Photo publiée par La Nación où l'on voit que c'est bien le printemps en Argentine : fraises et petits artichauds ! |
Il
s'agit de cinq chefs argentins, dont trois vivent et travaillent à
l'étranger (Espagne, France et Uruguay), tous les cinq à la tête
d'établissements de luxe. Ce n'est pas leur première rencontre de
travail. Ils se sont déjà retrouvés sur la Côte d'Azur. Leur but
avoué est de trouver l'identité de la cuisine argentine et de lui
donner une image internationale, comme il en existe pour la cuisine
française ou espagnole (avec quelques chefs originaux et
mondialement connus, malgré le fait que leur cuisine s'est parfois
révélé aussi immangeable que recherchée et chère), et à
l'échelle du continent latino-américain, la cuisine péruvienne (bien présente à Buenos Aires) et
mexicaine. C'est La Nación qui s'empare de la rencontre pour en
faire un article très argentino-centré et passablement bling-bling
où les réputations internationales des cuisines nationales sont
très mal évaluées (1).
On
est loin de la fête populaire d'il y a un mois à Tecnópolis (voir
mon article du 31 octobre dernier et comparer la photo emblématique
du festival avec celle, ci-dessus, qui illustre l'article de La Nación ce matin)
ou de l'émission de la TV Pública Cocineros Argentinos, tout en
jovialité et en embonpoint plébéien. Cet article nous donne à voir, d'une
manière presque chimiquement pure, la manière dont la classe
sociale supérieure argentine et principalement portègne se forge son identité culturelle dans la
référence perpétuelle à celle des pays de l'hémisphère nord.
Pourtant dans les deux cas, au Festival Raíz comme dans cet article
de La Nación, il s'agit bien de dégager l'identité gastronomique
du pays, originale, populaire et paysanne dans un cas, chichiteuse, hyper-urbaine et copiée
sur celles de l'étranger dans l'autre.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de La Nación.
(1)
Pas un mot sur les cuisines chinoise, indienne ou italienne, pourtant
mondialement connues. Toutefois, les deux premières restent quasiment
inconnues à Buenos Aires. La cuisine italienne est sans doute jugée
trop vulgaire par les maîtres-queux concernés. Elle est arrivée en
Argentine dans les maigres bagages d'une armée d'immigrants que les
tout premiers lecteurs de La Nación, dans les années 1870-1900,
méprisaient copieusement. Pas un mot non plus sur la cuisine
japonaise, malgré la mode des sushis qui gagne peu à peu la ville
de Buenos Aires.