Mercredi 30 juillet 2008, à 21h, la chanteuse María José Mentana présentera son nouveau disque, Amor a Buenos Aires, au Centro Cultural Torcuato Tasso, à San Telmo (entrée : 25 $). Pour partager la scène avec elle, il y aura le Maestro Atilio Stampone (dont elle interprète Afiches, dans son disque) et le duo guitare-bando Aníbal Arias y Osvaldo Montes, entre autres... Tien que du beau linge !
Página/12 (voir à droite liens Actu) a profité de l’occasion pour l’interviewer hier (28 juillet). En effet, María José Mentana est tout un personnage avec, derrière elle, une carrière multiforme, dont beaucoup de travail comme chanteuse vedette d’une émission de tango, Grandes Valores del Tango, prestigieux programme de Canal 9, qui entama une longue et glorieuse carrière télévisée en 1965 après avoir tenu 15 ans sur les ondes de Radio Belgrano, une des antennes majeures de Buenos Aires depuis l’invention de la TSF. Ma. José Mentano y vit défiler en invités d’honneur des gens comme Roberto Goyeneche, Floreal Ruiz, Osvaldo Pugliese ou le Sexteto Tango (formation fondée par des compagnons de Pugliese en 1968), etc.
Pendant les quelques années où elle a vécu au Vénézuela, elle a animé là-bas une émission télé, Desde tango a tango, en interviewant les artistes locaux ayant partie liée avec le tango argentin. Dans cette émission, un concours de tango-baile offrait pour premier prix un voyage dans la capitale argentine aux meilleurs danseurs.
Elle s’est longtemps produite sous son seul prénom composé. Jusqu’à un jour, à Paris, où après une représentation, Horacio Ferrer, qui venait de partager la scène avec elle, lui a suggéré d’ajouter son nom de famille à son nom de scène. Elle a eu raison de l’écouter : ça fait plus pro, comme ça...
Le disque, d’ores et déjà disponible, s’annonce passionnant, avec quelques grands morceaux classiques, comme Malena (Lucio Demare-Homero Manzi), Atentí pebeta (Ciriaco Ortíz-Celedonio Esteban Flores), Absurdo (des frères Expósito), valse pour l’interprétation de laquelle elle s’est appuyée sur tout ce qu’elle sait de sa genèse, et Afiches (Atilio Stampone-Homero Expósito), qu’elle chante accompagnée par le compositeur lui-même au piano, quelques morceaux connus mais moins classiques (Tiernamente, Que buena fe, Intimas...) et une poignée d’inédits :
Amor a Buenos Aires (de et avec Néstor Marconi),
Lunes (d’elle-même et de son professeur, Mireya)
et (fin du fin !) Tango para tus manos, d’un véritable Trésor Vivant du tango comme diraient les Japonais, le Maestro Horacio Salgán... qui est venu lui-même lui présenter ce morceau de sa composition (et de Mario Buono, pour le texte). Avec beaucoup de discrétion mais sans dissimuler sa fierté, elle laisse entendre dans son interview qu’il n’a pas été mécontent du résultat.
Autre partie intéressante de l’interview, ce qu’elle dit de la popularité du tango au Japon (où elle est très connue et se produit tous les deux ans) et des difficultés que rencontrent aujourd’hui les artistes de tango, tant au niveau de la télévision, qui abandonne le genre ou ne s’arrête qu’à ce qu’il peut produire de mauvais ou de facile, voire de vulgaire, qu’au niveau du mécénat d’entreprise, qui, dans ce domaine, n’aide plus qu’avec une parcimonie soupçonneuse, alors même que les dirigeant des entreprises n’ont jamais rien de plus pressé à faire pour chouchouter tous leurs clients et partenaires étrangers que de les emmener assister à un spectacle de tango, qui est pour eux ce qu’il faut voir absolument à Buenos Aires...
Pour aller plus loin, interview complète de María José Mentana par Cristian Vitale, Página/12 du 28 juillet 2008 :
http://www.pagina12.com.ar/diario/suplementos/espectaculos/3-10747-2008-07-28.html