jeudi 13 octobre 2016

Affaire Viroche : des imposteurs s'en mêlent [Actu]

Cliquez sur l'image pour obtenir une haute résolution

L'affaire Juan Viroche est cette instruction en cours depuis une semaine au sujet de la mort suspecte d'un prêtre de l'archidiocèse de Tucumán. Tandis que le procureur qui dirige l'enquête suit toutes les pistes, y compris celles de l'homicide qui n'est pas la plus apparente, un parlementaire, Gustavo Vera, qui se présente toujours à la presse comme porte-parole officieux du Pape François (1), et un avocat, sont arrivés dans la province où ils ont rencontré les autorités politiques et judiciaires. Les deux hommes ont prétendu être mandatés par la nonciature de Buenos Aires et l'avocat a même obtenu d'être entendu par le juge auquel il a déclaré sa conviction que la mort de Juan Viroche était un assassinat.

Monseigneur Zecca, l'archevêque de Tucumán, a donc consulté le nonce, qui est son relais institutionnel auprès du Pape, son supérieur immédiat (comme pour tous les évêques catholiques du monde entier). Le nonce a appelé Rome pour savoir si François avait délégué ces gens, dont il est bien placé pour savoir qu'il ne les avait chargé d'aucune mission. Et Monseigneur Zecca a par la suite émis un communiqué officiel pour dénoncer la supercherie des deux individus, qui ne sont pourtant pas de simples escrocs à la petite semaine, puisque l'un d'entre eux est un parlementaire national et l'autre un auxiliaire de justice de haut niveau.

Les deux hommes ont aussitôt changé leur discours : ils ne seraient plus les représentants du Nonce mais bel et bien ceux, personnels, du Pape. Et qu'est-ce que le Souverain Pontife viendrait faire dans cette histoire, même à titre privé ? Juan Viroche ne lui était rien. Si le défunt avait eu un lien quelconque avec l'ancien archevêque de Buenos Aires, vous imaginez bien que la chose serait déjà connue et aurait été surexploitée tant par la presse que par la paroisse et peut-être même par la famille.

L'incident invraisemblable ne s'explique peut-être que par le désir de ces deux hommes de se faire un peu de publicité malgré le caractère tragique de l'affaire, au prix d'un billet d'avion et d'un petit voyage dans le très beau nord-ouest argentin ! Il faudrait d'ailleurs savoir avec quel argent ils ont financé ce déplacement entre Buenos Aires et Tucumán. Argent privé personnel ou argent public (crédits parlementaires par exemple).

Peut-être l'incident est-il un symptôme de quelque chose qui fait que cette mort ne se réduirait pas à un suicide induit par la peur d'un curé de campagne devant la perspective d'un scandale de mœurs dans son petit village...

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Gaceta de Tucumán sur les avancées de l'enquête et cette mauvaise plaisanterie
lire la dépêche de l'agence de presse catholique AICA qui relaie le démenti de Monseigneur Zecca, archevêque de Tucumán, supérieur (ordinaire dit-on dans l'Eglise) du père Viroche.

Ajouts du 14 octobre 2016 :
La Gaceta de Tucumán, en une, jette de l'huile sur le feu en rapportant des témoignages d'une femme qui se présente comme l'une des trois maîtresses du prêtre décédé (il n'en avait que deux jusqu'à présent) et en mentionnant les deux tristes sires d'avant-hier comme des porte-paroles de François (ce qu'ils ne sont pas).
Clarín y fait échho complaisamment dans cet article de son édition du 14 octobre.



(1) qui ne l'a jamais démenti nominativement mais a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'avait aucun autre porte-parole que la salle de presse du Saint-Siège. Gustavo Vera n'est donc pas porteur de messages du Saint Père vis-à-vis du public argentin comme il aime le faire croire à chaque occasion qui se présente à lui.