mercredi 19 février 2025

Le Cryptogate en expansion internationale [Actu]

"Machine à sous", dit le gros titre
(le mot se traduit littéralement : avale-pièces)
En haut à droite : les accusations sévères mais justes
de Cristina Kirchner contre Mileí
("tu tombes en mille morceaux, mon gars")
Tout en bas à gauche : à l'heure du bouclage,
la presse argentine craint que les corps d'otages
qui doivent être rendus à Israël cette semaine
soient ceux de la famille Bibas (la mère et ses deux bébés)
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Les développements sortent de partout avec une vitesse phénoménale.

"L'escroquerie de l'oncle d'Amérique", dit l'édition
de La Plata de Página/12 ce matin
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D’abord, on découvre que l’interview de lundi a été montée alors qu’elle était présentée comme un entretien soit en direct soit enregistré dans les conditions du direct. Or les observateurs n’ont pas manqué de constater une différence entre l’interview vue sur Todo Noticias (TN), la chaîne toute info que le groupe Clarín possède sur le réseau de la TNT argentine, et la vidéo mise en ligne sur la chaîne Youtube de TN. Sur Youtube, on peut entendre que les questions posées par le journaliste ami Jonatan Viale lui ont été soumises par la Casa Rosada. Ce ne sont pas les siennes. Ce qui ne saurait surprendre mais qui laisse à penser que le président est loin d’être innocent dans cette affaire pour ne pas faire confiance à un animateur aussi peu critique que celui-ci ! Le responsable de la chaîne Youtube a démissionné dans la foulée tandis que Jonatan Viale tente de se dédouaner, comme l’avait fait le président lui-même à son micro.

La Prensa préfère ne pas aborder la question
sur sa Une. Elle préfère titrer sur le calme
qui serait revenu à la Bourse de Buenos Aires
(en bas, au centre : "ici, il ne n'est rien passé")
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Par ailleurs, Mileí doit partir aujourd’hui pour Washington où il a plusieurs rendez-vous prévus de longue date : une nouvelle négociation avec la directrice du FMI pour obtenir un énième prêt et deux prises de parole solennelles demain, jeudi, dans le cadre de rencontres militantes, ultra-libérales tendance antidémocratique, comme Mileí en fréquente partout sur la planète. L’un de ces deux événements est un sommet désormais traditionnel de l’extrême-droite où Trump devrait prononcer le discours de clôture vendredi. Pour l’instant, aucune rencontre avec Trump n’est inscrite à l’agenda officiel du mandataire argentin dont l’amitié avec l’homme fort de Washington n’aura pas permis d’exempter son pays des droits de douane exorbitants sur l’aluminium !


Extrait des échanges de messages
"I control that nigga" - Le nègre, je le contrôle"
"J'ai envoyé $$ à sa sœur et il signe tout ce que je dis
et fait ce que je veux". Juste en-dessous : "b... de m..."


Troisième développement : un média états-unien spécialisé dans la finance crypto vient de révéler les échanges de l’un des fondateurs de Libra avec certains de ses complices. Dans ces messages, l’homme, qui a lui-même porté plainte contre Mileí qui aurait fait capoter sa belle opération à cause de sa précipitation au moment où la bulle a éclaté, vers minuit heure de Buenos Aires, s’exprime de manière nauséabonde et affirme des contacts qui sont de nature à incriminer le président argentin. Dans les échanges, Mileí est traité de « nigga », déformation orale typiquement américaine du terme « nigger » (nègre), une insulte de blancs qui se croient supérieurs (à quoi d’ailleurs ? Lui aussi est un suprémaciste blanc). Le financier le désigne comme « le dingue » (insane man) et son interlocuteur acquiesce. Le fondateur de Libra ajoute qu’il tient Mileí dans sa main, qu’il en fait ce qu’il veut (ce qui ne semble même pas invraisemblable, si l’on en croit la manière dont l’affaire se présente depuis la première heure) parce qu’il a versé des pots-de-vin (« $$ ») à sa sœur, Karina Mileí, qui sert au mandataire argentin à la fois de Première dame, de Secrétaire-générale de la présidence et de chef de leur parti politique La Libertad Avanza.

"Le scandale crypto n'en finit pas :
querelles internes, plaintes pour dessous de table
et offensive de Macri", dit le gros titre
Clarín avait déjà l'information du Hamas
sur la famille Bibas


Enfin, la justice de Washington a déjà accepté plusieurs plaintes de victimes américaines de l’escroquerie de vendredi dernier et engage des poursuites contre plusieurs suspects. Avouez que cela la fiche mal pour un chef d’État sud-américain, même si le truand de la Maison Blanche est le premier à faire n’importe quoi avec tout, les frontières des États étrangers, le droit international, la diplomatie, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’histoire de son propre pays dont il ne connaît rien, la science (c’est la même ignorance crasse), les finances publiques qu’il livre à un oligarque sans scrupule et corrompu, les systèmes l’un sanitaire, un autre social et le dernier fiscal, des États-Unis, les innombrables conflits d’intérêts, les décisions de justice sur lesquelles il s’assoit, sans parler de sa trahison consommée de l’Ukraine et de sa complicité avec le dictateur russe dont il répète comme un perroquet l’ignominieuse propagande… Mileí s’est mis à une effroyable école.

La Nación préfère aborder la questions
à partir des petites tactiques politiciennes
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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 sur les dossiers ouverts aux États-Unis (il est le seul titre national argentin à en parler ce matin)
lire l’article de Página/12 sur l’interview présidentielle truquée
lire l’entrefilet de La Prensa sur l’agenda international de Mileí cette semaine
lire l’article de La Prensa sur l’interview truquée
lire l’article de Clarín sur les échanges de messages au sujet des liens de Mileí avec l’opération financière
lire l’article de Clarín sur l’interview truquée
lire l’article de La Nación sur le rôle de plusieurs personnalités du gouvernement dans la préparation de l’affaire financière
lire l’article de La Nación sur les échanges de messages au sujet de Mileí