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"La mémoire, ça ne se vend pas", proclame le gros titre sous cette silhouette de femme dont la tête couverte d'un fichu rappelle aussitôt les Mères de la Place de Mai (ce sont les langes de leurs enfants disparus qu'elles portent ainsi en guise de foulard) Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Pour mettre le budget national à
l’équilibre dans l’espoir d’en finir pour toujours avec
l’inflation, Javier Mileí a décidé de vendre de nombreux actifs du pays
(la compagnie aérienne Aerolíneas Argentinas, la compagnie de fret
ferroviaire, et d’autres) ainsi que des biens patrimoniaux, dont
plusieurs sièges de ministères qu’il a fait disparaître de
l’organigramme de la République Argentine (comme celui des femmes
et des diversités) et dont il interdit ainsi une éventuelle
renaissance dans l’avenir, sauf à ce que celui des gouvernements
futurs qui voudra les rétablir procède à des expropriations (dont
le coût est bien entendu prohibitif).
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Cette photo de la Perla Chica a été prise pendant la reconnaissance des lieux par la Commission d'enquête sur les crimes de la Dictature en février 1984, sous la présidence de Raúl Alfonsín |
Sur cette liste sans fin de biens
nationaux promis aux marteaux des commissaires-priseurs, on vient de
voir apparaître un site historique de la Province de Córdoba, dans
le centre du pays, La Perla Chica (la petite perle) : un modeste
bâtiment rural qui, sous la dictature de Videla et consorts, a
abrité un centre clandestin de détention et de torture et qui avait
été intégré, il y a quelques années, dans un espace public
consacré par la Province à la mémoire des victimes de la
Dictature.
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En 2013, la cour fédérale qui juge les crimes perpétrés à La Perla Chica se transporte sur les lieux, accompagnée par plusieurs journalistes |
Seul Página/12 rend
compte de cette invraisemblable inscription d’un bien provincial
sur cette liste nationale et de la colère que la manœuvre soulève
chez les militants de l’État de droit (un concept que Mileí ne
reconnaît pas) et dans les associations de victimes de cette
dictature, dont Mileí et encore plus sa vice-présidente s’efforcent
de nier la dimension criminelle.
Les associations vont se porter
en justice contre ce nouveau témoignage du négationnisme de ce
gouvernement, décidément infréquentable.
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"La santé mentale, ça ne se vend pas aux enchères" "Non à la vente du Centre n 1" Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
D’autre part, les bâtiments
d’un hôpital psychiatrique de Buenos Aires font aussi partie de
cette liste. Une telle vente entraînerait une cessation des
activités thérapeutiques, or l’institution traite huit mille
patients par an. Le personnel de l’hôpital appelle à une
manifestation la semaine prochaine.
Nier l’histoire et la mémoire
et entraver le futur, voilà le programme de zombification de
l’Argentine que propose Javier Mileí depuis le jour où il a prêté
serment !
© Denise Anne Clavilier
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