Belle
réussite journalistique pour ce quotidien de l'Intérieur, le
journal local d'une bourgade de la Province de Buenos Aires, Tres
arroyos (trois ruisseaux), La Voz del Pueblo, en cette veille de fête
nationale qui correspond aussi au dimanche de Pentecôte. Une
interview exclusive du Pape François accordée à un journaliste qui a fait le
voyage pour cela...
Les
propos de François font grand bruit et alimente une partie de la presse
nationale : Página/12, La Prensa et La Nación reprennent une
partie de l'interview. Seul Clarín boude dans son coin, comme cela
devient une habitude dans ce quotidien qui cultive une singularité
de plus en plus déplaisante dans le paysage médiatique argentin.
Le
journaliste bonaerense, Juan Beretta, a été reçu mercredi dernier,
après l'audience générale, en tête-à-tête dans la résidence
Sainte-Marthe où le Pape habite depuis le conclave. Beretta a dû
s'engager auprès de lui à se montrer « réglo » à son
égard puisque depuis son élection un bon nombre de journalistes ont
prêté au Pape des propos et des intentions qui n'étaient pas et
n'avaient jamais été les siens. A part cela, liberté totale, dit
l'intervieweur.
Verbatim
[…]
¿Pero avanzando en el
servicio episcopal tampoco fantaseó con esa posibilidad?
Después
de que estuve 15 años en puestos de mando en los que me fueron
poniendo, volví al llano, a ser confesor, cura… La vida de un
religioso, de un jesuita, va cambiando según las necesidades. Y con
respecto a la posibilidad, yo estaba en la lista de los papables en
el otro cónclave… Pero esta vez, la segunda, por la edad, 76 años,
y porque además había gente más valiosa ciertamente… Así que a
mí nadie me nombraba, nadie. Además decían que era un “kingmaker”
(o hacedor de reyes, como se denomina aquellos cardenales que debido
a su experiencia y autoridad son más capaces que otros para pesar en
el resultado electoral), que podía influir en los cardenales
latinoamericanos para que votaran. Tanto era el asunto que ni una
foto mía salió en los diarios, nadie pensaba en mí. En las casas
de apuestas de Londres estaba en el número 46 (se ríe con ganas).
Yo tampoco pensaba en mí, ni se me ocurría.
(La
Voz del Pueblo)
NdT :
Le journaliste vient de demander à François s'il avait jamais rêvé
devenir Pape et celui-ci lui a répondu un non franc et massif.
Beretta insiste.
[…]- Mais en avançant dans le service épiscopale, vous n'avez jamais
songé à cette possibilité ?
- Après
avoir passé quinze ans dans des postes hiérarchiques que l'on m'a
imposés, je suis retourné à la base, j'étais confesseur, simple
prêtre... La vie d'un religieux, d'un jésuite change au gré des
besoins. Et pour ce qui concerne cette possibilité, j'étais sur la
liste de papabili au conclave précédent... Mais cette fois-ci, la
seconde, vu mon âge, 76 ans, et parce qu'en plus il y avait des gens
beaucoup plus intéressants c'est sûr... Tant et si bien que
personne ne parlait de moi, personne. En plus, on disait que j'étais
un faiseur de roi (comme on appelle ces cardinaux qui grâce à leur
expérience et leur autorité sont plus capables que d'autres de
peser sur le résultat électoral), que je pouvais influencer les
cardinaux latino-américains dans leur vote. Et c'était au point que
pas une photo de moi n'est sortie dans les journaux, personne ne
pensait à moi. Chez les bookmakers à Londres, j'avais le numéro 46
(et il rit de bon cœur). Moi non plus, je ne pensais pas à moi,
cela ne me venait même pas à l'esprit.
(Traduction
© Denise
Anne Clavilier)
¿A
pesar de que en 2005 fue el segundo más votado luego de Ratzinger?
