Le Père Juan Viroche, tel que l'archidiocèse de San Mugiel de Tucumán a voulu qu'on se souvienne de lui |
Hier, on a retrouvé pendu
dans une dépendance paroissiale un prêtre du archidiocèse de
Tucumán connu pour sa lutte acharnée contre les réseaux de trafic
de drogue. Il s'appelait Juan Viroche, il avait quarante-six ans, il
était très aimé de ses paroissiens. Comme aucun signe de lutte n'a
pu être relevé sur le corps ni dans la pièce qui était fermée de
l'intérieur, le procureur général de la province penche pour un
suicide. L'hypothèse d'un cambriolage qui aurait mal tourné semble
devoir être écarté puisque dans la pièce, on a retrouvé un sac
plein d'argent et de bijoux.
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Néanmoins des rumeurs
suspectes commencent d'ores et déjà à se répandre et la presse
locale s'en fait l'écho : l'enquête s'orienterait vers une
affaire de mœurs ou de cœur qui aurait induit le prêtre à mettre
fin à ses jours. C'est ainsi qu'on interprète le fait qu'une femme,
dont l'identité n'a pas été révélé, s'est présentée à la
police après la découverte du drame. Le genre de dérive assez
habituel dans les enquêtes judiciaires puisqu'il fait bien l'affaire
de trafiquants qui auraient mis à exécution leurs menaces de mort
et habilement maquillé leur crime (1). Il y a peu, Juan Viroche
avait demandé à son évêque d'être muté sur une autre paroisse
car il avait peur des menaces de mort dont il faisait l'objet.
Il faudra suivre d'assez
près cette instruction puisque le gouvernement national a fait de la
lutte contre le trafic de drogue un axe essentiel de son programme
politique. Ce n'est pas un très bon signe que le procureur général
de la province s'emballe tout de suite sur un suicide, même si la
magistrature provinciale n'est pas celle qui relève de la Nation.
L'Osservatore Romano d'aujourd'hui, daté du 7 octobre 2016 (quotidien du soir) page 2 |
Le prêtre est enterré
aujourd'hui, après que le corps a été rendu par les services de
médecine légale. La messe d'obsèques est présidée par
l'archevêque, Monseigneur Alfredo Zecca, dans une chapelle de la
paroisse dont le défunt était le curé.
L'édition d'aujourd'hui
de La Gaceta de Tucumán est pleine de cette terrible affaire, qui se
répercute aussi dans la presse nationale.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín
lire la dépêche de Télam
lire l'article de La Gaceta reprenant les propos d'un ami du prêtre assassiné
lire l'article de La Gaceta reprenant les propos de la tante du prêtre, qui tâche de
défendre la mémoire de son neveu, menacée d'être salie par des
rumeurs nauséabondes.
On peut aussi lire
l'article en français du service de presse du Vatican ainsi que sa version en espagnol (pour l'occasion, c'est exactement le même texte
dans les deux langues).
Enfin, on peut consulter
le site Internet de l'archidiocèse de San Miguel de Tucumán, où
l'archevêque a publié une lettre pastorale poignante.
Ajouts du 7 octobre 2016 :
lire l'article de La Nación sur l'enquête qui s'oriente résolument vers la théorie du suicide et des affaires de cœur multiples
lire l'article de La Prensa, qui relate l'atmosphère polémique qui a présidé aux obsèques, avec des critiques très sévères des fidèles envers l'archevêque de Tucumán
lire l'article de Clarín qui rend compte de la colère des paroissiens de Nuestra Señora del Carmen, devant l'hypothèse du suicide et du scandale de mœurs
lire l'article de La Gaceta, qui est plus précis sur les rumeurs de double vie. La Gaceta de Tucumán présente cinq articles sur l'affaire dans son édition du lendemain des obsèques très suivies par la population locale. A la lecture du quotidien provincial, on sent un emballement médiatique grandissant avec de nombreuses personnes qui cherchent à profiter de la tragédie pour prendre la lumière, comme le père Gustavo Vera (de Buenos Aires) qui continue à se présente ou à être présenté comme un porte-parole ou un homme de confiance du Pape, quand François a déjà fait savoir à de multiples reprises qu'il n'avait qu'un seul porte-parole, le chef du service de presse du Vatican.
