La
dernière journée du Pape François à Rio
de Janeiro a quelque peu mobilisé la presse argentine. Le
contraire eût été inquiétant.
Si
au chiffre de pèlerins sur la plage de Copacabana hier matin
très élevé et qui fait donc l'événement
à lui tout seul (plus de 3 millions - le Pape lui-même dit avoir du mal à y croire malgré ce que ses yeux ont vu du haut de l'autel), vous ajoutez
l'invitation adressée par Dilma Roussef à ses
homologues de la région, laquelle s'est vu acceptée
entre autre par la Présidente argentine (ainsi que par Evo
Morales et le Président du Surinam, minuscule pays du nord du
sous-continent, ainsi que par le vice-président uruguayen,
venu en représentation de Pepe Mujica, un peu converti mais
encore très circonspect), on ne s'étonnera pas que ce
matin les quotidiens nationaux à Buenos Aires abondent et
rivalisent en articles divers et variés, reportages, analyses,
éditoriaux et même caricatures...
Et Página/12 qui appelle "notre" Henri IV à la rescousse de ses titreurs.
C'est pas beau, ça !
Ajoutez
encore qu'en apprenant à la mi-juillet la naissance du premier
petit-fils de Cristina de Kirchner, un petit garçon arrivé
le 14 juillet, le Pape avait poussé la délicatesse
jusqu'à faire acheter un petit cadeau pour le bébé.
Une paire de souliers blancs avec chaussettes assorties offerts à
la jeune et très expansive grand-mère que le geste a émue jusqu'à l'euphorie, celle qu'on lui connaît désormais bien dès
qu'il s'agit du Pape (argentin) et qui agace si fort le Président uruguayen (voir mes articles du 19 mars 2013 et
du 6 juillet 2013 sur le sujet).
Quand Abuelita ouvre ses cadeaux ! Le Pape n'est pas son cousin, comme dirait l'adage. (photo Présidence de la Nation argentine) |
Franciscomania
à tout va dans les kiosques de Buenos Aires (et de tout le
pays) !
Pour
aller plus loin :
lire
l'article principal de Página/12 (qui en publie quatre en tout
sur le sujet ce matin)
lire
l'article principal de La Nación (qui en publie une
demi-douzaine, dont un entrefilet creux et stupide sur la réaction
du Pape lorsqu'un journaliste de la rédaction l'a interpellé
par surprise comme cela se faisait à Buenos Aires, en le
saluant comme "Padre Jorge" et non pas "Santo Padre"). L'article principal est, quant à lui, signé de l'habituelle correspondante à Rome. Elle l'a rédigé à l'avance, sans doute pour pouvoir l'envoyer avant le bouclage et du coup, il contient une inexactitude qui fait
tache (1) et que la rédaction en chef aurait pu corriger.
lire
l'article principal de Clarín (qui en publie lui aussi une
demi-douzaine).
Dans tous ces articles, on perçoit la distance culturelle qui existe entre le Brésil et l'Argentine et la rivalité sous-jacente qui persiste entre les deux géants de l'Amérique du Sud. Il y en a un des deux qui n'est pas mécontent d'avoir coiffé l'autre au poteau et l'autre en question n'est pas beau joueur à 100 %.
(1)
Elisabetta Piqué vit en Italie (elle porte d'ailleurs un
prénom italien). Dans son article, elle écrit que Dilma
Roussef était à l'aéroport pour prendre congé
du Pape, ce qui était effectivement prévu mais ne s'est
pas fait (et ça s'est bien vu). C'est en effet le
vice-président brésilien qui a tenu ce rôle
protocolaire, Dilma étant empêchée par une forte
grippe à laquelle il semblerait qu'elle ait eu bien du mérite
de résister le matin même pendant la messe. Au Brésil,
c'est l'hiver et en plus il y souffle une vague de froid très
inhabituel. Il est peu probable que sa maladie soit politique. Les
journalistes accrédités auprès du Saint Père
pour ce voyage n'ont pas assisté à ces adieux, car au
même moment, ils montaient à bord de l'avion du retour.
Si les journaux pour lesquels Elisabetta Picqué travaille lui
ont offert cette accréditation (ça coûte assez
cher de pouvoir voyager avec le Pape), elle aura raconté la
cérémonie à partir du dossier de presse mais en
employant le vocabulaire du témoin oculaire.