Esas
son cosas que se dicen. Lo cierto es que al menos en la otra elección
estaba en los diarios, aparecía entre los papables. Adentro era
claro que tenía que ser Benedicto y hubo casi unanimidad por él y
eso a mí me gustó mucho. Era clara su candidatura, en la segunda no
había ningún candidato claro. Había varios posibles, pero ninguno
fuerte. Por eso me vine a Roma con lo puesto y con pasaje para volver
el sábado a la noche y poder estar en Buenos Aires en el Domingo de
Ramos. Incluso dejé hecha mi homilía sobre el escritorio. Nunca
pensé que iba a pasar.
(La
Voz del Pueblo)
- Malgré
le fait qu'en 2005, vous avez été le second en voix derrière
Ratzinger ?
- Ça,
c'est ce qui se raconte (1). Ce qui est vrai c'est que lors de
l'élection précédente, oui, au moins, j'étais dans les journaux,
je comptais parmi les papabili. Dedans, il était clair qu'il fallait
que ce soit Benoît et il y a presque eu l'unanimité pour lui et
cela m'a fait très plaisir. Sa candidature était évidente, la
dernière fois il n'y avait aucun candidat évident. Il y en avait
beaucoup de possible mais aucun vraiment fort. C'est pour cela que je
suis venu à Rome avec ce que j'avais sur moi et le billet de retour
pour rentrer dans la nuit du samedi et pouvoir être à Buenos Aires
pour le dimanche des Rameaux. J'avais même laissé mon homélie
écrite sur mon bureau. Je n'ai jamais pensé qu'il allait se passer
ça.
(Traduction
©
Denise Anne Clavilier)
¿Y
cuándo fue elegido qué sintió?
Antes
de la elección definitoria sentí mucha paz. “Si Dios lo quiere…”,
pensé. Y me quedé en paz. Mientras que se hacían los escrutinios,
que son eternos, yo rezaba el rosario, tranquilo. Tenía a mi lado a
mi amigo el cardenal Claudio Hummens, que en una votación anterior a
la definitiva me decía, “no te preocupes eh, que así obra el
Espíritu Santo…” (vuelve a reírse).
¿Y
lo asumió enseguida?
Me
llevaron a la Sacristía, me cambiaron la sotana, y a la cancha. Y
ahí dije lo que me vino.
Fue
algo natural entonces.
Sí,
sentí mucha paz y dije lo que me vino del corazón.
(La
Voz del Pueblo)
- Et
quand vous avez été élu, qu'avez-vous ressenti ?
- Avant
l'élection définitive, j'ai ressenti une grande paix. J'ai pensé :
Si Dieu le veut... Et j'ai été en paix. Pendant qu'on procédait
aux scrutins qui durent à n'en plus finir, je priais le chapelet
tranquillement. J'avais à côté de moi mon ami, le cardinal Claudio
Hummens, qui lors d'un tour de scrutin antérieur m'avait dit :
ne t'inquiète pas, hein ? C'est le Saint-Esprit qui est à
l'œuvre (il rit à nouveau).
- Et
vous l'avez assumé tout de suite ?
- On
m'a conduit à la Sacristie, on m'a donné une nouvelle soutane, et
au boulot ! (2) Et là, j'ai dit ce qui me venait.
- Cela
a été quelque chose de naturel par conséquent ?
- Oui,
j'ai ressenti une grande paix et j'ai dit ce qui me venait du cœur.
(Traduction
©
Denise Anne Clavilier)
¿Disfruta
de la audiencia pública?
Sí,
lo disfruto en un sentido humano y espiritual, las dos cosas. La
gente me hace bien, me tira buena onda, como se dice. Es como que mi
vida se va involucrando en la gente. Yo, psicológicamente, no puedo
vivir sin gente, no sirvo para monje, por eso me quedé a vivir acá
en esta casa (en la residencia de Santa Marta). Esta es una casa de
huéspedes, hay 210 piezas, vivimos 40 personas que trabajamos en la
Santa Sede y los otros son huéspedes, obispos, curas, laicos, que
pasan y se hospedan acá. Y eso a mí me hace muy bien. Venir aquí,
comer en el comedor, donde está toda la gente, tener la misa ésa
donde cuatro días a la semana viene gente de afuera, de las
parroquias… Me gusta mucho eso. Yo me hice cura para estar con la
gente. Doy gracias a Dios que eso no se me haya ido.
