Le dramaturge argentin Roberto Cossa fera demain
le discours qui ouvre traditionnellement la Feria del Libro, à
Palermo. Página/12 a profité de l'occasion pour lui tendre le micro
et publiait ce matin une longue interview de l'artiste.
A découvrir
(cet article est particulièrement conseillé aux lycéens de France qui préparent en ce moment les épreuves anticipées du baccalauréat, plongés qu'ils sont dans les révisions pendeant les vacances de printemps :
l'univers du théâtre et ses personnages sont au
programme, or l'auteur y dit des choses qui pourraient bien
nourrir une dissertation là où le thème tombera).
Quelques extraits de l'interview, à
lire dans les pages culturelles du quotidien.
“Va a ser un discurso breve, que se
queden tranquilos. No creo que dure más de diez minutos. El tiempo
lo determina lo que uno quiere decir; se puede hablar mientras se
digan cosas que valgan la pena. Es una situación extraña, porque
los dramaturgos estamos expulsados de la literatura y que me llamen
para abrir la feria de los literatos es un poco sorpresivo e
inquietante. La dramaturgia es literatura. Me eligieron a mí
seguramente por los años. Pero acá estoy”
Roberto Tito Cossa, in Página/12
"Ce sera un discours bref, n'ayez pas
peur. Je ne pense pas qu'il durera plus de dix minutes. Ce qui
détermine la durée, c'est le contenu de ce qu'on veut dire. On ne
peut parler que tant qu'on dit des choses qui valent la peine. C'est
une drôle de situation, parce que nous les dramaturges nous avons
été expulsés de la littérature et qu'on m'appelle pour inaugurer
le salon des littérateurs a de quoi surprendre et inquiéter. La
dramaturgie est littérature. On m'a choisi moi sûrement en raison de
mon âge. Mais bon, j'y suis."
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿El
teatro es literatura?
–Es
una manera de la literatura; el teatro es ficción, palabras... El
tema es el rol del dramaturgo con el libro, porque un autor teatral
no piensa en el libro, piensa en el escenario. No piensa en lectores,
piensa en espectadores; sabe que su obra termina en manos de otros. Y
lo voy a decir en el discurso: el dramaturgo es un Dios que le
entrega su obra al vicario y en estos tiempos que corren el vicario
es más importante que Dios; por eso se paga los padecimientos de ser
permanente traicionado entre comillas y sólo a veces mejorado. Pero
estamos en manos de otros creadores, lo cual hace que sea diferente.
No es para llorar. Al contrario, siempre digo que hoy por hoy el
Quijote por placer lo lee muy poca gente. Todos los días hay una
versión de Romeo y Julieta, pero qué diría William Shakespeare de
ese Romeo y Julieta hecho de cualquier manera, cortado... El teatro
es una arcilla que está viva. Ese es el privilegio que puede tener
el autor y esa continuidad se la da el libro. Un espectáculo termina
y la obra queda en el libro, en las páginas. Si la obra tiene suerte
y necesita ser representada, vuelve al escenario.
Roberto Tito Cossa, in Página/12
- Le théâtre, c'est de la littérature ?
- C'est une forme de littérature. Le théâtre,
c'est de la fiction, des mots... La question, c'est le rôle du
dramaturge par rapport au livre parce qu'un auteur dramatique ne
pense pas au livre, il pense à la scène. Il ne pense pas à des
lecteurs, il pense à des spectateurs. Il sait que son œuvre finit
sans des mains étrangères. Et je vais le dire dazns mon discours :
le dramaturge est un Dieu qui remet son œuvre à son vicaire et par
les temps qui courent, le vicaire est plus important que Dieu. C'est
pour ça qu'on paye les souffrances d'être en permanence trahi entre
guillemets et seulement quelques fois amélioré. Mais nous sommes
entre les mains d'autres créateurs, ce qui fait que c'est différent.
Il n'y a pas de quoi pleurer. Tout au contraire, je dis toujours que
de nos jours, il y a très peu de gens qui lisent Don Quichotte pour
le plaisir. Tous les jours, il y a une nouvelle version de Roméo et
Juliette mais que dirait William Shakespeare de ce Roméo et Juliette
monté autrement, écourté... Le théâtre est une argile qui vit.
Cela, c'est le privilège que peut avoir l'auteur et cette
continuité, c'est le livre qui la lui donne. Un spectacle se termine
tandis que l'œuvre reste dans le livre, dans les pages. Si l'œuvre
a de la chance et a besoin d'être représentée, elle revient en
scène.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿Habrá
alguna reflexión en su discurso sobre el hecho de haber participado
de Teatro Abierto, ese movimiento de resistencia contra la dictadura,
y lo que significa escribir y hacer teatro hoy con más de treinta
años de democracia?
