lundi 29 juillet 2013

Trois millions de fidèles, quatre chefs d'Etat et demi et des chaussons de bébé, ça fait du foin dans la presse argentine [Actu]


La dernière journée du Pape François à Rio de Janeiro a quelque peu mobilisé la presse argentine. Le contraire eût été inquiétant.

Si au chiffre de pèlerins sur la plage de Copacabana hier matin très élevé et qui fait donc l'événement à lui tout seul (plus de 3 millions - le Pape lui-même dit avoir du mal à y croire malgré ce que ses yeux ont vu du haut de l'autel), vous ajoutez l'invitation adressée par Dilma Roussef à ses homologues de la région, laquelle s'est vu acceptée entre autre par la Présidente argentine (ainsi que par Evo Morales et le Président du Surinam, minuscule pays du nord du sous-continent, ainsi que par le vice-président uruguayen, venu en représentation de Pepe Mujica, un peu converti mais encore très circonspect), on ne s'étonnera pas que ce matin les quotidiens nationaux à Buenos Aires abondent et rivalisent en articles divers et variés, reportages, analyses, éditoriaux et même caricatures...

Et Página/12 qui appelle "notre" Henri IV à la rescousse de ses titreurs.
C'est pas beau, ça !

Ajoutez encore qu'en apprenant à la mi-juillet la naissance du premier petit-fils de Cristina de Kirchner, un petit garçon arrivé le 14 juillet, le Pape avait poussé la délicatesse jusqu'à faire acheter un petit cadeau pour le bébé. Une paire de souliers blancs avec chaussettes assorties offerts à la jeune et très expansive grand-mère que le geste a émue jusqu'à l'euphorie, celle qu'on lui connaît désormais bien dès qu'il s'agit du Pape (argentin) et qui agace si fort le Président uruguayen (voir mes articles du 19 mars 2013 et du 6 juillet 2013 sur le sujet).

Quand Abuelita ouvre ses cadeaux ! Le Pape n'est pas son cousin, comme dirait l'adage.
(photo Présidence de la Nation argentine)

Franciscomania à tout va dans les kiosques de Buenos Aires (et de tout le pays) !

Pour aller plus loin :
lire l'article principal de Página/12 (qui en publie quatre en tout sur le sujet ce matin)
lire l'article principal de La Nación (qui en publie une demi-douzaine, dont un entrefilet creux et stupide sur la réaction du Pape lorsqu'un journaliste de la rédaction l'a interpellé par surprise comme cela se faisait à Buenos Aires, en le saluant comme "Padre Jorge" et non pas "Santo Padre"). L'article principal est, quant à lui, signé de l'habituelle correspondante à Rome. Elle l'a rédigé à l'avance, sans doute pour pouvoir l'envoyer avant le bouclage et du coup, il contient une inexactitude qui fait tache (1) et que la rédaction en chef aurait pu corriger.
lire l'article principal de Clarín (qui en publie lui aussi une demi-douzaine).

Dans tous ces articles, on perçoit la distance culturelle qui existe entre le Brésil et l'Argentine et la rivalité sous-jacente qui persiste entre les deux géants de l'Amérique du Sud. Il y en a un des deux qui n'est pas mécontent d'avoir coiffé l'autre au poteau et l'autre en question n'est pas beau joueur à 100 %.


(1) Elisabetta Piqué vit en Italie (elle porte d'ailleurs un prénom italien). Dans son article, elle écrit que Dilma Roussef était à l'aéroport pour prendre congé du Pape, ce qui était effectivement prévu mais ne s'est pas fait (et ça s'est bien vu). C'est en effet le vice-président brésilien qui a tenu ce rôle protocolaire, Dilma étant empêchée par une forte grippe à laquelle il semblerait qu'elle ait eu bien du mérite de résister le matin même pendant la messe. Au Brésil, c'est l'hiver et en plus il y souffle une vague de froid très inhabituel. Il est peu probable que sa maladie soit politique. Les journalistes accrédités auprès du Saint Père pour ce voyage n'ont pas assisté à ces adieux, car au même moment, ils montaient à bord de l'avion du retour. Si les journaux pour lesquels Elisabetta Picqué travaille lui ont offert cette accréditation (ça coûte assez cher de pouvoir voyager avec le Pape), elle aura raconté la cérémonie à partir du dossier de presse mais en employant le vocabulaire du témoin oculaire.