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Depuis le 24 novembre, se tient
au Museo Nacional de Bellas Artes, à Palermo, une exposition en
hommage au fondateur de la peinture argentine, Prilidiano Pueyrredón,
né il y a deux cents ans à Buenos Aires, où vivait son père, Juan
Martín de Pueyrredón, héros de la Révolution et premier chef
d’État de l’Argentine indépendante, sous le titre de Directeur
suprême.
Alto en el campo (1861) : une halte dans la campagne Cliquez sur l'image pour une haute résolution Ce tableau est une merveille... |
Le fils a accompagné le père en
exil en France sous la dictature de Juan Manuel de Rosas (1835-1852).
La famille s’est installé à Bordeaux, non loin des Pyrénées
originelles puisque c’était de là qu’un ancêtre, protestant,
avait quitté la France après la révocation de l’Edit de Nantes
pour vivre en Espagne son catholicisme de converti, là où son
pedigree religieux était inconnu et où il a été traité comme un
paroissien ordinaire. De là, il s’embarqua pour les Indes
Occidentales et fit racine à Buenos Aires. Pendant cet exil sous la
Monarchie de Juillet, Prilidiano Pueyrredón fit de brillantes études
à Paris, des études d’ingénieur à Polytechnique (on lui doit
des ouvrages d’art en Argentine ainsi que l’actuelle résidence
présidentielle de Olivos) et des études d’art aux Beaux-Arts.
La salle des portraits de Pueyrredón au Museo Nacional de Bellas Artes Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La famille est rentrée d’exil
en 1850 parce que Juan Martín voulait mourir sur cette terre natale
qu’il avait si puissamment contribué à libérer de l’oppression
coloniale. C’est à partir de ce moment-là que s’envole la
carrière artistique de son fils qui obtient assez vite, malgré le
passé politique de sa famille, des commandes officielles dont en
1851 ce célébrissime
portrait de Manuelita (celui
de l’affiche), la fille
bien aimée de Rosas, qui faisait presque office de Première dame
avant la lettre depuis la mort de sa mère vingt ans plus tôt.
L'un des murs des paysages dont Alto en el campo, son tableau le plus connu avec Manuelita Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Connu et reconnu de son vivant
comme portraitiste à la mode (à juste raison), il a aussi inventé
la représentation des paysages de la Pampa et les scènes de genre,
ce qui en fait l’un des tout premiers témoins de la vie
quotidienne à Buenos Aires à la jonction de l’ère romantique et
de l’époque réaliste et dans tous les milieux sociaux.
Il osa aussi représenter des nus et notamment des nus féminins, des scènes de bain, très courantes alors dans les milieux artistiques en Europe. Elles valurent la même condamnation morale de la part de la bonne société que souffraient ses confrères à Paris ou à Londres.
L’exposition qui dure jusqu’à la fin du mois de février est accessible gratuitement. Elle se compose de 40 œuvres, dont des œuvres sans doute rapportées d’Europe comme ce paysage suisse.
Splendide exposition !
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Nación, fort bien illustré lui aussi