(La
Voz del Pueblo)
- L'audience
publique, c'est quelque chose que vous aimez ?
- Oui,
c'est quelque chose que j'aime dans un sens humain et spirituel, les
deux dimensions. Les gens me font du bien, ils m'envoient des bonnes
ondes comma on dit (3). C'est comme si ma vie venait s'imbriquer dans
celle des gens. Psychologiquement, moi, je ne peux pas vivre sans les
gens, j'aurais fait un bien piètre moine (4). C'est pour ça que je
me suis installé ici, dans cette maison (la résidence Sainte
Marthe). C'est une maison qui accueille des hôtes, il y a 210
chambres, nous sommes 40 qui travaillons au Saint Siège et qui y
habitons et les autres sont des pensionnaires, des évêques, des
prêtres, des laïcs de passage qui s'arrêtent ici. Et ça, moi, ça
me fait du bien. Venir ici, manger dans le réfectoire, là où il y
a tout le monde, avoir cette belle messe où quatre jours dans la
semaine viennent des gens du dehors, des paroisses (5)... J'aime
beaucoup ça. Je me suis fait prêtre pour être avec les gens. Je
rends grâce à Dieu de ne pas avoir perdu cela.
(Traduction
©
Denise Anne Clavilier)
¿Qué
añora de su vida previa al papado?
Salir
a la calle. Eso sí lo añoro, la tranquilidad de caminar por las
calles. O ir a una pizzería a comer una buena pizza (se ríe).
Puede
pedir un delivery al Vaticano.
Sí,
pero no es lo mismo, la cuestión es ir allí. Yo siempre fui
callejero. De cardenal me encantaba caminar por la calle, ir en
colectivo, subte. La ciudad me encanta, soy ciudadano de alma. No
podría vivir en una ciudad como la tuya por ejemplo, me costaría
mucho… No, Tres Arroyos no es tan chico, sí podría vivir ahí. En
el campo no podría vivir.
(La
Voz del Pueblo)
- Que
regrettez-vous de votre vie avant d'être pape ?
- Sortir
dans la ville. Cela, oui, je le regrette, la tranquillité de marcher
dans la rue. Ou aller dans une pizzeria manger une bonne pizza (il
rit).
- Vous
pouvez commander à un traiteur au Vatican.
- Oui,
mais ce n'est pas la même chose, le truc c'est d'y aller. J'ai
toujours été un homme qui aimait la rue. Quand j'étais cardinal,
j'aimais énormément marcher dans la rue, prendre le bus, le métro.
La ville m'enchante, je suis un citadin dans l'âme. Je ne pourrais
pas vivre dans une ville (6) comme la tienne par exemple, ça me
pèserait beaucoup... Non, Tres Arroyos n'est si petit, si je
pourrais vivre là. A la campagne, je ne pourrais pas vivre.
(Traduction
©
Denise Anne Clavilier)
¿De
noche puede descansar, se desconecta?
Yo
tengo un sueño tan profundo que me tiro en la cama y me quedo
dormido. Duermo seis horas. Normalmente a las nueve estoy en la cama
y leo hasta casi las diez, cuando me empieza a lagrimear un ojo apago
la luz y ahí quedé hasta las cuatro que me despierto solo, es el
reloj biológico. Eso sí, después necesito la siesta. Tengo que
dormir de 40 minutos a una hora, ahí me saco los zapatos y me tiro
en la cama. Y también duermo profundamente, y también me despierto
solo. Los días que no duermo la siesta lo siento.
(La
Voz del Pueblo)
- La
nuit, vous pouvez vous reposer, vous déconnectez ?