Ajouts du 8 octobre 2016 :
lire l'article de Página/12 sur l'enquête qui consolide l'hypothèse d'un suicide dû à l'éminence d'un ou plusieurs scandales de mœurs. Il est maintenant manifeste que le prêtre ne s'était jamais manifesté auprès des autorités policières et judiciaires contre le trafic de drogue qu'il dénonçait dans ses prises de position pastorales. C'eût été la moindre des précautions à prendre pour lutter un tant soit peu efficacement contre ce fléau.
lire l'article de La Nación
lire l'article de Clarín
lire l'entrefilet de La Prensa
Néanmoins par acquis de conscience et par égard pour les catholiques locaux qui ne peuvent se résoudre à la version du suicide, le procureur en charge de l'instruction veut continuer d'explorer l'hypothèse de l'homicide.
lire l'article de La Gaceta de Tucumán
La Gaceta de Tucumán propose aussi sur son site Web les déclarations du procureur à la presse. Ce montage vidéo d'un peu plus de six minutes montre aussi des images troublantes : sur une scène du crime non sécurisée des hommes en tenue de ville vont et viennent autour d'une tâche de sang, dans un manque de rigueur procédurale évident. Encore une fois, comme dans le cas de la mort du procureur Alberto Nisman à Buenos Aires en janvier 2015, les experts, les policiers et les magistrats provinciaux travaillent dans des conditions techniques plus que médiocres.
Ajouts du 7 octobre 2016 :
lire l'article de La Nación sur l'enquête qui s'oriente résolument vers la théorie du suicide et des affaires de cœur multiples
lire l'article de La Prensa, qui relate l'atmosphère polémique qui a présidé aux obsèques, avec des critiques très sévères des fidèles envers l'archevêque de Tucumán
lire l'article de Clarín qui rend compte de la colère des paroissiens de Nuestra Señora del Carmen, devant l'hypothèse du suicide et du scandale de mœurs
lire l'article de La Gaceta, qui est plus précis sur les rumeurs de double vie. La Gaceta de Tucumán présente cinq articles sur l'affaire dans son édition du lendemain des obsèques très suivies par la population locale. A la lecture du quotidien provincial, on sent un emballement médiatique grandissant avec de nombreuses personnes qui cherchent à profiter de la tragédie pour prendre la lumière, comme le père Gustavo Vera (de Buenos Aires) qui continue à se présente ou à être présenté comme un porte-parole ou un homme de confiance du Pape, quand François a déjà fait savoir à de multiples reprises qu'il n'avait qu'un seul porte-parole, le chef du service de presse du Vatican.
Ajouts du 8 octobre 2016 :
lire l'article de Página/12 sur l'enquête qui consolide l'hypothèse d'un suicide dû à l'éminence d'un ou plusieurs scandales de mœurs. Il est maintenant manifeste que le prêtre ne s'était jamais manifesté auprès des autorités policières et judiciaires contre le trafic de drogue qu'il dénonçait dans ses prises de position pastorales. C'eût été la moindre des précautions à prendre pour lutter un tant soit peu efficacement contre ce fléau.
lire l'article de La Nación
lire l'article de Clarín
lire l'entrefilet de La Prensa
Néanmoins par acquis de conscience et par égard pour les catholiques locaux qui ne peuvent se résoudre à la version du suicide, le procureur en charge de l'instruction veut continuer d'explorer l'hypothèse de l'homicide.
lire l'article de La Gaceta de Tucumán
La Gaceta de Tucumán propose aussi sur son site Web les déclarations du procureur à la presse. Ce montage vidéo d'un peu plus de six minutes montre aussi des images troublantes : sur une scène du crime non sécurisée des hommes en tenue de ville vont et viennent autour d'une tâche de sang, dans un manque de rigueur procédurale évident. Encore une fois, comme dans le cas de la mort du procureur Alberto Nisman à Buenos Aires en janvier 2015, les experts, les policiers et les magistrats provinciaux travaillent dans des conditions techniques plus que médiocres.
(1) Il serait étrange
qu'un homme assez lâche pour mener une double vie, en respectant en
public le célibat consacré tout en entretenant en cachette une
liaison sentimentale, se lance dans une lutte aussi courageuse que la
lutte contre le trafic de drogue. On sait très bien que ces
trafiquants ne reculent devant rien pour protéger leurs sources de
revenu, qu'ils vont jusqu'au meurtre, sans aucun scrupule et contre
n'importe qui, homme, femme ou enfant, jeune ou vieux, civil,
militaire, laïc ou religieux...