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"Le tango est de retour", dit le titre du spectacle en citant celui d'un des textes les plus connus de Alorsa |
A La Plata, la ville où il est
né, où il vivait et où un infarctus aigu est venu nous le voler
par une nuit caniculaire du mois d’août (32° à Luján ce
jour-là, à la fin de l’hiver !), demain, samedi 14 septembre
2024, de nombreux artistes se réuniront sur la scène du Planetarium
de l’Université Nationale de La Plata (UNLP) pour rendre hommage à
leur ami, l’auteur-compositeur interprète Alorsa, décédé en
2009, à l’âge d’à peine 39 ans (il les aurait eus au mois de
novembre suivant).
La soirée commencera à 20h.
Parmi les nombreux artistes
annoncés : Cucuza, Lucio Arce (qui vint me prendre à Buenos
Aires pour me conduire à ses obsèques à La Plata en ce mois d’août
qui nous a tous si douloureusement marqués), Facundo Radice, Julieta
Cabrera et bien entendu ses musiciens, qui formaient avec lui La
Guardia Hereje (1)
et qui ne l’ont pas oublié.
Parmi eux, Leo Gianibelli a
assuré la promotion de la soirée : il a donné de nombreuses
interviews dans lesquelles il dresse un portrait attachant de l’homme
et fait une analyse vue de l’intérieur de l’œuvre inachevée
qu’Alorsa nous a laissée avec cette mort terriblement précoce.
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Alorsa sur scène. Il brandit un horrible nain de jardin Entendant un jour qu'il y avait en France un mouvement "pour la libération des nains de jardin", qui volaient ces objets de décor chez les particuliers, il avait fait une chanson pleine de son humour si subtil et délicat Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Permettez-moi d’évoquer ici
deux souvenirs : avec son accord, j’avais intégré une
dizaine de ses textes à ma seconde anthologie bilingue, Le
Bicentenaire de l’Argentine à travers le patrimoine littéraire du
tango, parue en
décembre 2010 comme numéro thématique spécial de la revue Triages
(Tarabuste Editions), un volume que l’éditeur avait publié avec
l’aide et le soutien du Conseil National du Livre.
Son hymne à Maradonna, que
beaucoup de chanteurs de sa génération ont désormais inscrit à
leur répertoire, Para
verte gambetear (pour
pouvoir te voir dribbler), fait, quant à lui, partie de la première,
Barrio de Tango,
recueil bilingue de tangos argentins, parue
en mai
2010 et toujours
disponible aux Éditions
du Jasmin,
que je pourrai donc, non sans émotion, dédicacer dimanche prochain
à la Fête de l’Huma, un rendez-vous culturel international qui
lui aurait beaucoup plus avec ce public de toutes les couleurs et
venu de toute la France. Comme si c’était hier, je me souviens de
la découverte de cette chanson en août 2007, au tout début de mon
tout premier séjour en Argentine : c’était chez Walter
Alegre, le coordinateur de la Ciudad del Tango, au CCC Floreal
Gorini, devenu un ami précieux depuis. Pendanr qu’il préparait un
modeste et délicieux asado sur son balcon, Walter avait mis en route
le magnétoscope pour me faire entendre cette chanson et à peine le
morceau était-il terminé que le chanteur lui-même frappait à la
porte pour un petit coucou à l’improviste parce qu’il était de
passage à Buenos Aires. C’était Alorsa et son inséparable
guitare. Il a pris part à ce dîner à la bonne franquette (à la
mode argentine), nous avons échangé jusqu’à pas d’heure et je
lui ai exposé mon projet de bouquin pour obtenir l’autorisation
d’y traduire sa chanson.
Pour les besoins des deux livres,
Alorsa et moi avons ensuite beaucoup échangé, par mail interposé
(on ne parlait pas encore de Whatsapp), sur les nuances dont je
voulais tenir compte dans mes traductions et en 2009, alors que les
livres ne sont sortis que l’année suivante, j’ai appris que cela
l’avait touché. C’est sa mère, Olga, partie elle aussi beaucoup
trop tôt, qui me l’a raconté dans ce salon où elle nous servait
le café quelques heures après les obsèques de son fils.
© Denise Anne Clavilier
Pour aller plus loin :
(1) La Guardia Hereje : la
Garde hérétique. Une allusion à l’histoire du tango où l’on a
défini deux époques fondatrices, la Guardia Vieja (la Vieille
Garde), où régnaient les musiciens amateurs (avant 1910
approximativement), et la Guardia Nueva (la Nouvelle Garde), où sont
apparus les premiers musiciens professionnels, souvent issus de
conservatoires et de théâtres européens, lesquels ont donné au
tango toute sa complexité orchestrale et harmonique.