Le 1er février, la Présidente argentine a annoncé la nouvelle indexation du minimum vieillesse national qui sera augmenté de 17,62% pour ce premier semestre (à valoir en mars prochain), comme tous les ans depuis qu'a été adopté le principe de cette indexation en 2009. C'est la plus forte croissance pour cette prestation sociale.
L'annonce a été faite depuis un salon de la Casa Rosada et retransmit en direct par la chaîne de télévision publique. Cette augmentation spectaculaire est dûe à l'amélioration des recettes de l'ANSES (la sécurité sociale argentine), sans doute liée aux campagnes du gouvernement pour faire diminuer le travail au noir et intégrer dans l'économie régulière plus de travailleurs salariés. A cette fin, les services d'inspection se sont équipés et se sont réorganisés il y a quelques temps, ce qui semble donc porter ses fruits.
Par ailleurs, les salaires des actifs sont aussi en forte augmentation. Sur l'ensemble de l'année dernière, ils auraient monté de 29,4%, dont 2,4% pour le mois de décembre. Dans un pays qui subit toujours une inflation aux alentours de 20 ou 25% l'an (l'indice des prix à la consommation n'atteindrait cependant pas 10% selon l'Indec, l'organisme de statistiques et de recensement officiel), c'est plus qu'un rattrapage. L'augmentation salariale n'est pas homogène dans tous les secteurs. Dans le secteur public, la courbe est beaucoup moins prononcée (9,6%). Dans le secteur privé, les travailleurs déclarés, jouissant de tous leurs droits sociaux, ont bénéficié d'une croissance salariale moyenne de 35,8%, ce qui est tout à fait exceptionnel, même en Argentine. Dans cette partie du secteur privé qui continue de ne pas déclarer ses salariés, qui sont donc hors du système de protection et de prévoyance par répartition promu par le Gouvernement (soit peut-être un peu moins de 40% de l'économie nationale au jour d'aujourd'hui), l'augmentation a été de 32,7%.
Le duo formé par le dessinateur Daniel Paz et l'humoriste Rudy, qui signent la vignette de la une quotidienne, en ont profité jeudi dernier pour se payer une nouvelle fois la tête des classes supérieures avec ce dessin, qui fait allusion à la réforme du tarif subventionné du gaz (l'Etat paye un subside sur les consommations des abonnés au gaz et l'année dernière, le Gouvernement a estimé qu'il serait juste de supprimer ce subside pour les abonnés résidant dans des quartiers chers et ayant donc un niveau de vie leur permettant de se passer de cette aide. Dans un premier temps, il a été proposé aux abonnés de renoncer volontairement au bénéfice du subside et la Présidente et ses Ministres ont été parmi les premiers à y renoncer. Dans un second temps, le subside a été supprimé notamment à Puerto Madero, le quartier le plus cher de Buenos Aires, et dans les quartiers privés des villes de la banlieue nord, que l'on appelle des countries). Ce qui nous donne un dessin qui m'a bien fait rire :
Le naïf de service : On a supprimé le subside aux habitants de Puerto Madero, Barrio Parque et des countries.
Le représentant du lobby rural (l'oligarchie) : Toujours en enlevant à ceux qui ont le plus besoin.
Le naïf : Pourquoi vous dites ça ?
Le ruraliste : C'est évident. Nous, nous avons besoin de beaucoup plus qu'un pauvre pour boucler nos fins de mois.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Et on est à peine dans la caricature !
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur l'annonce concernant le minimum vieillesse
lire l'article de Página/12 sur les chiffres concernant les salaires.