samedi 2 juin 2018

La rue manifeste [Actu]

"Des revendications depuis Ushuaía jusqu'à La Quiaca"
(en Argentine, cela veut dire de l'extrême sud à l'extrême nord du pays)

C'était à prévoir : la manifestation contre le gouvernement a eu beaucoup de succès hier à Buenos Aires.

Après le veto de la loi limitant les effets des augmentations de prix dans la fourniture d'électricité et de gaz, dans les stations services et dans les gares de chemin de fer, les déclarations provocatrices et vagues du Président Macri sur le rôle qu'il entend faire jouer aux forces armées dans les missions de police et le recours au FMI avec lequel le gouvernement négocie un prêt des plus rigoureux, il était difficile d'attendre autre chose. L'un des slogans qui a couru la foule rappelle ceux qui sont en vogue en France contre Emmanuel Macron : le "Robin des Bois à l'envers". Ils prennent aux pauvres pour donner aux riches. En revanche, autant les opposants à Macron ont du mal à mobiliser, autant ceux de Macri remplissent les rues, les avenues et les places !

Des personnalités de premier plan, issues de la lutte pour les droits de l'homme depuis la dernière dictature, étaient présentes sur la place, en dépit de leur grand âge. Parmi ceux qui ont été photographiées par la presse, Nora Cortiñas, de Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora, et Adolfo Pérez Esquivel, le prix Nobel de la Paix argentin.

La marche s'est achevée sur la toute nouvelle Plaza de Mayo. Les manifestants l'ont laissée salie et dévastée, comme d'habitude. Tout remettre en état nécessitera plusieurs millions de pesos. De quoi énerver le contribuable portègne...

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Página/12 fait de ce succès de mobilisation sa une du jour. Clarín lui consacre sa photo de une mais non pas son gros titre. La Nación traite la marche fédérale en une mais comme un titre simple, sans illustration. La Prensa la repousse enfin en micro-titre, entre deux photos, celle du président des Etats-Unis et celle du tout nouveau président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, qui vient de remplacer le conservateur Mariano Rajoy, après le succès de sa motion de censure, la première motion de censure qui emporte la majorité dans l'Espagne démocratique.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín

Ajout du 3 juin 2018 :
lire cet article d'humeur de Clarín sur le réaménagement de la place et les dégâts considérables laissée par la manifestation massive de vendredi. Les grilles ont protégé la partie est de la place, celle qui touche la Casa Rosada et le ministère du budget, l'AFIP (elles ont été posées là dans ce but, d'ailleurs).