La
revue de Buenos Aires, El Tangauta, rend hommage à Juan Carlos
Cáceres, décédé la semaine dernière, avec la publication de
diverses vidéos en ligne, d'une discographie très étendue et du
texte que Eduardo Makaroff, le guitariste de Gotán Project, avait
écrit, il y a plusieurs années, pour présenter le musicien dans le
catalogue de Mañana, sa maison de disques parisienne.
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Poseído
por una suerte de magnetismo telúrico, Cáceres ha estado siempre en
el ojo del huracán.
Llegó
a Paris -¿casualidad?- en mayo del ’68. No buscaba la playa bajo
los adoquines, pero la encontró. Antes, en su Buenos Aires natal,
había sido el factótum de la escena existencialista. Estudiante de
Bellas Artes durante el día, pianista y trombonista por la noche,
agitador, fenómeno de la naturaleza, se convirtió en el Alma Mater
de la mítica cueva de Pasarotus,
club de jazz y epicentro de las tendencias revolucionarias. Ahí se
mezclaban ‘beatniks’, cachorras de la oligarquía y futuros
guerilleros maoístas, muchas veces en la misma persona.
Cáceres,
tsunami de magma y champagne, llevaba la batuta. Hasta que un día
oyó la llamada. En París acompañó a Marie Laforet, fundó los
grupos Malón y
Gotán,
pintó, expuso, enseñó Historia del Arte y profundizó en las
raíces de la música rioplatense. Hoy da conferencias sobre el tema,
pero sobre todo compone y canta, con voz de león, las canciones más
representativas del imparable resurgir del tango, el candombe, la
murga y la milonga. Cáceres es el más inspirado, el más impetuoso,
el más apasionado y el más ardiente. Este joven nacido en 1936 es
la referencia obligada para los creadores, dentro y fuera de
Argentina y Uruguay.
El
Río de la Plata, el más ancho del mundo, separa a estos dos países
que una vez fueron uno. Cáceres se bebe de un trago esas aguas y se
escucha un rugido: es la tormenta de ritmos africanos y europeos que
trae del pasado para conmover el presente y preparar el futuro.
La
modernidad está en los orígenes.
(Eduardo
Makaroff, pour Mañana, cité par El Tangauta)
Possédé
par une sorte de magnétisme tellurique, Cáceres a toujours été
dans l'œil du cyclone.
Il
est arrivé à Paris (par hasard ?) en mai 1968. Il ne cherchait
pas la plage sous les pavés mais il l'a rencontrée. Auparavant,
dans sa Buenos Aires natale, il avait été un acteur de la scène
existentialiste (1). Etudiant en beaux-arts le jour, pianiste et
tromboniste la nuit, agitateur, phénomène de la nature, il devint
l'âme du mythique caveau Pasarotus, club de jazz et épicentre des
tendances révolutionnaires. Là se mêlaient des beatniks, des
filles à papa de l'oligarchie et de futurs guerilleros maoïstes,
bien souvent en une seule et même personne.
Cáceres,
raz de marée de magma et de champagne, menait le bal. Jusqu'à un
jour où il entendit l'appel. A Paris, il a accompagné Marie
Laforêt, il a fondé les groupes Malón et Gotán, il a peint,
exposé, enseigné l'histoire de l'art et s'est plongé dans les
racines de la musique du Río de la Plata. Aujourd'hui, il donne des
conférences sur ce thème mais surtout il compose et il chante, avec
une voix de lion, les chansons les plus représentatives du
jaillissement imparable du tango, du candombe, de la murga et de la
milonga. Cáceres est le plus inspiré, le plus impétueux, le plus
passionné et les plus fervent. Ce jeune homme né en 1936 (2) est la
référence obligée pour les créateurs, en Argentine et en Uruguay
comme en dehors de ces pays (3).
Le
Río de la Plata, le fleuve le plus large au monde, sépare ces deux
pays qui n'en formèrent qu'un naguère (4). Cáceres se désaltère
dans ces eaux et l'on entend un rugissement : c'est l'orage de
rythmes africains et européens qu'il apporte du passé pour émouvoir
le présent et préparer le futur.
La
modernité est dans les origines.
(Traduction
©
Denise
Anne Clavilier, pour Barrio de Tango)
Pour
aller plus loin :
voir
l'hommage sur le site de El Tangauta.
(1)
Ce qu'il raconte d'ailleurs dans certaines parties de Tango
Negro,
son manifeste sur l'apport afro-américain dans le tango, paru en
français aux Editions du Jasmin. Car le document tient de l'essai de
musicologie, du manifeste politique et des souvenirs
autobiographiques...
(2)
Juan Carlos allait vers ses soixante-dix ans lorsque ce texte a été
rédigé.
(3)
C'est une affirmation qui n'est pas partagée par tout le monde en
Argentine. En revanche, en Uruguay, le public et les mélomanes sont
moins partagés autour de la personne, des théories et de la musique
de Cáceres, qui ne s'en est jamais pris aux artistes uruguayens
comme il a attaqué, vent debout, la majorité des artistes
argentins.
(4)
Juan Carlos Cáceres faisait souvent allusion à cette séparation en deux
Etats indépendants de l'Argentine et de la Banda Oriental, comme on appelait alors le futur
Uruguay, par un long processus d'une guerre bâtarde, entre civile et
indépendantiste, de 1810 à 1830. Juan Carlos désignait cette date comme celle de la "perte de l'Uruguay" comme certains nostalgiques français parlent
encore de la "perte de l'Algérie".