Le cinéaste Sergio
Wolf, auquel nous devons déjà No se que me han hecho tus ojos,
sorti en 2003, l'année suivant le décès de Ada Falcón, nous
offrira demain un second documentaire sur la chanteuse, qui fut
pendant plusieurs années la muse et la maîtresse de Francisco
Canaro, qui se retira de toute vie publique en pleine gloire, en
1942, pour entrer dans une communauté de tertiaires franciscaines.
Cette vie tumultueuse et cette retraite, qui rappelle un roman du
XVIIIème
siècle, ont fait couler beaucoup d'encre et semblent intriguer le
réalisateur qui ne cesse de se pencher sur le destin de cette grande
artiste, aujourd'hui quelque peu oubliée.
Dans son premier film, il
interrogeait la carrière et la personnalité de l'artiste qu'il
avait rencontrée pour les besoins de son film. Dans celui-ci, il
s'efforce de reconstituer les confidences qu'elle lui fit pendant
l'une de ces rencontres, dont il lui reste un bout de rush muet qu'il
étudie sous toutes les coutures...
Ada Falcón et Sergio Wolf dans les années 2000 Photo extraite du film |
Le film a été présenté
au début de l'année au BACIFI, l'une des semaines du cinéma à
Buenos Aires. El Espectador Imaginario en a fait une critique en son
temps et ce matin, La Nación invite ses lecteurs à aller demain
découvrir ce film et publie pour l'occasion une interview du
cinéaste.
Ada Falcón avait commencé
sa carrière de chanteuse à 4 ans dans la Société de Saint Vincent
de Paul à Buenos Aires, dans le milieu très pieu qui était celui
de sa mère. Elle était la petite dernière d'une fratrie de trois
sœurs, toutes trois musiciennes de talent. Par son père, elle
appartenait à une illustre famille de Buenos Aires, celle des
Anchorena, qui avait donné à l'Argentine l'un des députés
constituants qui déclarèrent l'indépendance du pays, à Tucumán,
il y a deux cents ans. Son père, qui avait enlevé sa mère et lui
avait fait cet enfant, la quitta avant la naissance du bébé, pour
se faire soigner en France (il souffrait d'un cancer).
En 1942, raconta-t-elle
plus tard à un journaliste qui l'avait découverte dans sa retraite
religieuse, elle avait eu une vision du Seigneur qui l'avait décidée
à tout abandonner pour le suivre. Avant de quitter le monde pour le
couvent, elle enregistra une dernière chanson, la valse de Francisco
Canaro et Ivo Pelay, Viviré con tu recuerdo (je vivrai en me
souvenant de toi), qui donne son nom à ce documentaire. Elle avait
passé les vingt dernières années de sa vie à supplier Dieu de la
prendre avec lui...
Ada Falcón était née le
17 août 1905 et elle a rendu l'âme le 4 janvier 2002.
Pour aller plus loin :
consulter la fiche du film
dans l'encyclopédie Cine Nacional
écouter la valse Viviré en tu recuerdo sur Todo Tango
consulter les pages consacrées à Ada Falcón dans Todo Tango.