mercredi 13 décembre 2023

Exposition de Prilidiano Pueyrredón pour son bicentenaire [à l’affiche]

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Depuis le 24 novembre, se tient au Museo Nacional de Bellas Artes, à Palermo, une exposition en hommage au fondateur de la peinture argentine, Prilidiano Pueyrredón, né il y a deux cents ans à Buenos Aires, où vivait son père, Juan Martín de Pueyrredón, héros de la Révolution et premier chef d’État de l’Argentine indépendante, sous le titre de Directeur suprême.

Alto en el campo (1861) : une halte dans la campagne
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Ce tableau est une merveille...

Le fils a accompagné le père en exil en France sous la dictature de Juan Manuel de Rosas (1835-1852). La famille s’est installé à Bordeaux, non loin des Pyrénées originelles puisque c’était de là qu’un ancêtre, protestant, avait quitté la France après la révocation de l’Edit de Nantes pour vivre en Espagne son catholicisme de converti, là où son pedigree religieux était inconnu et où il a été traité comme un paroissien ordinaire. De là, il s’embarqua pour les Indes Occidentales et fit racine à Buenos Aires. Pendant cet exil sous la Monarchie de Juillet, Prilidiano Pueyrredón fit de brillantes études à Paris, des études d’ingénieur à Polytechnique (on lui doit des ouvrages d’art en Argentine ainsi que l’actuelle résidence présidentielle de Olivos) et des études d’art aux Beaux-Arts.

La salle des portraits de Pueyrredón au Museo Nacional de Bellas Artes
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La famille est rentrée d’exil en 1850 parce que Juan Martín voulait mourir sur cette terre natale qu’il avait si puissamment contribué à libérer de l’oppression coloniale. C’est à partir de ce moment-là que s’envole la carrière artistique de son fils qui obtient assez vite, malgré le passé politique de sa famille, des commandes officielles dont en 1851 ce célébrissime portrait de Manuelita (celui de l’affiche), la fille bien aimée de Rosas, qui faisait presque office de Première dame avant la lettre depuis la mort de sa mère vingt ans plus tôt.

L'un des murs des paysages dont Alto en el campo,
son tableau le plus connu avec Manuelita
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Connu et reconnu de son vivant comme portraitiste à la mode (à juste raison), il a aussi inventé la représentation des paysages de la Pampa et les scènes de genre, ce qui en fait l’un des tout premiers témoins de la vie quotidienne à Buenos Aires à la jonction de l’ère romantique et de l’époque réaliste et dans tous les milieux sociaux.

Patio porteño en 1850 (1860) - Arrière-cour de Buenos Aires en 1850
C'est la maîtresse qui nourrit les poules avec sa fille (à droite)
tandis que la servante noire est à l'extrême gauche
Le peintre a dû être étonné en revenant dans sa ville natale
qu'il avait quitté tout jeune
A l'arrière-plan, l'église pourrait être Santo Domingo,
aujourd'hui sur avenida Belgrano
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Il osa aussi représenter des nus et notamment des nus féminins, des scènes de bain, très courantes alors dans les milieux artistiques en Europe. Elles valurent la même condamnation morale de la part de la bonne société que souffraient ses confrères à Paris ou à Londres.

L’exposition qui dure jusqu’à la fin du mois de février est accessible gratuitement. Elle se compose de 40 œuvres, dont des œuvres sans doute rapportées d’Europe comme ce paysage suisse.

Splendide exposition !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Clarín, très richement illustré dans sa version en ligne
lire l’article de La Nación, fort bien illustré lui aussi
lire la présentation de l’exposition sur le site du musée, qui regorge d’informations.