lundi 25 mai 2015

Le sabre de San Martín est désormais au Sud [Actu]

La présidente posant l'arme dans la vitrine
Photo Casa Rosada dans sa résolution maximale
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Grande cérémonie hier que cette parade qui s'est déroulée pendant près de trois heures du nord au sud de la ville de Buenos Aires : entouré de l'Escorte présidentielle à cheval en grande tenue d'apparat, à bord d'un command-car, le sabre du général San Martín a été conduit depuis la caserne des Grenadiers à cheval, dans les hauts de Palermo, où il était exposé depuis près de 50 ans, jusqu'au Museo Histórico Nacional, dans le sud de San Telmo, où la Présidente Cristina de Kirchner l'attendait pour le déposer elle-même, avec gravité et élégance, dans la vitrine préparée pour lui dans le musée récemment redessiné.

L'illustre relique du Padre de la Patria a fait halte au monument des soldats tombés aux Malouines en 1982, situé en contrebas de la Plaza San Martín, au pied de la barranca de Retiro, puis à la cathédrale, sur Plaza de Mayo, où l'archevêque de Buenos Aires, le cardinal Mario Poli, lui a donné la bénédiction.

Contrairement à ce que je craignais vendredi, Cristina de Kirchner n'en a pas fait une occasion de campagne. Elle n'a pas prononcé de discours et je dois avouer, pour avoir déjà regardé quelques passages vidéo, qu'elle s'est montrée d'une grande dignité, comme dans ses meilleurs jours (son comportement ordinaires dans ces moments institutionnels).

Le communiqué officiel de la Casa Rosada est d'ailleurs d'une grande sobriété et il faut bien lui rendre cette justice.

La presse d'opposition, Clarín en tête, interprète beaucoup de choses en mauvaise part, y compris (c'est démontant) le fait que la cérémonie ait été tout du long retransmise en direct par la télévision publique. Il me manquerait plus que ça ne le soit pas si cette arme est un patrimoine national et symbolise une personne en qui la mémoire populaire reconnaît le Père de la Patrie. Tout ça parce que l'opposition confond l'institution qu'est la télévision avec un parti politique (même si on peut critiquer encore aujourd'hui la ligne politique de la rédaction de l'audiovisuel public, toujours assez peu pluraliste, mais il le serait tout aussi peu sous un gouvernement radical ou libéral. Il n'y a qu'à écouter les radios publiques de Buenos Aires pour reconnaître très vite la ligne politique du PRO tout au long de la journée). Dans tous les cas de figure, l'opposition semble prendre très mal la mobilisation générale que ces fêtes nationales suscitent (à Buenos Aires, les foules ont été impressionnantes tout au long du week-end dans les différentes manifestations) et les sondages qui donnent actuellement le courant kirchneriste vainqueur des élections nationales prévues en octobre. Après tous les efforts que l'opposition a faits depuis janvier autour de l'affaire Nisman pour discréditer le gouvernement actuel, pour eux c'est rageant ! (1)

La Présidente suit le sabre porté par un grenadier et accompagné par une grenadière
(c'est assez difficile d'apercevoir des femmes dans ce régiment)
On se trouve dans l'entée de la salle consacrée à San Martín au MHN
Sur le mur, un portrait réalisé à partir du daguérotype de 1848
sur le côté au fond, la porte originale de la maison de Boulogne-sur-Mer, aujourd'hui musée argentine
au fond, la reconstitution de la chambre de San Martín à Boulogne-sur-Mer
avec les meubles originaux donnés au MHN par la petite-fille du général.
Photo Casa Rosada
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Ceux que ce sabre et tout le cérémonial qu'il suscite interrogent trouveront dans mes deux livres sur San Martín la réponse à leur question avec l'histoire de cette arme et de la valeur symbolique que son propriétaire le premier lui a donnée, ainsi que l'histoire du Régiment des Grenadiers à cheval. Ce qui vous permettra d'apprécier à son juste prix la participation de cette unité d'élite dans les célébrations de ces jours-ci.
deux ouvrages que j'aurai l'honneur en août de présenter à nouveau tant à Buenos Aires qu'à Mendoza (je vous tiendrai au courant le moment venu).

Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín (qui vomit la haine)
lire l'article de La Nación, comme d'habitude plus objectif maintenant qu'il y a quelques années encore
lire la dépêche de Télam sur le transfert en tant que tel
lire la dépêche de Télam sur la bénédiction à la cathédrale
lire l'interview par Télam de l'artisan qui a réalisé la copie du sabre qui trônera désormais dans la vitrine du Museo del Regimiento de Granaderos a Caballo (MRGC)
lire le communiqué de la Casa Rosada. Vous pouvez accéder par ce biais aux photos (dont une est vraiment sympa, quand la présidente salue militairement en bambin tout fier d'être déguisé en grenadier à cheval) et aux reportages vidéos officiels



(1) Il faut dire aussi que l'affaire était vraiment mal embranchée et que tant la presse que les partis ont choisi le mauvais cheval pour cette opération qui est peut-être en train de se retourner contre eux tant le procureur décédé et sa famille sont maintenant englués dans des affaires de corruption honteuses et déshonorantes. Voir à ce sujet l'ensemble de mes articles.