"Jujuy en feu", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Depuis une dizaine d’années,
la province de Jujuy est au pouvoir d’un gouverneur plutôt
droitier et passablement provocateur, qui passe son temps à chercher
querelle à la gauche péroniste qui en a bien entendu autant à son
service.
"Jujuy approuve la Constitution malgré la violence séditieuse", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Depuis plusieurs jours, les
manifestations succèdent aux manifestations dans l’espoir de le
faire reculer sur sa réforme constitutionnelle dont la gauche et
certains organismes représentant les peuples premiers disent qu’elle
va réduire la liberté de manifester et livrer à la vénalité
capitaliste certaines terres que les Amérindiens considèrent comme
ancestrales, voire sacrées.
Deux articles soulèvent la colère de ces secteurs. Le premier oblige les organisateurs de manifestations de rue à se déclarer à l’avance auprès des pouvoirs publics pour que la police connaisse l’itinéraire empruntée et puisse le sécuriser tout en assurant la circulation dans le reste de la ville. Il interdit les barrages routiers (piquete), l’occupation des édifices publics et l’entrave au fonctionnement des services collectifs. Trois techniques traditionnelles en Argentine et auxquelles les organisations de gauche n’imaginent même pas pouvoir renoncer. Elles y voient un renoncement à leur liberté d’expression. Le second organise l’exploitation des gisements de lithium et devrait aboutir à la concession, voire à la vente de ces gisements à des grands groupes miniers internationaux dont nul n’ignore plus ce que, par pure vénalité, ils en font sur ce continent comme en Afrique : crimes d’écocide en pagaille à prévoir dans toute cette magnifique province andine.
Hier, la réforme a été adoptée
et les élus ont prêté serment à la nouvelle constitution, malgré
d’importants rassemblements dans la rue. Comme on peut s’en
douter, chauffée à blanc par plusieurs jours de manifestation qui
n’ont reçu pour toute réponse que l’éternel mépris du
gouverneur et de sa majorité, la foule des mécontents s’est
livrée à des actes de violence particulièrement spectaculaires.
Dans la foulée de la prise du Congrès à Washington et de la place
des Trois Pouvoirs à Brasilia, on a même craint ou feint de
craindre que la Législature provinciale allait elle aussi y passer…
"Tentative d'incendier la Législature de Jujuy : [la droite libérale] accuse le gouvernement [national]", Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La majorité actuelle affirme que des cars, afrétés par La Campora, l’organisation de la jeunesse kirchneriste, le bras armé de Cristina dirigé par son fils, Máximo Kirchner, ont déversé des flots de manifestants étrangers à la province. Ce qui n’est pas impossible – ils sont assez organisés pour ce genre de choses.
Hier, le centre-ville de San Salvador de Jujuy était donc sens dessus-dessous, alors que le reste du pays célébrait son drapeau et la mémoire du général Manuel Belgrano, un personnage très présent dans cette province puisque c’est dans cette capitale qu’il fit bénir pour la première fois le drapeau national qu’il avait créé pour le champ de bataille révolutionnaire quelques mois plus tôt, dans la pampa, sur les rives du Paraná.
On compte de nombreux blessés parmi les manifestants et il y a eu d'encore plus nombreuses arrestations. Le gouverneur Gerardo Morales a la main lourde en matière de répression. Il est largement connu pour cela dans le pays.
Selon l’appartenance idéologique de leurs rédactions, les journaux donnent des versions assez différentes de ces événements très inquiétants en plein cœur d’une année électorale.
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