mercredi 7 juin 2023

A Olavarría, ils ont tous quelque chose en eux du Beauvaisis [à l’affiche]

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Samedi prochain, le 10 juin 2023 à 18 h, le musée municipal de Olavarría, ville située dans l’ouest de la province de Buenos Aires, inaugure une exposition qu’il organise autour de son principal trésor, le portrait en pied de Manuel Belgrano (1770-1820), que celui-ci avait fait faire pendant sa mission diplomatique à Londres, dans la deuxième moitié de 1815.

Un portrait réalisé par un disciple de David et d’Ingres qui s’était récemment réfugié dans la capitale britannique pour ne pas être contraint par la Restauration de renier ses engagements politiques : Casimir Carbonnier.

Casimir Carbonnier était né à Beauvais en 1787. Fils d’un maître menuisier, il avait attiré l’attention de ses enseignants et avait ainsi obtenu une place au lycée du département (à cette époque, il n’y en avait qu’un et il se situait dans la préfecture). Le jeune garçon y avait fait reconnaître en particulier ses talents de dessinateur. Plus tard, il était allé se former à Paris et avait pu intégrer l’atelier de Jacques Louis David, à peu près à l’époque où cet atelier réalisait l’immense tableau du Sacre de Napoléon. Carbonnier a fait une jolie carrière à Paris sous l’Empire, participant à tous les salons annuels où la reine de Naples, Caroline Murat, finit par le remarquer en 1812. Elle lui commanda diverses œuvres pour son palais italien, dont un portrait dont il semble qu’on ait perdu la trace aujourd’hui.

A Londres, où Carbonnier s’est installé depuis quelques mois, Manuel Belgrano est l’un de ses tout premiers clients prestigieux. Il n’en manquera pas par la suite. Sans doute ont-ils pu communiquer en français, car le général argentin parlait notre langue et plutôt bien, disent les contemporains. Ce qu’on peut facilement croire car la maîtrise de notre langue était alors indispensable à tout travail diplomatique.

On doit la majeure partie de ce que l’on sait de sa vie à un prêtre féru d’histoire locale qui s’est attaché à sauvegarder l’histoire de cet artiste qui avait illustré sa Picardie natale.

Le tableau de Londres, non signé, destiné à la famille du modèle tout là-bas, dans la lointaine Argentine, est resté dans la famille pendant quelque cent-cinquante ans et il a été donné, il y a plusieurs années, à ce musée de la ville où une branche de la famille vit toujours.

Belle exposition autour de ce portrait récemment nettoyé et restauré par les soins du musée. Inauguration en présence de Manuel Belgrano, le président de l’Instituto Nacional Belgraniano, descendant du général à la sixième génération et qui a connu ce tableau chez lui dans sa jeunesse. Olavarría, c’est loin de Buenos Aires mais ça vaut le coup !

© Denise Anne Clavilier


En 2017, à Buenos Aires, dans l’une des salles de la caserne du Régiment de Patricios, à l’invitation du président Manuel Belgrano et de l’équipe qui anime l’Instituto Nacional Belgraniano, j’avais pu donner une conférence sur la vie et l’œuvre de Casimir Carbonnier, mort à Paris, en 1873, dans la maison provinciale des Missions étrangères de Paris où il avait pris l’habit quelques années plus tôt et où on lui doit une grande partie de l’actuelle décoration religieuse, tant dans la chapelle que dans les parties communautaires.