- J'ai
le sommeil si profonde que je m'allonge sur le lit et je m'endors. Je
dors six heures. Normalement, à 9h, je suis au lit et je lis presque
jusqu'à 10h, quand l'œil commence à pleurer, j'éteins la lumière
et je reste jusqu'à 4h du matin où je me réveille de moi-même,
c'est un réveil biologique. Evidemment, après j'ai besoin d'une
sieste. J'ai besoin de dormir entre 40 minutes et une heure, j'enlève
mes chaussures et je m'allonge sur le lit. Et là aussi, je dors
profondément et je me réveille tout seul. Les jours où je ne fais
pas la sieste, je le ressens.
(Traduction
©
Denise Anne Clavilier)
¿A
qué le tiene miedo?
En
general no tengo miedo. Soy más bien temerario, me mando sin medir
consecuencias. Eso a veces me da dolores de cabeza porque por ahí se
me va una palabra de más (otra vez se ríe con intensidad). En
cuanto a los atentados, yo estoy en manos de Dios y en mi oración le
hablé al Señor y le dije: “Mirá, si eso tiene que ser, que sea,
solamente te pido una gracia, que no me duela” (se ríe), porque
soy cobarde al dolor físico. El dolor moral lo aguanto, pero el
físico, no. Soy muy cobarde en eso, no es que le tenga miedo a una
inyección, pero prefiero no tener problemas con el dolor físico.
Soy muy intolerante, lo asumo como algo que me quedó de la operación
de pulmón que me realizaron cuando tenía 19 años.
(La
Voz del Pueblo)
- Qu'est-ce
qui vous fait peur ?
- En
général, je n'ai pas peur. Je suis plutôt du genre téméraire,
j'avance sans mesurer les conséquences auparavant. Il y a des fois
où ça me cause des ennuis parce que ici ou là il m'échappe un mot
de trop (il rit une nouvelle fois aux éclats). Et pour ce qui est
des attentats, je suis dans la main de Dieu et dans ma prière, j'en
ai parlé au Seigneur et je lui ai dit : Regarde, s'il fallait
que ça arrive, je ne te demande qu'une seule grâce, que ça ne me
fasse pas mal (il rit) parce que j'ai la frousse de la douleur
physique. La douleur morale, je la prends sur moi mais la douleur
physique, non. J'ai vraiment la frousse là-dessus. Non pas que j'ai
peur d'une piqûre, mais je préfère ne pas avoir affaire à la
douleur physique. Je ne la supporte pas, je prends ça comme quelque
chose qui me reste de l'opération au poumon qu'on m'a faite quand
j'avais 19 ans. (7)
(Traduction
©
Denise Anne Clavilier)
¿Siente
presión?
Las
presiones existen. Toda persona de gobierno siente presiones. En este
momento lo que más me cuesta es la intensidad que hay de trabajo.
Estoy llevando un ritmo de trabajo muy fuerte, es el síndrome del
fin del año escolar, que acá termina a fin de junio. Y entonces se
juntan mil cosas, y problemas hay... Y después están los problemas
que te arman, con que dije o no dije… Los medios de comunicación
también toman una palabra y por ahí la descontextualizan. El otro
día en la parroquia de Ostia, cerca de Roma, voy saludando a la
gente, y habían puesto a los ancianos y a los enfermos en el
gimnasio. Estaban sentados y yo pasaba y los saludaba. Entonces dije:
“Miren qué divertido, acá donde jugaban los chicos están los
ancianos y los enfermos. Yo los comprendo a ustedes porque también
soy anciano y también tengo mis achaques, soy un poco enfermo”. Al
otro día salió en los diarios: “El Papa confesó que estaba
enfermo”. Contra ese enemigo no podés.
(La
Voz del Pueblo)
- Vous
subissez des pressions ?
