jeudi 20 février 2025

Le Banco de la Nación est privatisé par décret [Actu]

Photo Guillermo Rodríguez Adami


Le Banco de la Nación est la banque commerciale publique qui paye les fonctionnaires nationaux et permet aux contribuables qui y ont un compte de régler par virement ce qu’ils doivent au titre des contributions (impôt sur le revenu notamment). En fonction des politiques mises en place par les gouvernements successifs jusqu’à l’arrivée de Javier Mileí au pouvoir, le Banco de la Nación proposait aussi un certain nombre d’aides économiques sous plafond de ressources : des prêts avantageux pour la consommation, le logement ou la formation, d’autres prêts pour développer l’activité des entreprises ou faciliter le commerce, des systèmes de paiement souples, des remboursements de TVA, etc.

Le Banco de la Nación a son siège sur Plaza de Mayo, à l’emplacement où semble-t-il s’élevait le deuxième et dernier bâtiment à avoir abrité le Consulado de Buenos Aires, fondé sur commission de Carlos IV par Manuel Belgrano en 1794, la toute première institution de régulation de l’économie dans la région, une vingtaine d’années avant l’indépendance. Il dispose d'un réseau très fourni d'agences partout dans le pays.

A côté du Banco de la Nación, existe aussi le Banco Central de la República Argentina, dont le siège se situe dans la rue San Martín, perpendiculaire à la place, et qui exerce uniquement les fonctions de banque centrale : l’institution émet la monnaie, régule le taux de change qui ne vaut que sur le marché argentin (le peso n’étant pas convertible), fixe le taux directeur et administre les réserves fédérales d’or et de devises étrangères.

Hier, le président Javier Mileí a signé, avant de s’envoler pour un énième voyage aux États-Unis moitié officiel, moitié privé, un décret qui fait du jour au lendemain du Banco de la Nación une société anonyme.

C’est donc une perte considérable de souveraineté pour l’Argentine puisque ce décret prive l’État d’un instrument de régulation de l’économie. Et c’était pour une fois exactement le but recherché : priver l’État de toute possibilité d’intervenir sur les marchés quels qu’ils soient de façon à ce que la loi de la jungle devienne la norme en Argentine.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación


Ajout du 21 février 2025 :
lire cet article de La Prensa sur le communiqué du syndicat des employés de banque, qui condamne la privatisation avec une analyse en droit et en économie