Profitant
de la victoire de l'équipe nationale à Saint-Pétersbourg, le
ministère des Contenus et Média publics (Hernán Lombardi) vient de
mettre en œuvre et accessoirement d'annoncer une mesure collective
de licenciement au sein de l'agence de presse nationale Télam :
354 salariés viennent de perdre leur travail du jour au lendemain,
avertis par un simple télégramme, comme d'habitude depuis que ce
gouvernement a pris les commandes du pays.
Le télégramme standard et légal dit à l'intéressé qu'il cesse de faire partie des effectifs à partir de ce jour (día de la fecha), que son dernier salaire, ses indemnités et ses papiers de fin de contrat l'attendent à tel endroit. Et c'est tout.
Les
explications relèvent d'une violence patronale, elle aussi hélas
habituelle partout sur la planète : les salariés remerciés
n'auraient pas eu le profil. Pourtant, ils travaillent pour Télam
depuis plusieurs années.
De
l'autre côté, toujours pour exercer cette violence qui sème la
terreur parmi les salariés et les divisent, ceux qui échappent au
licenciement ont reçu un mail qui leur dit : « Toi, tu
fais partie de la nouvelle Télam. Nous avons confiance en toi pour
construire une agence professionnelle, pluraliste, démocratique et
fédérale, capable de produire des contenus informatifs fiables, de
façon à ce que nous puissions fournir à l'industrie (sic)
journalistique fondée sur le développement des nouvelles
technologies.
Pour
ces raisons, nous attendons que tu continues à livrer ta
contribution pour que Télam trouve sa place non seulement sur le
marché national mais aussi sur le marché international.
Le
directoire de Télam ».
Le
message ne contient ni formule d'appel (comme « cher
journaliste » ou « cher collaborateur »ni formule
de politesse finale).
De
surcroît, le communiqué officiel de l'agence s'intitule « Télam
a un avenir », comme si se séparer de 354 personnes était une
broutille. Une gifle magistrale lancée au visage des licenciés,
juste pour le plaisir de les maltraiter en plus de les mettre à la
porte. C'est odieux !
Et
le stratagème a parfaitement bien marché. Seul Página/12 a relayé
l'information, en deux articles, dont un éditorial. La Prensa se
contente d'un très rapide entrefilet. Comme s'ils n'étaient pas
concernés. Ils sont pourtant clients ! Clarín et La Nación
n'avaient rien à dire sur le sujet, ce matin, lorsqu'ils ont bouclé
leur édition papier.
Le
ministre, Hernán Lombardi, s'est par ailleurs félicité du fait que les antennes
provinciales de Radio Nacional, qui dépendent aussi de lui, n'aient plus de programmation propre
ou en aient beaucoup moins et se contentent désormais de relayer
localement les émissions produites à Buenos Aires, dans un seul
bâtiment (les installations et les personnels de la rue Maipú ont déménagé rue
Pacheco, alors qu'il y a quelques années encore des travaux
importants avaient été effectués pour moderniser plusieurs
studios de Maipú, notamment celui de RAE où j'ai enregistré de nombreuses interviews et qui n'a plus de programmation propre depuis la prise de fonction de l'équipe Macri).
Tout cela est lamentable de la part d'un gouvernement qui
se vantait de remettre l'économie argentine en bon ordre. Résultat :
tout se qui marchait a disparu et le pays retombe dans les griffes du
FMI.
Une
partie de l'agence s'est mise en grève aujourd'hui.
Pour
en savoir plus :
lire
l'article de La Nación (site Internet)
La
Nación se contente dans sa version papier d'un article sur un sujet annexe : les aveux du Premier ministre qui annonce l'arrivée de mois de récession (ce
n'est pas un scoop !)
Ajout du 28 juin 2018 :
lire l'article de Página/12 sur la réaction de la Commission de la liberté d'expression à la Chambre des Députés qui souhaite entendre Hernán Lombardi (les licenciés votent tous dans l'opposition - en général, c'est le motif de licenciement dans le secteur public depuis décembre 2015... Service public dans lequel il était difficile d'entrer sous le mandat précédent si on n'était pas kirchnériste ou allié de Cristina)
Ajouts du 3 juillet 2018 :
lire l'article de Página/12 sur la conférence de presse tenue par le personnel de Télam qui tâche de s'organiser, salariés licenciés et salariés maintenus en poste, pour garder du goût et du sens à leur travail et préserver l'agence de l'arbitraire gouvernemental
lire cet éditorial de La Prensa, peu aimable pour Télam mais très intéressant pour les chiffres qu'il donne (et qui montrent qu'il y avait d'autres solutions que le licenciement de plus d'un tiers des effectifs).
Ajout du 28 juin 2018 :
lire l'article de Página/12 sur la réaction de la Commission de la liberté d'expression à la Chambre des Députés qui souhaite entendre Hernán Lombardi (les licenciés votent tous dans l'opposition - en général, c'est le motif de licenciement dans le secteur public depuis décembre 2015... Service public dans lequel il était difficile d'entrer sous le mandat précédent si on n'était pas kirchnériste ou allié de Cristina)
Ajouts du 3 juillet 2018 :
lire l'article de Página/12 sur la conférence de presse tenue par le personnel de Télam qui tâche de s'organiser, salariés licenciés et salariés maintenus en poste, pour garder du goût et du sens à leur travail et préserver l'agence de l'arbitraire gouvernemental
lire cet éditorial de La Prensa, peu aimable pour Télam mais très intéressant pour les chiffres qu'il donne (et qui montrent qu'il y avait d'autres solutions que le licenciement de plus d'un tiers des effectifs).