lundi 17 novembre 2014

Compte-rendu de la Noche de los Museos à faire pâlir la Nuit Blanche [à l'affiche]


Fête éminemment que cette nouvelle Nuit des Musées qui s'est tenue ce week-end dans la capitale argentine. Elle aurait réuni 880 000 personnes (1), de tous âges, dans toute la ville, qui est immense. Le ton est très différent entre l'article, à forte symbolique nationaliste (2) et péroniste, de Página/12, qui fait la part belle à l'affluence dans les espaces culturels et muséographiques de l'ex-ESMA et un clin d'œil à une image historique (celle des péronistes installés dans la fontaine de Plaza de Mayo le 17 octobre 1945) (3), et celui, plus réduit, de La Nación, qui préfère parler d'abord du Museo Nacional de Bellas Artes et du Malba (musée d'art latino-américain de Buenos Aires), mais finit tout de même par mentionner le succès spectaculaire des propositions développées à l'ex-ESMA.

Pour en savoir plus :


(1) Rappelons que Buenos Aires stricto-sensu compte 3 millions d'habitants. C'est donc considérable.
(2) Attention : en Argentine, le nationalisme est une valeur de gauche. Il existe à droite une exaltation patriotique que l'on peut difficilement appeler du même nom et qui n'a guère d'équivalent en Europe. Cette disposition se caractérise par un haut degré d'hostilité ou de dédain pour les pays limitrophes et/ ou par un fort mépris pour la manière dont le pays fonctionne, doublé d'un regret clairement exprimé qu'il ne ressemble pas aux Etats-Unis ou à l'Europe.
(3) Dans la soirée du 17 octobre 1945, une foule immense s'assembla à Buenos Aires sur Plaza de Mayo pour réclamer le retour au gouvernement de Perón qui venait d'être déposé par une révolution de palais. Le groupe des officiers unis (GOU) qui avait fait le coup d'Etat de 1943 pour maintenir la neutralité d'une Argentine soumise à très forte pression par les Etats-Unis, qui voulaient coûte que coûte la voir entrer en guerre du côté des Alliés. Aussitôt la guerre achevée sur les deux fronts, les différences idéologiques qui avaient toujours existé entre les officiers putschistes, qui n'avaient d'uni que le nom qu'ils s'étaient donné, éclatèrent au grand jour et plusieurs courants firent alliance pour tenter d'écarter le beaucoup trop populaire et charismatique Juan Domingo Perón. En pure perte. Devant la marée humaine qui, quelques heures plus tard, avait envahi la place devant le palais présidentiel, les conjurés durent rappeler Perón du bagne militaire dans lequel ils venaient de le jeter et le secrétaire d'Etat au Travail apparut vers minuit au balcon de la Casa Rosada. C'est sans doute dans cette nuit du 17 octobre 1945 que Perón conquit son écrasante victoire électorale de l'année suivante, où il fut élu président de la Nation au premier tour avec 56% des voix, au cours d'élections libres et sincères. Depuis le 17 octobre est une grande fête péroniste, c'est le Día de la Lealdad (fête de la loyauté).