Vingt-deux
heures de débat à la fin de plusieurs mois d'examen du projet de
loi, 129 voix pour, 125 voix contre et une abstention : la loi
de dépénalisation de l'avortement jusqu'à la quatorzième semaine
d'aménorrhée a été adopté par la Chambre des députés ce matin,
à Buenos Aires.
Il
faut à présent que le projet de loi de 22 articles subisse la même
procédure d'examen en commission puis de débat dans l'hémicycle et
un vote majoritaire pour l'avortement cesse d'être un crime.
C'est-à-dire que les pauvres puissent y accéder dans des conditions
médicales sûres.
Página/12 milite pour jusque sur sa une ce matin "Il n'y a pas de retour en arrière" clame le gros titre |
Aujourd'hui,
les Argentines argentées n'ont aucun problème avec ça. Elles
partent aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Espagne ou
n'importe où la pratique est légale et elles rentrent chez elles
une fois que le processus biologique est achevé et qu'elles ne
risquent plus aucun symptôme qui mettrait la puce à l'oreille de
qui que ce soit.
Les
unes de ce matin mettent en avant l'attente des uns et des autres,
les foulards verts qui militent pour ce droit et les autres, qui
n'ont pas su choisir de symbole consensuel, qui s'y opposent. Une
marée de foulards verts a fait le siège du Congrès toute la nuit
malgré des températures très froides pour cette toute fin
d'automne (le thermomètre est descendu en-dessous de zéro, ce qui
peut arriver en juillet mais un peu moins à la mi-juin).
Rappelons
que le président de droite Mauricio Macri, qui a pris, il y a quelques mois et
à la surprise générale, l'initiative de ce projet de loi, a
toujours dit que, de son côté, il était contre l'avortement et sa
dépénalisation – pour des raisons éthiques ! Lui qui met
son veto à toutes les lois votées par le Congrès mais qui ne lui plaisent pas !
Cette prise de position inattendue et opportuniste lui a valu les foudres publiques
des moins diplomates des prélats argentins et lui a permis de
distraire un peu l'opinion publique de la situation économique
catastrophique dans laquelle il a conduit le pays, à l'inverse de
toutes les fanfaronnades de sa campagne électorale.
Clarín rapporte aussi la division du pays sur le sujet mais avec une photo de Plaza del Congreso et une foule de manifestants contenue par des grilles Cliquez pour une haute résolution |
Si
le Sénat confirme ce vote, l'Argentine sera le troisième pays
d'Amérique du Sud à dépénaliser l'avortement après l'Uruguay,
qui l'a fait sans condition, et le Chili, qui a mis en place une loi
beaucoup plus restrictive.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín