lundi 25 juin 2018

Quand les hausses de prix démentielles causent la mort d'un enfant [Actu]


Cet enfant avait 5 ans. Il s'appelait Valentino. A la suite d'un accident, il avait besoin d'une machine pour vivre à cause d'une défaillance cérébrale. Sa mère devait soixante-mille pesos à la société distributrice d'électricité Edesur qui a coupé le courant dans la maison pendant toute une journée, lundi dernier, sous prétexte que la cliente ne payait pas ses factures. L'enfant est mort après 14 heures sans assistance.

La mère avait averti Edesur de la situation particulière de son fils. L'entreprise, bien connue en Argentine pour son manque d'empathie sociale et sa voracité financière, prétend qu'elle n'était pas informée.

Il existe une loi en Argentine qui obligent les fournisseurs d'énergie à alimenter gratuitement les foyers où habitent des personnes dont la vie dépend d'une assistance mécanique électrique et à leur fournir gratuitement un groupe électrogène en cas de panne de secteur. Le ministère de la Santé refuse de mener la campagne d'information du public et des secteurs professionnels concernés prévue pourtant dans la loi elle-même, en avançant le manque de budget, à cause de la politique de rigueur qu'a déclenché le gouvernement, sous prétexte de conduire l'Argentine au bonheur et au développement.

Le récit que fait cette femme de ses démarches pour faire rétablir le courant chez elle lundi dernier est consternant : d'après ses dires, le courant a été coupé entre 7h du matin et 22h le soir. Elle a appelé Edesur qui lui a conseillé de patienter. Elle est allée demander du secours dans la rue à une équipe qui travaillait au coin de chez elle. On lui a dit la même chose. Le petit n'a pas pu être pris en charge par un hôpital à cause du risque de surinfection (c'est la grande époque des bronchiolites et autres maladies respiratoires en ce début d'hiver très rude) et parce qu'il n'y avait pas d'ambulance équipés de distributeur d'oxygène disponible. Il fallait attendre plusieurs heures pour que l'une d'entre elles arrivent tant leur nombre est insuffisant. Quant à l'attitude d'Edesur avant la tragédie, le manque d'empathie humaine dont ont fait preuve les salariés de l'entreprise selon le récit de la tante de l'enfant est scandaleux d'inhumanité.

Le corps de l'enfant a été enlevé à la famille après sa mort, pour une autopsie. On ne le lui a rendu que samedi dernier dans un pays où la coutume est d'inhumer dans les vingt-quatre heures suivant le décès !

Clarín et Página/12, qui sont de deux bords politiques opposés, racontent ce matin cette même épouvantable histoire, alors que le pays vit une grève générale, très suivie, avec laquelle les syndicats entendent protester contre la politique de hausses tarifaires mise en place par le gouvernement depuis deux ans et demi. Le gouvernement prétend procéder de manière progressive mais la réalité sociale est que la majorité des gens ne peuvent pas suivre et que c'est la pauvreté qui progresse dans le pays. L'association argentine des dépendants de l'électricité a pris fait et cause pour cette famille

Pour aller plus loin :
lire les communiqués de l'association argentine des électro-dépendants, qui est sur Facebook.

Ajout du 26 juin 2018 :
lire l'article de La Nación