- Les
pressions existent. Toute personne qui exerce un pouvoir subit des
pressions. En ce moment, ce qui me pèse le plus, c'est l'intensité
du travail. Je soutiens un rythme de travail très soutenu, c'est le
syndrome de la fin de l'année scolaire, qui ici se termine à la fin
du mois de juin (8). Alors il y a mille choses qui se bousculent et
des problèmes, il y en a... Et après il y a les problèmes qu'on te
monte, avec ce que j'ai dit ou ce que je n'ai pas dit... Les médias
aussi citent un mot et le sortent de son contexte. L'autre jour, à
la paroisse d'Ostie, près de Rome, je vais saluer les gens et on
avait mis les vieux et les malades dans le gymnase. Ils étaient
assis et moi je passais et je les saluais. Alors j'ai dit :
regardez comme c'est drôle. Là où les petits jouent, c'est là que
sont les vieux et les malades. Et moi je vous comprends parce que moi
aussi je suis vieux et j'ai aussi mes petits tracas de santé, je
suis un peu malade. Et l'autre jour, les journaux ont dit : Le
Pape a reconnu qu'il était malade. Contre cet ennemi-là, tu ne peux
rien faire.
(Traduction
©
Denise Anne Clavilier)
¿Y
está encima de todo lo que se publica?
No,
no. Diario leo solamente uno, La Repubblica, que es un diario para
sectores medios. Lo hago a la mañana y no me lleva más de 10
minutos ojearlo. Televisión no veo desde el año 1990 (se toma el
tiempo para responder). Es una promesa que le hice a la Virgen del
Carmen en la noche del 15 de julio de 1990.
¿Por
un motivo en particular?
No,
no, me dije esto “no es para mí”.
¿No
ve los partidos de San Lorenzo?
No
veo nada.
¿Cómo
se entera de los resultados?
Hay
un guardia suizo que todas las semanas me deja los resultados y cómo
va en la tabla.
(La
Voz del Pueblo)
- Etes-vous
au courant de tout ce qui se publie ?
- Non,
non. Pour les journaux, je n'en lis qu'un, La Repubblica, qui est un journal
centriste. Je le fais le matin et je ne passe pas plus de 10 minutes
à le feuilleter. La télévision, je ne la regarde plus depuis 1990
(il prend son temps pour répondre). C'est une promesse que j'ai
faite à la Vierge du Carmel dans la nuit du 15 juillet 1990.
- Pour
un motif en particulier ?
- Non,
non, je me suis dit Ce n'est pas pour moi.
- Vous
ne regardez pas les matches du San Lorenzo ?
- Je
ne regarde rien.
- Comment
vous informez-vous des résultats ?
- Il
y a un garde suisse qui toutes les semaines me note les résultats et
comment ça se passe sur le tableau.
(Traduction
©
Denise Anne Clavilier)
¿Cómo
ve a la Argentina desde el Vaticano?
Como
un país de muchas posibilidades y de tantas oportunidades perdidas.
Como decía el cardenal Quarracino. Y es verdad. Somos un país que
ha perdido tantas oportunidades a lo largo de la historia. Algo pasa,
con toda la riqueza que tenemos. Como el cuento de los embajadores de
los países que se fueron a quejar a Dios porque a los argentinos le
habían dado tantas riquezas y a ellos solamente una, o la
agricultura o la minería. Dios los escuchó y les contestó: “No,
perdón, para balancear les di los argentinos”.
¿Sigue
la evolución de la política en Argentina?
No,
para nada, corté acá la recepción de políticos porque me di
cuenta de que algunos usaban eso y mi foto, aunque también es cierto
que algún otro ni dijo que había estado conmigo y ni se sacó la
foto. Pero para evitar eso, los políticos en audiencia privada, no.
Si vienen van a las audiencias generales, los saludo. Pero no sé
cómo van las elecciones ni quiénes son los candidatos. Me imagino
quiénes deben ser los principales, pero no sé tampoco cómo van las
tensiones. Sé que en las PASO de Buenos Aires ganó el PRO porque lo
vi en el diario, salió hasta en La Repubblica.
(La
Voz del Pueblo)
- Comment
voyez-vous l'Argentine depuis le Vatican ?
