"Un train nommé désir" Quel sens du titre a ce quotidien ! Dans les manchettes : à gauche un résultat de foot, à droite l'enquête, de plus en plus sordide, sur la mort du procureur Nisman |
Après
la Chambre des Députés il y a quelques jours, le Sénat a voté
hier, à une large majorité, la loi qui rétablit la société
nationale des chemins de fer argentins, Ferrocarriles Argentinos, en
lieu et place des concessionnaires privés qui depuis la gouvernement de Carlos Menem, dans les années 1990, ont conduit l'ensemble du système à une faillite technique,
sociale et matérielle qu'un petit nombre d'accidents aussi
spectaculaires que tragiques n'a que trop largement illustrée ces
dernières années. La situation est telle que les Argentins de la
classe moyenne préfèrent voyager en car plutôt que de prendre le
train sur les longues distances, dans un pays pourtant immense où
les vols intérieurs sont, par ailleurs, hors de prix.
La
loi prévoit que l'Etat assumera la pleine administration de
l'infrastructure sur tout le territoire national et pourra affecter
et désaffecter les biens ainsi que renégocier tous les contrats de
concession commerciale encore valides avec les cinq sociétés
privées en charge du transport des voyageurs.
Pour
le gouvernement argentin, la gestion de la continuité territoriale
étant un élément essentiel de la maîtrise de son avenir par le
pays, il s'agit d'une mesure qui permet au pays de restaurer sa
souveraineté mise à mal par les gouvernements successifs depuis la
Revolución Libertadora de 1955 jusqu'à la faillite nationale de
Noël 2001 en passant surtout par le gouvernement Menem,
sans doute le pire en matière économique de ce point de vue. La
nouvelle loi s'inscrit donc dans une série cohérente de
renationalisations comme celle de la compagnie de transport aérien
Aerolineas Argentinas (contre la société espagnole Marsans), celle
de la société d'exploitation des gisements d'hydrocarbures YPF
(contre la société espagnole Repsol), celle du système de
retraite, devenu un système par répartition obligatoire et
généralisé (contre divers fonds de pension particulièrement
dispendieux), sans oublier la résurrection d'installations
aéronautiques à Córdoba. Récemment l'Argentine a pu produire un
satellite de fabrication 100% nationale qui a été confié au port
spatial de l'Europe à Kourou.
Le
vote, acquis avec les voix de toute l'opposition de droite (mis à
part quelques absents) et celles du Frente para la Victoria (majorité
dans les deux chambres), sans les voix des groupes de gauche inscrits
dans l'opposition à l'actuel gouvernement, a été salué par des
déclarations triomphantes du côté de la Casa Rosada, présidente
et ministres tous ensemble.
Dans
la presse, l'accueil est divisé : d'un côté Página/12 en
fait sa une, de l'autre, La Nación garde le silence. Clarín se
contente d'un entrefilet microscopique. Et La Prensa fait un article de
taille raisonnable. L'agence de presse nationale Télam propose
plusieurs articles et analyses en ligne aujourd'hui.