te lo puedo explicar
Porque no vas a entender.
La Final con Alemania, ocho años la lloré
Pero eso se terminó, porque este año en Qatar
La final con los franceses la volvió a ganar papá
¡Muchachos! ahora sólo queda festejar
Ya ganamos la tercera, ya somos campeón mundial!
Y al Diego le decimos que descanse en paz
Con Don Diego y La Tota
¡por toda la eternidad!


Je suis né en Argentine
Terre de Diego et de Lionel
Des mômes des Malouines que je n’oublierai jamais (1)
Je peux pas t’expliquer
tu pourrais pas comprendre.
La finale contre l’Allemagne, j'en ai pleuré pendant huit ans.
Mais c’est fini maintenant, parce que cette année au Qatar
la finale contre les Français, Papa l’a gagnée encore une fois.
Les gars, on n'a plus maintenant qu’à fêter ça.
Ça y est, la troisième, on l'a gagnée, ça y est, nous sommes champions du monde !
Et à Diego, nous disons qu’il peut reposer en paix
avec don Diego et La Tota (2)
pour toute l’éternité.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)


Dessin de Miguel Rep dans Página/12 le 14 décembre,
au lendemain du match Argentine-Croatie
L'artiste fait chevaucher une bête à Bon-Dieu à son Messi
(en Argentine, la bestiole porte bonheur)
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Attention, les Français, la suivante va vous faire mal !
Protégez-vous les yeux...

Hier dans le même journal
Tout commentaire serait superflu


© Denise Anne Clavilier



(1) Allusion aux appelés morts pendant la guerre des Malouines en avril-mai 1982, il y a quarante ans.

(2) Prénom du père et surnom de la mère de Diego Maradona, tels que le grand public les connaissait.