- Comme
un pays qui a un grand potentiel et qui a manqué beaucoup
d'occasions. Comme disait le cardinal Quarracino (9). Et c'est vrai.
Nous sommes un pays qui a manqué tant d'occasions au long de
l'histoire. Il y a un truc avec toute la richesse que nous
avons. Comme l'histoire des ambassadeurs des pays qui sont allés se
plaindre à Dieu parce qu'il avait donné tellement de richesses aux
Argentins et à eux seulement une, soit l'agriculture soit des mines.
Dieu les a écoutés et il leur a répondu : "Non, pardon, pour
compenser, je leur ai donné les Argentins". (10)
- Vous
suivez l'évolution de la politique en Argentine ?
- Non,
absolument pas, j'ai interrompu la réception des hommes politiques
parce que je me suis rendu compte du fait que quelques uns s'en
servaient, de ça et de ma photo, même s'il est vrai que tel ou tel
n'a même pas raconté qu'il m'avait vu et n'a pas fait prendre la
photo. Mais pour éviter ça, les hommes politiques en audience
privée, non. S'ils viennent, ils vont aux audiences générales, je
les salue. Mais je ne sais pas comme se passent les élections ni qui
sont les candidats. J'imagine lesquels jouent les rôles principaux
mais je ne sais pas non plus où en sont les tensions. Je sais que
dans les primaires à Buenos Aires le PRO a gagné parce que je l'ai
vu dans le journal, c'est sorti jusque dans La Reppublica.
(Traduction
©
Denise Anne Clavilier)
¿Cuáles
son los peores males que aquejan al mundo hoy?
Pobreza,
corrupción, trata de personas… Me puedo equivocar en la
estadística, pero qué me decís si te pregunto ¿qué ítem viene
en gasto en el mundo después de alimentación, vestido y medicina?
El cuarto son los cosméticos y el quinto las mascotas. Es grave eso,
eh. El cuidado de las mascotas es como el amor un poco programado, es
decir, yo puedo programar la respuesta amorosa de un perro o de una
gatita, y ya no necesito tener la experiencia de un amor de
reciprocidad humana. Estoy exagerando, que no se tome textual, pero
es para preocuparse.
¿Por
qué siempre repite “recen por mí”?
Porque
lo necesito. Yo necesito que me sostenga la oración del pueblo. Es
una necesidad interior, tengo que estar sostenido por la oración del
pueblo.
(La
Voz del Pueblo)
- Quels
sont les pires maux qui affectent le monde aujourd'hui ?
- La
pauvreté, la corruption, la traite des êtres humains... Je peux me
tromper dans les statistiques mais qu'est-ce que tu me dis si je te
demande : en terme de gaspillage, quel élément vient derrière
les aliments, les vêtements et la médecine ? Le quatrième ce
sont les cosmétiques et le cinquième les animaux domestiques. C'est
grave, ça, non ? Prendre soin des animaux domestiques c'est
comme l'amour un peu programmé, je veux dire que je peux programmer
la réponse d'amour d'un chien ou d'une petite chatte et que je n'ai
plus besoin de faire l'expérience d'un amour de réciprocité
humaine. J'exagère un peu là, ne me prends pas au pied de la lettre
mais il y a de quoi s'inquiéter.
- Pourquoi
répétez-vous toujours "Priez pour moi" ?
- Parce
que j'en ai besoin. J'ai besoin que la prière du peuple me
soutienne. C'est un besoin intérieur, il faut que je sois soutenu
par la prière du peuple.
(Traduction
©
Denise Anne Clavilier)
Pour
aller plus loin :
lire
l'intégralité de l'interview sur le site de La Voz del Pueblo
lire
l'article du journaliste sur le déroulé de l'entretien
lire
l'article de La Prensa sur les propos du Pape sur l'Argentine
lire
l'article de La Prensa sur les propos du Pape sur les incidents de
football qui ont lieu la semaine dernière à Buenos Aires entre
certains supporters de Boca Juniors et les joueurs du River Plata (la
guerre civile entre les deux clubs en est venue à des violences
physiques sur le terrain)
lire
l'article de Página/12
Quant
à La Nación, elle a préféré donner la parole au rédacteur en
chef de Criterio, José María Poirier, qui analyse à sa façon le
présent pontificat avec un article imprimé et une interview d'une
vingtaine de minutes en vidéo intégrée sur le site Internet du
journal.
