Cet
enfant avait 5 ans. Il s'appelait Valentino. A la suite d'un
accident, il avait besoin d'une machine pour vivre à cause d'une
défaillance cérébrale. Sa mère devait soixante-mille pesos à la
société distributrice d'électricité Edesur qui a coupé le
courant dans la maison pendant toute une journée, lundi dernier,
sous prétexte que la cliente ne payait pas ses factures. L'enfant
est mort après 14 heures sans assistance.
La
mère avait averti Edesur de la situation particulière de son fils.
L'entreprise, bien connue en Argentine pour son manque d'empathie
sociale et sa voracité financière, prétend qu'elle n'était pas
informée.
Il
existe une loi en Argentine qui obligent les fournisseurs d'énergie
à alimenter gratuitement les foyers où habitent des personnes dont
la vie dépend d'une assistance mécanique électrique et à leur
fournir gratuitement un groupe électrogène en cas de panne de
secteur. Le ministère de la Santé refuse de mener la campagne
d'information du public et des secteurs professionnels concernés
prévue pourtant dans la loi elle-même, en avançant le manque de
budget, à cause de la politique de rigueur qu'a déclenché le
gouvernement, sous prétexte de conduire l'Argentine au bonheur et au
développement.
Le
récit que fait cette femme de ses démarches pour faire rétablir le
courant chez elle lundi dernier est consternant : d'après ses
dires, le courant a été coupé entre 7h du matin et 22h le soir.
Elle a appelé Edesur qui lui a conseillé de patienter. Elle est
allée demander du secours dans la rue à une équipe qui travaillait
au coin de chez elle. On lui a dit la même chose. Le petit n'a pas
pu être pris en charge par un hôpital à cause du risque de
surinfection (c'est la grande époque des bronchiolites et autres
maladies respiratoires en ce début d'hiver très rude) et parce
qu'il n'y avait pas d'ambulance équipés de distributeur d'oxygène
disponible. Il fallait attendre plusieurs heures pour que l'une
d'entre elles arrivent tant leur nombre est insuffisant. Quant à
l'attitude d'Edesur avant la tragédie, le manque d'empathie humaine
dont ont fait preuve les salariés de l'entreprise selon le récit de
la tante de l'enfant est scandaleux d'inhumanité.
Le
corps de l'enfant a été enlevé à la famille après sa mort, pour
une autopsie. On ne le lui a rendu que samedi dernier dans un pays où
la coutume est d'inhumer dans les vingt-quatre heures suivant le
décès !
Clarín
et Página/12, qui sont de deux bords politiques opposés, racontent
ce matin cette même épouvantable histoire, alors que le pays vit
une grève générale, très suivie, avec laquelle les syndicats
entendent protester contre la politique de hausses tarifaires mise en
place par le gouvernement depuis deux ans et demi. Le gouvernement
prétend procéder de manière progressive mais la réalité sociale
est que la majorité des gens ne peuvent pas suivre et que c'est la
pauvreté qui progresse dans le pays. L'association argentine des
dépendants de l'électricité a pris fait et cause pour cette
famille
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín
lire
les communiqués de l'association argentine des électro-dépendants,
qui est sur Facebook.
Ajout du 26 juin 2018 :
lire l'article de La Nación
Ajout du 26 juin 2018 :
lire l'article de La Nación