La
visite que le Pape François a rendue avant-hier matin, lundi 8
juillet 2013, à l'île de Lampedusa, où affluent
depuis des années les boat-people africains en quête
d'eldorado européen (qui les rejette ou les accueille mal), a fait naturellement
l'objet d'un certain nombre d'articles dans la presse nationale argentine.
Photo EFE |
L'article
de La Nación se révèle le plus proche de la
nature de ce voyage pastoral : des trois grands quotidiens, c'est le
seul qui fasse allusion d'un des épisodes de la Genèse
sur lesquels le Pape a construit son homélie (le meurtre d'Abel
par son frère Caïn, mais La Nación omet la référence au Seigneur Dieu à la recherche d'Adam après le péché originel), le seul aussi à rendre compte, en partie du moins, de la signification de l'absence du décorum traditionnel (l'écarlate cardinalice, les tapis rouges et autres signes habituels, que malgré tout il ne relie pas au caractère pénitentiel de la manifestation, pourtant très clairement évoqué par le service de presse du Vatican dès l'annonce de la visite). C'est aussi le seul qui a publié
cette photo du Pape (ci-dessous) tenant en main cette très émouvante et pauvre férule
de bois, construite avec les débris d'une barque d'immigrants
clandestins échouée sur ces côtes du sud
de la Sicile...
Dans
les trois cas, les journalistes ont ressenti l'homélie du Pape
comme une attaque frontale et très vigoureuse contre les
politiques d'immigration en Europe et tous les trois, La Nación,
Clarín et Página/12, s'en sentent ragaillardis (comme si le Pape avait pris leur parti contre l'Union Européenne).
Pourtant en Europe, le texte, très résolu il est vrai et charpenté, n'a été reçu ni comme aussi
accusatoire ni comme aussi ciblé. Les commentateurs et le simple quidam doté d'un cerveau y voient une dénonciation de la
culture du bien-être matérialiste et de la société de
consommation (dans laquelle le Pape lui-même s'est inclus) et qui est bel et bien en marche en Argentine, comme ailleurs. Car en Argentine, grand pays d'immigration s'il en fut, est aujourd'hui un pays où il ne fait guère bon vivre lorsqu'on est un
immigré économique venu des pays voisins
(Paraguay, Bolivie, Pérou et même Chili).
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín
lire
l'article de La Nación.
Se
référer au texte de l'homélie (en français
avec vidéo, sur le site Internet du Vatican)