Depuis le 1er juin de cette année, le bandonéoniste, compositeur et chef d'orchestre montant Fabio Hager dirige la programmation musicale d'El Viejo Almacén, "tangueria" fondée par le grand chanteur Edmundo Rivero en 1969. C'est la seconde fois que Fabio Hager assume cette direction, il l'avait déjà fait entre 2001 et 2003.
Un look impayable, bando Doble A avec marqueterie de nacre sur les genoux (à moins que mes yeux me trompent) et boucles tombantes à la Louis XIV, le talent et l'expérience aussi : depuis la fin des années 80, Fabio Hager a roulé sa bosse dans toutes les bonnes tanguerias, sur toutes les scènes qui comptent à Buenos Aires, en accompagnant notamment les meilleurs chanteurs et les plus en vue, sans parler des tournées internationales qui l'ont conduit dans plusieurs pays d'Amérique Latine (Chili, Uruguay, Brésil, le tiercé gagnant des artistes de tango argentins depuis Carlos Gardel), le Japon, les Etats-Unis et le Canada et même l'Europe, avec l'Allemagne, la Suisse et la France (à Nantes et à Paris en 1992, dans les dernières années des Trottoirs de Buenos Aires d'heureux mémoire).
Je me souviens d'un fabuleux arrangement de la Cumparsita qui concluait en apothéose un concert à la Bodega du Gran Café Tortoni: interminable jeu de rivalité entre instruments à qui aura la dernière variation et quand c'est fini, ça recommence... Les gloussements du public ponctuaient chaque acrobatie des musiciens...
Je me souviens d'un fabuleux arrangement de la Cumparsita qui concluait en apothéose un concert à la Bodega du Gran Café Tortoni: interminable jeu de rivalité entre instruments à qui aura la dernière variation et quand c'est fini, ça recommence... Les gloussements du public ponctuaient chaque acrobatie des musiciens...
A l'actif de Fabio Hager, une vraie pléiade de disques.
Disponibles : Vuelvo al Sur, ed. Fonocal, 2006 (constitué surtout de grands classiques, dont El Choclo, + un morceau co-signé avec Verónica Salmerón, son inséparable co-créatrice), Recuerdo, ed. Fonocal, 2007 (autres grands classiques + deux morceaux propres, Hager-Salmerón) et El Honor del Tango, ed. Novetangos, 2004, qui présente deux particularités : 1) il ne contient que des morceaux originaux signés Hager-Salmerón, 2) la jacquette est ornée d'un tableau que j'aime beaucoup, Alma de Bandoneón (I), une huile du peintre Chilo Tulissi (et à l'intérieur de la jacquette, un autre tableau, La Dormida, interprétation plastique et tyrienne d'une pause chorégraphique classique en tango, et techniquement des plus difficiles).
El Viejo Almacen est installé dans une vieille bâtisse typique de ce qui a été l'almacen dans les faubourgs de Buenos Aires : à la fois magasin général, buvette avec comptoir et des tables et des chaises pour taper le carton... C'était le décor typique dans lequel chantait Carlos Gardel dans les années 10 et 20. Edmundo Rivero avait eu un coup de coeur pour cet édifice au profil colonial (ce qui est rare à Buenos Aires, où la casi-totalité de l'architecture antérieure à 1810 a été ou détruite ou transformée par des façades européanisantes) et idéalement placée à cheval entre San Telmo et Monserrat, dans le vieux centre historique. Il l'a acheté et aménagé comme dans son rêve et lui-même a souvent chanté là. Il y a reçu les plus grands. El Viejo Almacen a prospéré sous sa direction personnelle jusqu'en 1986, année de sa mort. Sa famille a poursuivi l'aventure jusqu'en 1993.
Comme beaucoup de hauts-lieux à Buenos Aires, après sa fermeture, ce bâtiment n'a pas été immédiatement récupéré pour être reconverti dans une autre activité plus juteuse, comme cela se serait passé ici, en Europe. Il est resté orphelin, vide, délaissé... Jusqu'à ce que la famille Veiga le reprenne et en refasse une tangueria digne de ce nom en 1996... Le même phénomène a frappé en son temps le Café de los Angelitos, fermé plus de 10 ans à la suite d'un incendie, et rendu à sa vie de café de quartier en juin 2007, ou la Confitería Las Violetas, revenue elle aussi à la vie il y a quelques temps... D'autres lieux dans Buenos Aires attendent encore leur repreneur, et dans les meilleurs quartiers (Confitería El Molino, à l'entrée de la place du Congrès).
Comme beaucoup de hauts-lieux à Buenos Aires, après sa fermeture, ce bâtiment n'a pas été immédiatement récupéré pour être reconverti dans une autre activité plus juteuse, comme cela se serait passé ici, en Europe. Il est resté orphelin, vide, délaissé... Jusqu'à ce que la famille Veiga le reprenne et en refasse une tangueria digne de ce nom en 1996... Le même phénomène a frappé en son temps le Café de los Angelitos, fermé plus de 10 ans à la suite d'un incendie, et rendu à sa vie de café de quartier en juin 2007, ou la Confitería Las Violetas, revenue elle aussi à la vie il y a quelques temps... D'autres lieux dans Buenos Aires attendent encore leur repreneur, et dans les meilleurs quartiers (Confitería El Molino, à l'entrée de la place du Congrès).
Le show du Viejo Almacen est donc actuellement assuré tous les soirs à 22h par Fabio Hager, qui s'y produit dans sa formation préférée, un sextuor.
Rendez-vous à la rentrée... J'espère quelques exclusivités...
Rendez-vous à la rentrée... J'espère quelques exclusivités...