A
partir d'aujourd'hui et jusqu'à samedi, au CC Kirchner, à Palermo
et à Barracas, se tient un festival de danse très particulier :
les danseurs y sont handicapés moteur.
Ateliers,
conférences, tables-rondes, documentaires, happenings et spectacles
sont ouverts à tout le public et les activités sont gratuites.
Qui
plus est, la manifestation revêt un caractère international grâce
à la participation de compagnies spécialisées venues des
Etats-Unis, de la Colombie, du Venezuela et de l'Uruguay et
plusieurs compagnies nationales de ballet qui souhaitent pouvoir
partager leurs expériences avec ces danseurs hors du commun.
La
manifestation dispose d'une page Facebook qu'en ma qualité de membre
du Conseil International de la Danse à l'UNESCO, je vous invite
instamment à aller visiter.
Página/12,
toujours très sensible au thème de l'intégration des handicapés
au reste de la société, apporte son soutien en faisant de
l'interview de la directrice de cette Rencontre, Mariana Chilutti, la
une de ses pages culturelles du jour.
Pour une fois et eu égard au caractère exceptionnel de cette
manifestation, je prends l'initiative de la traduire intégralement,
ce qui ne vous empêche nullement d'aller directement sur le site du
journal pour la lire in extenso dans la langue originale.
–¿Cuál
es el estado de situación de la danza que busca la integración en
Argentina?
–En
danza que contempla las personas con discapacidad por suerte hay
varios proyectos. En la Universidad Nacional de las Artes, por
ejemplo, hay un proyecto de danza integradora que tiene una
antigüedad de más de 12 años, muy interesante. Hay en Neuquén.
Está viniendo gente de San Juan, de Bariloche. Hay como cuatro o
cinco compañías que vienen al Encuentro. Creo que estamos en una
situación en que se está empezando a construir y plantar bandera.
Todos tienen raíces como para brotar y florecer.
Página/12
- Quelle
est la situation de la danse qui recherche l'intégration en
Argentine ?
- En
matière de danse qui envisage les personnes en situation de
handicap, heureusement, il y a plusieurs chantiers. A l'Université
Nationale des Arts, par exemple, il y a un très intéressant
chantier de danse ouvert aux handicapés ouverte depuis déjà plus
de 12 ans. Il y en a aussi à Neuquén. Il y a des gens qui viennent
de San Juan, de Bariloche. Il y a quatre ou cinq compagnies qui
viennent à la Rencontre. Je crois que nous sommes dans la situation
où l'on commence à construire et à planter le drapeau. Tous les
chantiers sont assez enracinés pour bourgeonner et fleurir.
(Traduction
©
Denise
Anne Clavilier)
–¿Tienen
conflictos y obstáculos comunes?
–Los
obstáculos aparecen más cuando uno empieza a articular hacia el
afuera, porque el que se acerca ya tiene parte del camino recorrido.
Ya el solo hecho de acercarte, te da la posibilidad de haber dicho
“esto existe, esto sucede”. Los obstáculos son a trabajar:
inaccesibilidad de todos los espacios culturales. Pensar un espacio
para personas con discapacidad casi no existe. Los hay, pero no son
la mayoría. Los traslados, los tiempos, los costos que manejamos. Es
mucho.
Página/12
- Rencontrent-ils
des tensions et des obstacles en commun ?
- C'est
quand on commence à projeter les choses vers l'extérieur que les
obstacles apparaissent parce que celui qui vient y voir a déjà
parcouru une partie du chemin. Le seul fait d'aller voir te donne la
possibilité de dire Cela existe. Les obstacles sont à travailler :
inaccessibilité de tous les espaces culturels. Penser un espace pour
les personnes atteintes de handicap, ça n'existe presque pas. Il y
en a mais ce ne sont pas la majorité. Les transferts, les heures
passées, les coûts que nous gérons, ce n'est pas rien !
(Traduction
©
Denise
Anne Clavilier)
–¿Cómo
trabajan las compañías la puesta de estas obras?
–Supongo
que igual que cualquier otra experiencia artística. En la compañía
Danza sin Fronteras, trabajamos desde lo sensorial, desde la
necesidad de cada persona y el encuentro con el otro. Con técnicas
de autoconocimiento, con improvisación. Me parece que el hecho
artístico surge desde lo humano. Está muy naturalizado en nosotros
este hacer.
Página/12
- Comment
les compagnies travaillent-elles la réalisation de ces œuvres ?
- Comme
n'importe quelle autre expérience artistique, je suppose. Dans la
compagnie Danza sin Fronteras, nous travaillons à partir des sens,
du besoin de chaque personne et la rencontre avec l'autre. Avec des
techniques de connaissance de soir, avec l'improvisation. Il me
semble que le fait artistique surgit de l'humain. Cette façon de
faire est maintenant devenu très naturel chez nous.
(Traduction
©
Denise
Anne Clavilier)
–Antes
hablaba de obstáculos de infraestructura, ¿los hay también desde
lo artístico?
–Para
los bailarines que no tienen ninguna discapacidad, el primer
obstáculo es el ¿qué hago? Al comienzo se plantean que van a
ayudar a otro con una discapacidad, pero todos devuelven que fueron
más contenidos, más ayudados por las personas con discapacidad que
ellos hacia los otros.
Página/12
- Vous
avez parlé d'obstacles d'infrastructure. Y en a-t-il aussi dans le
domaine artistique ?
- Pour
les danseurs qui n'ont aucun handicap, le premier obstacle, c'est
Qu'est-ce que je fais ? Au début, ils se disent qu'ils vont
aider l'autre qui est en situation de handicap mais tous révèlent
qu'ils ont été plus soutenus, plus assistés par les personnes en
situation de handicap que eux n'ont aidé les autres.