–No,
no lo había pensado y como todavía no está terminado mi discurso
puedo integrar esa reflexión. Teatro Abierto fue un fenómeno que no
hubiera tenido la dimensión que tuvo si las bestias no quemaban el
teatro del Picadero. El atentado fue lo que potenció a Teatro
Abierto y lo convirtió en un referente ineludible de la resistencia
cultural, no sólo acá. He tenido entrevistas con investigadoras de
España, de Francia, de Italia, chicas que no habían nacido cuando
se hacía Teatro Abierto y venían a preguntar y a estudiar este
fenómeno que produjo el teatro. No fue nuestra intención
convertirnos en gladiadores. La intención fue más simple: hagamos
teatro, salgamos, no nos reconocen, nos prohíben en las salas
oficiales y en ese tiempo también nos prohibían en la televisión
que era del Estado. Vivíamos en los sótanos, haciendo nuestras
experiencias. El teatro, contrariamente a lo que pasó en otros
países, no fue censurado directamente: te ponían una bomba, como a
Teatro Abierto. No tuvimos la censura previa que había en España,
donde tenías que llevar el libro y un censor lo leía y decía:
“Esto no, esto sí”. Cuando hicimos Teatro Abierto, no
esperábamos una respuesta violenta, pero sabíamos que tampoco era
tan inocente. Desde el comienzo nos dimos cuenta de que era un
fenómeno político.
Roberto Tito Cossa, in Página/12
- Y aura-t-il dans votre discours une réflexion
sur le fait que vous avez participé à Teatro Abierto (Théâtre
ouvert), ce mouvement de résistance à la dictature, et ce que
signifie écrire et faire du théâtre aujourd'hui trente ans après
le retour de la démocratie ?
- Non, je n'y avais pas pensé mais comme mon
discours n'est pas encore terminé, je peux inclure cette réflexion.
Teatro Abierto a été un phénomène qui n'aurait pas eu la
dimension qu'il a eue si les salauds n'avaient pas incendié le
théâtre du Picadero. L'attentat a été ce qui a renforcé Teatro
Abierto et l'a transformé en un référent incontournable de la
résistance culturelle, et pas seulement ici. J'ai eu des entretiens
avec des chercheuses d'Espagne, de France, d'Italie, des filles qui
n'étaient pas encore nées à l'époque de Teatro Abierto et qui
venaient poser des questions et étudier ce phénomène qu'a produit
le théâtre. Ce n'était pas notre intention de nous transformer en
gladiateurs. Notre intention était plus simple : faire du
théâtre, partir, on ne nous reconnaît pas, on nous interdit de
jouer dans les salles officielles et en ce temps-là, en plus, nous
étions interdits à la télévision, qui appartenait à l'Etat. Nous
vivions dans les sous-sols, où nous faisions nos expériences. Le
théâtre, contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres pays,
n'a pas été censuré directement : on te posait une bombe,
comme à Teatro Abierto. Nous n'avons pas eu la censure préalable
qu'il y avait en Espagne, où il fallait que tu apportes le livre et
qu'un censeur le lise et te dise : ça non, ça oui. Quand nous
avons monté Teatro Abierto, nous ne nous attentions pas à une
réponse violente, mais nous savions que ce n'était pas innocent non
plus. Dès le début, nous nous sommes rendu compte que c'était un
phénomène politique.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿Alguna
vez escribió una novela o un cuento?
–No,
para nada. Soy un actor frustrado, yo quiero el escenario. Me gusta
la novela como lector, pero no para escribir. Hay algún poema
juvenil olvidable y una obra de teatro para títeres, Una mano para
Pepito, que fue lo primero que escribí, pero no la tengo en mis
obras completas. No la reconozco; era una cosa muy juvenil. Mi
primera obra es Nuestro fin de semana, escrita en 1962 y estrenada en
1964. A partir de ahí las reconozco a todas: algunas me gustan más,
otras menos. Mi verdadera vocación era la actuación, pero de
cobarde no me animé... Acercarse al teatro es acercarse a la
actuación. Todos los autores teatrales que conozco fueron actores o
intentaron serlo con mayor o menor suerte. El teatro es esa ceremonia
maravillosa en la que se pone el cuerpo. Esta es una de las dolorosas
circunstancias del autor. Yo digo siempre que el teatro es una fiesta
y el autor come en la cocina; es ajeno, no hay caso...
Roberto Tito Cossa, in Página/12
- Vous est-il arrivé une fois ou l'autre
d'écrire un roman ou un conte ?
- Non, jamais. Je suis un acteur raté, j'aime la
scène. J'ai le roman comme lecteur mais pas pour écrire. Il y a eu
un poème de jeunesse pas inoubliable et une pièce de théâtre pour
marionnettes. Un coup de main à Pepito, qui est la première chose
que j'ai écrite, mais je ne le compte pas dans mes œuvres
complètes. Je le renie, c'est un truc très juvénile. Ma première
pièce, c'est Notre week-end, que j'ai écrit en 1962 et qui a été
créé sur scène en 1964. A partir de là, je reconnais toutes mes
pièces : j'en aime certaines et moins d'autres. Ma vraie
vocation, c'était de jouer mais par lâcheté, je n'ai pas osé...
Se diriger vers le théâtre, c'est se diriger vers le métier
d'acteur. Tous les auteurs dramatiques que je connais ont été
acteurs ou ont essayé de l'être avec plus ou moins de chance. Le
théâtre c'est cette cérémonie merveilleuse dans laquelle le corps
intervient. C'est une des circonstances douloureuses de la vie
d'auteur. Je dis toujours que le théâtre, c'est la fête et que
l'auteur mange à la cuisine. C'est un étranger, qu'on le veuille ou
non.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Pour lire l'intégralité de l'interview, se
reporter à l'article en ligne.