jeudi 28 mai 2015

¡Fútbol, fútbol, fútbol! [Actu]

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Mafalda en manchette en bas à gauche :
La Norvège... Personne ne parle de la Norvège.
Les gens parlent des pays où il y a des bombes, des grèves, des assauts, des canonnades, des crimes, du racisme, des révolutions...
Mais sur la Norvège, pas ça !
On voit bien que la violence est mieux cotée que la morue...
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

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Le scandale qui touche la FIFA et qui a été déclenché hier avec l'arrestation de différents dirigeants du football mondial, parmi lesquels un Uruguayen, vice-président de la fédération internationale, met le football à la une de tous les journaux argentins et uruguayens, avec une unanimité étonnante !

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A tel point que Página/12 et Clarín, les deux ennemis irréductibles de la presse argentine, titrent avec la même phrase leur article sur les déclarations de Diego Maradona, qui n'a jamais caché son mépris et son hostilité aux instances internationales de son sport.

Le gros titre reprend une formule de Maradona lors de ses adieux au terrain
au stade de la Bombonera (Boca Juniors) :
J'ai fait des erreurs mais le ballon est resté propre (la pelota no se mancha)
Ici : "Eh bien, si, le ballon est sale !"

El Diez a toujours dit que la FIFA était un repaire de gangsters, une mafia avec pignon sur rue. Depuis la Jordanie où il entraîne l'équipe nationale et dont il soutient l'un des princes à la présidence de la FIFA, D10S (1) s'en est donné à cœur joie hier avec des déclarations explosives qu'on retrouve dans de nombreux quotidiens ce matin. Les deux quotidiens argentins titrent tous les deux sur une phrase : "La FIFA hait le football et la transparence !" C'est envoyé, non ?
Vous pouvez lire à cet égard mon article du 9 février 2009 sur l'église Maradonienne, ses rites et ses prières déjantées (2), une bonne grosse blague très politique qui a pris naissance à Rosario et qui met en évidence la perception par le peuple argentin de ces problèmes de corruption et d'hégémonie néo-coloniale à la tête du football international (3).

Avec l'un de ses représentants en garde à vue en Suisse, l'Uruguay se trouve dans l'œil du cyclone. D'ailleurs l'homme faisait déjà l'objet d'une enquête pour malversations de la part de la justice de son pays. Celle-ci a juste été prise de court par la justice nord-américaine !

De la coupe du monde, il ne reste que le socle.
"Le football volé", titre El Observador

L'Argentine n'est toutefois guère en reste : en effet, l'ancien président de l'AFA, la fédération argentine de football, Julio Grondona, décédé l'année dernière, était dans le collimateur des juges new-yorkais dont l'action vient de déboucher en Suisse. En ce qui le concerne, l'action est bien entendu éteinte mais ses deux fils sont montés au créneau, dès hier, pour soutenir l'honneur de leur père. L'un des deux a cependant reconnu que Grondona avait connaissance de malversations dans les instances régulatrices du football et lui en avait parlé. Voir à ce propos mon article au lendemain de la mort de don Julio, le 30 juillet 2014.

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et lire les articles

Et quatre autres dirigeants argentins du football sont incriminés par l'opération mains propres lancées par New-York. Cette fois-ci, la justice de la ville nord-américaine a les faveurs de Página/12 qui apprécie cette chasse à la corruption dont l'existence était connue de tous...

Tribuna est le titre du supplément sportif quotidien de La República
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Tous les journaux ce matin consacrent de nombreuses pages à cette affaire. Il m'est impossible de vous renvoyer à tous les articles parus. Je me contenterai donc de vous donner le lien avec l'article principal et le cas échéant avec celui relatant les déclarations de Diego Maradona.

Pour en savoir plus :

en Uruguay :
lire l'article de El País sur Maradona, rédigé d'après un article de La Nación ("Je vais me charger personnellement de les flanquer dehors à coups de pompe") ? Ah ! le langage fleuri et nuancé del Diez !
lire l'article de El Observador, qui symbolise l'affaire en faisant disparaître sur sa une la Coupe du Monde dont il ne reste que le socle... Quelle force !
lire l'article de La República, qui n'apprécie que très modérément cejour de juin 2014 où la FIFA avait osé sanctionner Luis Suárez (4) au nom de la morale lors du Mundial au Brésil (vous vous souvenez de cette morsure ?) et qui rappelle que précisément aujourd'hui l'ex-président de la République, José Mujica, est attendu au Vatican pour une audience privée !

en Argentine :
lire l'article sur Maradona dans Página/12
lire l'article de Clarín sur Maradona
lire lien de Clarín vers la mise en accusation à New-York (le journal donne accès à l'ensemble du réquisitoire en anglais, en téléchargement pdf, sans traduction)
lire l'article de La Prensa sur les déclarations de Diego Maradona


(1) Ce surnom est une combinaison entre son numéro de dossard au sein de la sélection nationale, le n°10, et sa célèbre phrase sur le but marqué de la main au Mexique contre les Anglais juste après la guerre des Malouines et le coulage du sous-marin Belgrano, qui vient après tant et tant de contentieux entre l'Argentine populaire et la puissance néo-coloniale britannique en Amérique du Sud : "Fue la mano de Dios" (c'était la main de Dieu).
(2) Ceux de mes lecteurs qui achèteront Contes animaliers d'Argentine, à paraître aux Editions du Jasmin à la fin juin, verront que ce type d'humour, qui s'appuie sur le sacré sans commettre ni blasphème ni sacrilège, est bien ancré dans la culture argentine. En témoigne le conte intitulé Le baptême du perroquet (de la Province de Santiago del Esterro) : c'est dans la même veine !
(3) Voir également les letras de tango sur Maradona dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, que j'ai publié chez Tarabuste Editions (comme numéro spécial 2010 de la revue Triages). Tarabuste aura son stand comme tous les ans au Marché de la Poésie à Paris, du 11 au 14 juin 2015, et dispose d'une boutique en ligne dont le lien est en permanence dans la Colonne de droite de ce blog.
(4) Voir à ce propos mes deux articles sur le sujet : celui du 26 juin 2014 alors que l'Uruguay était suspendu à la décision de la FIFA et celui du 27 juin 2014, au lendemain de la sanction, quand toute la presse nationale soutenait le joueur exclu à ses yeux injustement...