Alfredo
Arias se replonge dans ses années d'enfance lorsqu'il avait neuf ou
dix ans et que régnaient deux grandes dames de l'époque péroniste,
l'une sur le petit écran (dans une cuisine improbable quoique
apparemment tout à fait réaliste) et l'autre sur le grand écran.
La première s'appelle Doña Petrona (et accessoirement Doña Petrona
C. de Gandulfo), l'autre s'appelle Fanny Navarro et fut l'une des
grandes vedettes du cinéma argentin de la haute époque péroniste.
Les
deux spectacles sont donnés à partir de cette semaine au Centro
Cultural San Martín, Sarmiento 1551.
Prix :
90 $ ARG. Cela vaut vraiment le coup.
Le
premier spectacle, Comedia Repostera (comédie du dessert) de et par
Alfredo Arias, est une fantaisie sur l'univers gastronomique assez
peu réaliste de la diva des fourneaux qui inventa l'émission de
cuisine à la radio et à la télévision en Argentine et qui lança
la mode des livres de recettes dans le pays (je vous ai déjà parlé
d'elle en février dernier à propos d'un essai qui vient de paraître sur la
sociologie de cette émission et de ses conséquences dans
l'imaginaire télévisuel argentin). Il met en scène l'auteur et sa
comédienne fétiche, Alejandra Radano. Le spectacle utilise le livre
de Doña Petrona et fait lire par Alejandra Radano ses recettes les
plus délirantes et les moins réalisables. Comedia Repostera commence ce soir,
vendredi 10 avril à 20h30, et se donnera par la suite les mardis,
vendredis et dimanches, à la même heure.
L'autre
spectacle a été écrit par Gonzalo Demaría et mis en scène par
l'artiste argentino-français. Il évoque la figure dramatique de
Fanny Navarro, une actrice née en 1920 et décédée en 1971, amie
personnelle de Evita (elles avaient le même âge à quelques mois près) et maîtresse supposée du frère de celle-ci,
Juan Duarte, qui mourut assassiné. Reprenant le titre d'un des films
les plus célèbres de la carrière de Navarro, Deshonrada
(déshonorée), et suivant le fil de l'intrigue de celui-ci, la pièce
raconte l'arrestation imaginaire de l'actrice après l'assassinat de
son prestigieux et sulfureux amant, qu'elle est soupçonnée d'avoir
tué. Fanny Navarro est restée dans la mémoire populaire comme une
icône de l'époque péroniste et elle a payé le prix de son
engagement politique et personnel en subissant l'exclusion du monde
du cinéma et du spectacle après le renversement du général, comme
Nelly Omar ou Hugo del Carril. Mais dès la fin de 1952, elle se
trouva en fort mauvaise posture : Perón ne l'aimait pas et tant
Eva que son frère étaient décédés. Elle se retrouva dès lors
sans protection dans une Argentine qui n'était guère tendre...
Deshonrada
réunit sur la scène du San Martín Alejandra Radano et Marcos
Montes.
La
première a eu lieu mercredi et la pièce se donnera les mercredis,
jeudi et samedis à 20h30.
Ce
n'est pas la première fois que Alfredo Arias s'intéresse à ces
deux thèmes liés au monde de son enfance et fort peu exploitables
dans la partie francophone et européenne de sa carrière. En
remontant sur plusieurs années, on trouve des articles de presse
variés sur les différents avatars de ces deux sujets dans l'œuvre
ariasienne.
Pour
aller plus loin :
lire
la présentation par Alfredo Arias sur le site du Centre culturel
lire
l'interview de Alfredo Arias dans La Nación du 4 avril
lire
l'article de El País (Montevideo) du 30 mars
lire
l'article de Página/12 sur une manifestation précédente (édition
du 10 juin 2010).
Sur
Fanny Navarro :
lire
la fiche de l'actrice sur le site Cine Nacional (avec filmographie complète) et sa biographie sur
celui de l'Association des acteurs argentins
lire
l'article de Página/12 du 9 décembre 2012 sur une autre pièce
portant sur cette même figure mythique
lire
l'article de La Nación du 15 juillet 2012
lire
l'article de La Nación du 13 juin 2004.