Lire
aussi le résumé (long) en français effectué par Radio Vatican
(texte écrit).
On
trouve l'intégralité de l'interview en italien dans l'édition de
L'Osservatore Romano datée des 25 et 26 mai 2015. Elle occupe
l'intégralité de la page 5 (sur les huit que compte le journal).
(1)
Même alors qu'il n'était que cardinal, le Pape François ou le
cardinal Jorge Mario Bergoglio (de toute manière c'est le même
homme) a toujours refusé de commenter ces rumeurs. Souvent il a
rappelé à son interlocuteur le serment que prêtent les prélats en
entrant en conclave de maintenir le secret absolu sur ce qu'il s'y
passe. Certains vaticanologues distingués disent à qui veut
l'entendre qu'ils ont eu des confidences de cardinaux restés
anonymes (ben tiens!), lesquels prétendraient que Bergoglio a refusé
l'élection lorsqu'elle s'est dessinée lors du conclave qui a suivi
la mort de Jean-Paul II. Ils avancent même des détails tels qu'ils
pourraient passer pour témoins des scènes qui se sont tenues dans
la chapelle Sixtine. Et quand bien même les cardinaux en question
auraient ouvert la bouche, leur parole est sujette à caution eu
égard au grave manquement à un serment de secret absolu qu'elle
constituerait. On ne plaisante pas avec ces notions-là dans l'Eglise
catholique !
(2)
Il emploie ici une métaphore footballistique. La cancha, c'est le
terrain de jeu.
(3)
C'est une expression très courante en Argentine pour dire qu'on se
sent bien dans une relation avec une personne déterminée.
(4)
Dans le vocabulaire de l'Eglise, le moine est cloîtré et ne sort
pas du monastère (c'est le cas des chartreux, des bénédictins, des
carmes...). Sinon, il s'agit d'un religieux, il vit dans un couvent
et en sort régulièrement pour l'exercice de son ministère
(dominicains, franciscains ou jésuites).
(5)
Du lundi au jeudi, le Pape reçoit des délégations des paroisses
romaines à la messe de la férie ou des fêtes (hors solennités)
qu'il préside dans la chapelle de Casa Santa Marta, à 7h du matin.
Dans la première année du pontificat, il y invitait les salariés
du Vatican, service par service, pour faire connaissance avec eux.
(6)
Tres Arroyos est une petite bourgade en pleine campagne, une espèce
de village à l'échelle de Buenos Aires (ou même de Rome ou Paris
ou Bruxelles).
(7)
A 19 ans, Jorge Bergoglio a été amputé d'un poumon à cause d'une
pneumonie très résistante. Les conditions de traitement de la
douleur à l'époque étaient très sommaires et il a souffert le
martyr pendant plusieurs mois à l'hôpital. C'est un épisode de sa
vie qu'il a raconté dans un livre-interview paru en Argentine pour
ses 75 ans, alors qu'on pensait qu'il allait quitter l'archevêché
de Buenos Aires puisqu'il était atteint par la limite d'âge mais
Benoît XVI a refusé sa démission et l'a maintenu dans sa mission
jusqu'à son propre renoncement au ministère pétrinien.
(8)
Du fait de l'inversion des saisons entre les deux hémisphères, en
Argentine, l'année scolaire et l'année de travail prennent fin
quelques jours avant Noël. Donc toutes les années correspondent :
l'année civile, la saison artistique, l'école et le monde du
travail.
(9)
Son prédécesseur à l'archidiocèse de Buenos Aires.
(10)
Il aime bien cette blague d'auto-dérision, ce n'est pas la première
fois que je l'entends dans sa bouche (la première fois, c'était
avant son élection).