Il
y a quelques jours, à ma plus grande surprise (1), Alkis Raftis m'a
contactée à travers un réseau social et le lendemain même, il m'a
nommée membre du Conseil International de la Danse auprès de
l'Unesco, qu'il préside depuis ses fonctions à Athènes, tandis
qu'un Secrétariat Général a son siège à Paris, dans les locaux
internationaux de la rue Miollis, dans le 15ème
arrondissement. Un honneur que je n'avais même pas imaginé en
rêve !
Ce
Conseil, qui travaille en partenariat avec l'Unesco, a été fondé
en 1972 par un groupe de danseurs professionnels issus des plus
grandes scènes lyriques du monde ; avec juste raison, ils
voulaient donner leurs lettres de noblesse au ballet de répertoire
et à la création chorégraphique contemporaine, qui, à cette
époque, rassemblait des tendances aussi variées que celles de
Maurice Béjart, Merce Cunningham, Pina Bausch, George Balanchine,
Jerome Robbins, Martha Graham, Carolyn Carlson, Alvin Ailey, John
Neumeier, sans oublier les pesantes créations, désormais trop
datées, du réalisme socialiste soviétique ou maoïste.
Il
y a quinze ans, sous l'impulsion de l'actuel président, Alkis
Raftis, cadre supérieur d'entreprise converti en expert des
vieilles traditions locales grecques que menaçait insensiblement
l'intégration à la Communauté européenne (et on sait à quelle
catastrophe elle a fini par conduire le pays à peine sorti de la
dictature des colonels), l'ONG a connu une sorte de révolution
copernicienne en s'ouvrant d'un coup à toute la palette des danses
qui existent dans le monde, dans toutes les dimensions de l'art :
danses populaires d'identité régionale, danses communautaires
d'Afrique, d'Asie ou d'Océanie, bals (et milongas bien sûr), danses
des rues ou issues de traditions religieuses diverses, comédie
musicale, danses anciennes, danses disparues (comme celles de
l'Antiquité méditerranéenne ou du Moyen-Age)...
Comme
à chaque fois que dans un cercle fermé, à vocation académique et
élitiste (2), reconnaissance est accordée à des expressions
culturelles qui viennent d'autres couches de la société, ce fut un
séisme. D'autant plus violent que, dans leur propre monde, les
danseurs classiques souffrent beaucoup de ce que, sur presque toutes
les scènes lyriques du monde, ils doivent céder la préséance à
l'opéra et aux chanteurs, qui font globalement des carrières plus
longues et plus rémunératrices (du moins les vedettes).
La
page sismique est désormais tournée et le CID est bien devenu un
lieu d'échanges, de rencontre et de coopération entre les
différents genres chorégraphiques, les professionnels
internationaux et les amateurs, les compagnies et les écoles, les
praticiens et les chercheurs universitaires, avec un jour
international de la Danse, animé par les initiatives des membres
répartis dans le monde entier, et un congrès mondial annuel, dont
la dernière édition s'est tenue en juillet 2014 dans la capitale
grecque.
Le
logo de l'ONG s'affiche donc désormais en bas de la Colonne de
droite de Barrio de Tango, avec les autres, ceux de la Academia
Nacional del Tango, de la Société des Gens de Lettres et du
Bicentenario Aníbal Troilo. Il apparaîtra très prochainement sur
la page d'accueil de mon site Internet, le temps pour moi de me retourner entre plusieurs salons du livre les week-ends à venir. Et d'ici quelques jours,
quand les documents m'auront été livrés par la Poste, on me verra
porter le badge sur les salons du livre et du tourisme auxquels je
participerai et dans un bon nombre de mes conférences, dont la
prochaine est prévue le 20 janvier à Cherbourg (3).
Pour
en savoir plus sur le Conseil International de la Danse-CID :
consulter
le site Internet (en anglais – le site en français n'est pas du
tout à jour)
connectez-vous
à la page Facebook.
En ce qui concerne la danse à Buenos Aires et en Argentine, vous disposez dans la partie basse de la Colonne de droite d'un certain nombre de liens permanents avec des revues et magazines spécialisés sur ce thème, dans la rubrique Eh bien ! dansez maintenant.
(1)
Oui, je sais ! On dit ça et puis en fait... Mais en
l'occurrence, promis, juré, craché, c'est vrai. Ça m'est tombé du
ciel sans crier gare.
(2)
En Argentine, c'est exactement ce que el Instituto Nacional
Sanmartiniano est en train de vivre depuis deux ans. D'un cercle très
fermé de savants distingués qui avaient la réputation de disputer
à l'infini sur la couleur des cravates du "General"
quand il vivait à Bruxelles, on est passé avec l'arrivée de
Eduardo García Caffi à un institut qui s'ouvre au grand public et à
l'ensemble des acteurs de la recherche sur San Martín en Argentine.
Et ce faisant, il se heurte encore à l'image rétrograde dans
laquelle il s'était complu pendant trois quarts de siècle.
Coïncidence qui me fait sourire : le CID a fait sa révolution
avec un président, qui se trouve être directeur d'un théâtre de
référence (le Dora Stratou Dance Theater à Athènes) tandis que
l'INS fait la sienne avec un président qui a été directeur de
Radio Nacional et dont le frère dirige actuellement le Teatro Colón,
c'est-à-dire l'Opéra de Buenos Aires. C'est pas mignon, ça ?
(3)
Elle portera sur San Martín et les droits de l'Homme dans le cadre
du Festival des Cultures hispaniques organisé par l'association
normande La Mancha. De telle sorte que, dans cette nomination, tous
mes centres d'intérêt convergent en deux points : la culture
populaire argentine et la danse (à travers le tango, bientôt à
travers le folklore, et même à travers San Martín, dont tous les
contemporains admiraient l'élégance avec laquelle il savait danser
autant l'aristocratique menuet que la plus révolutionnaire valse).