(Traduction
©
Denise
Anne Clavilier)
–¿Por
qué pasa eso?
–Porque
uno se cree que es un ser completo. Por toda una concepción de la
modernidad, que si tenés brazos, piernas, respondés a la norma
perfectamente, sos un ser completo. Y no te das cuenta de la gran o
pequeña discapacidad que quizás tenés en otras áreas, que tenemos
todos como desafíos. Hay discapacidades emocionales, sociales.
Entonces vos, que te ves como un ser completo, te encontrás con una
persona en silla de ruedas y pensás “¿cómo lo ayudo?”. ¿Pero
por qué no es que podemos ayudarnos mutuamente?
Página/12
- Pourquoi
cela se passe-t-il ainsi ?
- Parce
qu'on croit être quelqu'un de complet. A cause de toute une
conception de la modernité, que si tu as des bras, des jambes, tu
réponds parfaitement à la norme, tu es quelqu'un de complet. ET tu
ne te rends pas compte du handicap, petit ou grand, que tu as
peut-être dans d'autres domaines, qui sont des défis pour nous
tous. Il y a des handicaps émotionnels, sociaux. Alors toi, qui te
vois comme quelqu'un de complet, tu te trouves face à une personne
en chaise roulante et tu penses : comme l'aider ? Mais
pourquoi ne pourrions-nous pas nous aider mutuellement ?
(Traduction
©
Denise
Anne Clavilier)
–El
programa del Encuentro está recorrido por la idea de sanación, no
física sino emocional.
–Sí,
claro. Es una sanación que tiene que ver con reconocernos humanos y
acercarnos a cada acción desde la amorosidad. Por ahí pasa. Un
abrazo o una mirada a los ojos de otra persona te ayudan tanto, dan
tanta fortaleza. Y uno no se detiene en la mirada del otro.
Página/12
- Le
programme de la Rencontre est parcouru par l'idée de guérison, non
pas physique mais émotionnelle ?
- Oui,
c'est sûr ! C'est une guérison qui a quelque chose à voir
avec le fait de nous reconnaître humains et aller vers chaque action
depuis l'amour. Cela passe par là. Une étreinte ou un regard dazns
les yeux de l'autre personne, cela t'aide tellement, cela te donne
une telle force. Et on se s'arrête pas dans le regard de l'autre.
(Traduction
©
Denise
Anne Clavilier)
–¿Qué
aspiran a generar en el público?
–Queremos
transmitir la naturalización con que vivimos cada situación.
Sabemos que la gente cuando ve un espectáculo pasa por una situación
humana, pero no natural. Es mucha emoción, se desborda. No todos,
pero la gran mayoría sale totalmente conmovido. Te sorprende cuando
es algo sumamente natural. Entonces poder naturalizar estas prácticas
en lo cotidiano sería maravilloso.
Página/12
- Qu'est-ce
que vous souhaitez provoquer chez le public ?
- Nous
voulons transmettre le naturel avec lequel nous vivons chaque
situation. Nous savons que les gens, quand ils voient un spectacle,
passent par une situation humaine mais qui n'est pas naturelle. C'est
beaucoup d'émotion, ça nous déborde. Pas tous, mais la grande
majorité s'en trouve émue de la tête aux pieds. Cela te surprend
quand c'est quelque chose d'éminemment naturel. Alors pourvoir
rendre naturelles ces pratiques dans la vie quotidienne, ce serait
merveilleux.
(Traduction
©
Denise
Anne Clavilier)
–El
Encuentro es latinoamericano, ¿cómo está el sector en el resto del
continente?
–Por
lo que pude ver, hay muchos países con mucha ayuda a nivel
gubernamental. De hecho creo que todos consiguieron los pasajes por
esa vía. No sé si se pueden solventar con funciones, me parece que
no. Pero forma parte de la complejidad latinoamericana, de las
dificultades, pero también del resurgimiento, del decir “sí,
puedo”. Uno repasa y vienen venezolanos, colombianos, uruguayos,
norteamericanos. Mirá todo lo que hay. En el arte se mira mucho el
Viejo Continente, ¿no? Pero nosotros somos, estamos siendo, hemos
sido mutilados, pero no dejamos nunca de ser quienes somos, con
nuestras raíces. Poder reflotar eso, ver el potencial que hay en
Latinoamérica, es buenísimo. Igual creo que es algo que te voy a
poder responder mejor el 27 de septiembre, después de que termine el
Encuentro.
Página/12
- Cette
rencontre est une rencontre latino-américaine. Comment se trouve le
secteur dans le reste du continent ?
- Pour
que ce que j'ai pu en voir, il y a beaucoup de pays où il y a
beaucoup d'aide au niveau de l'Etat. De fait, je crois que tout le
monde a obtenu son billet d'avion par ce moyen. Je ne sais pas s'ils
peuvent se rendre solvables avec les spectacles, il me semble que
non. Mais ça fait partie de la complexité latino-américaine, des
difficultés mais aussi de la renaissance, de pouvoir dire Oui, je
peux. On prend le temps de regarder tout ça et les Vénézuéliens, les
Colombiens, les Uruguayens et les Nord-Américains se pointent.
Regarde un peu tout ce qu'il y a. En art, on regarde beaucoup vers le
Vieux Continent, non ? Mais nous sommes nous-mêmes, nous sommes
en train d'être nous-mêmes, nous avons été mutilés mais nous ne
cessons jamais d'être ceux que nous sommes, avec nos racines.
Pouvoir remettre le navire à flot, voir le potentiel qu'il y a en
Amérique latine, c'est très très bien. Et je crois aussi que c'est
quelque chose à quoi je pourrais te répondre mieux le 27 septembre,
après la fin de la Rencontre.
(Traduction
©Denise
Anne Clavilier)
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