Finalement, le gouvernement a
décrété un jour férié pour ce mardi (que huit provinces ne
respecteront pas – même dans cette circonstances, les politiques
refusent de faire trêve à leurs querelles partisanes). Et les
albicelestes viendront bel et bien saluer leurs supporters du côté
de l’Obélisque dans la journée. Les champions ont touché terre
au cœur de la nuit et se reposent dans le domaine de la fédération
nationale de football, la AFA, à deux kilomètres de l’aéroport
international de Ezeiza, que leur bus a mis plusieurs heures à
atteindre, en fendant la foule des supporters en folie.
Que l'attente est douce, proclame le gros titre sur cette foule de la 9 de Julio ce matin Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
En ville, la avenida 9 de Julio
n’a pas désempli depuis dimanche après-midi. Elle est noire de
monde à perte de vue. Il doit être à peu près impossible de
circuler en voiture à l’intérieur de Buenos Aires puisque cette
artère énorme coupe la ville en deux. Des millions d’Argentins
sont dans la rue, nuit et jour. Une gigantesque opération de police
s’est déployée en ville pour assurer la sécurité de la foule et
sa bonne répartition sur le parcours et aux alentours.
"Papa Lionel est arrivé", à la une du quotidien sportif ce matin (jeu de mots avec Papa Noel, connu aussi en Argentine) Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
On doute toutefois que l’équipe
se rende à la Casa Rosada. La AFA, dont les dirigeants sont de
droite, semble peu désireuse d’offrir à ce gouvernement la grâce
d’une photo avec les champions et la coupe. Quant aux joueurs, ils
auraient eux-mêmes refusé l’invitation. Devant un tel camouflet,
on comprend un peu mieux pourquoi Alberto Fernández s’est bien
gardé de se rendre à Doha pour soutenir la sélection nationale. Ce
beau succès sportif n’améliorera donc nullement la situation
politique. Tout au contraire. Aussi
le président a-t-il pris les devants et fait publier dans la presse
de pleines pages de communication officielle !
En Europe, on peine à
imaginer une telle
réaction chez des footballeurs qui portent le maillot national. En
France, cela ferait sans doute un scandale au Parlement.
Pleine page quadrichromie sur le budget communication de la présidence argentine, dans la presse papier ce matin Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Même pas besoin de traduire. Pauvre supporter ! Dessin de Erlich, ce matin, dans Clarín Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Une nouvelle chanson, d’un auteur inconnu, circule dans la foule et elle est passablement émouvante qui plus est. La voilà citée ce matin à la place d’honneur dans l’édition de Página/12 :
En Argentina nací
De los pibes de Malvinas, que jamás olvidaré.
No te lo puedo explicar
Porque no vas a entender.
La Final con Alemania, ocho años la lloré
Pero eso se terminó, porque este año en Qatar
La final con los franceses la volvió a ganar papá
¡Muchachos! ahora sólo queda festejar
Con Don Diego y La Tota
Hier dans le même journal Tout commentaire serait superflu |
(1) Allusion aux appelés morts
pendant la guerre des Malouines en avril-mai 1982, il y a quarante
ans.