Borges et sa femme en promenade sur les bords de Seine, face au Louvre Cliquez sur la photo pour une meilleure résolution |
Trois mois après la disparition
de María Kodama, la veuve de Jorge Luis Borges, le tribunal
compétent vient de reconnaître les cinq enfants de son frère comme
ses héritiers universels. Tous ses biens meubles et immeubles, y
compris ceux qu’elle avait hérités de son époux, leur
reviennent.
L'affaire est traitée en haut à droite avec photo de María Kodama Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Des neveux qui n’étaient pas
très proches de leur tante. Ils étaient visiblement absents à la
mort et aux obsèques de celle-ci et ils se sont fait connaître en
se présentant à la justice civile quelques jours après son décès
une fois que les confidents de la défunte avaient fait savoir
publiquement qu’ils n’avaient pas retrouvé de testament et que
les dispositions (très compliquées et assez difficiles à
appliquer) dont elle leur avait parlé n’existaient pas en droit.
On croyait alors que les biens et surtout la gestion de l’œuvre
devaient passer sous la responsabilité de l’État, qu’il
s’agisse de l’Argentine ou de la Ville autonome de Buenos Aires.
Héritage Kodama : extrait du jugement - désignation des héritiers Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Eu égard à l’importance littéraire de l’écrivain, le tribunal a assorti sa décision d’une servitude contre laquelle les cinq frères et sœurs ont aussitôt interjeté appel : il s’agit d’une restriction sur les biens ayant appartenu personnellement à Borges, meubles et immeubles, y compris bien entendu et surtout ses notes et manuscrits, qui doivent demeurés dans l’indivision. En effet, ces témoignages de la vie et de l’œuvre de l’écrivain ont vocation à revenir à la République argentine en 2056, lorsque l’œuvre tombera dans le domaine public. Il s’agit donc d’éviter qu’ils soient dispersés au gré de ventes aux enchères sans doute très juteuses pour les vendeurs, au hasard des besoins de trésorerie des membres de la fratrie ou de leurs héritiers. Il n’est pas question qu’ils intègrent le patrimoine personnel des membres cette famille, comme s’il s’agissait de biens comme les autres. Pour cela, ils ont les biens propres de leur tante, y compris ce qu’elle a elle-même publié sous sa propre signature, et c’est déjà pas mal.
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Le peu d’eux-mêmes que leur comportement a récemment révélé montre qu’ils sont passablement procéduriers et tend à faire craindre que leur démarche soit quelque peu intéressée.
Du vivant de María Kodama, le secteur du livre se plaignait déjà du comportement très difficile de celle-ci mais avec ses neveux et héritiers, ça risque d’être tout aussi peu commode pour les chercheurs, les éditeurs et les traducteurs qui voudront se pencher sur cette œuvre.
Il faut maintenant attendre ce que dira l’instance d’appel sur cette restriction mise à la jouissance de l’héritage.
Pour aller plus loin :