Avant-hier, et l'accumulation de rendez-vous tenus pour les uns, déplacés pour les autres selon l'inimitable don des Argentins pour le jonglage avec l'improvisation, m'a empêchée d'en rendre compte plus tôt, la présidente Cristina Kirchner a participé à la clôture des négociations tripartites du Consejo Salarial, composé du Gouvernement (représenté par le ministre du Travail), des instances patronales et des organisations syndicales, qui, tous les ans, se réunit pour fixer le nouveau montant du salaire minimum argentin (SMVM, soit Salaire Minimum Vital et Indexé – movil en espagnol argentin).
SMVM qui est d'ailleurs plus un indice de l'inflation réelle sévissant dans le pays que le filet de sécurité qu'il est pour les salariés en Europe (dans les pays où il existe), puisque 35 à 40% de l'économie nationale est souterraine et ne donne donc lieu ni à contrat de travail, ni à contributions sociales, ni à bulletin de salaire.
Toujours est-il que les trois parties se sont entendues, et semblerait-il, de très bonne volonté de part et d'autre (puisque personne n'a voté non), pour porter ce salaire minimum à 2 875 pesos mensuels en deux étapes. 2 670 en septembre et le reste en février prochain. Soit une augmentation de 25%, ce qui correspond donc, et encore avec un étalement sur près de 6 mois, à un simple rattrapage de l'inflation, laquelle est renforcée par la politique commerciale d'un certain nombre d'acteurs économiques qui semblent en ce moment tendre artificiellement le marché en organisant une certaine pénurie sur des produits emblématiques du panier de la ménagère. La viande a augmenté et beaucoup, les pâtes, toute la boulangerie aussi, et en ce qui concerne la yerba mate, la base de la boisson nationale et quotidienne, non seulement les prix ont augmenté de manière spectaculaire mais la diversité des produits, dans la plupart des marques, s'est fort réduite dans les grandes surfaces à enseigne nationale (Coto, Disco, Carrefour, Dia...) comme dans les petites épiceries de quartier, dites supermercados chinos, toujours tenus par des familles asiatiques (Chine, Taïwan, Cambodge, Vietnam, Laos, Corée...).
Pour la première fois dans une réunion de ce Consejo Salarial, le leader de la CGT argentine, le très remuant camionneur Hugo Moyano, en conflit quasi-ouvert avec le Gouvernement depuis les élections présidentielle et législatives de l'année dernière, n'était pas présent dans le tour de table. En revanche, le CTA, en général plus radical dans ses positions que la très péroniste CGT, était là et a donné son accord à ces montants et à leurs modalités d'entrée en vigueur, ce qui est, là encore, assez nouveau...
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 (titre que mes fidèles lecteurs savent très favorable au Gouvernement en place).
Vous trouverez l'ensemble des grands quotidien de la presse argentine dans la rubrique Actu, de la Colonne de droite, en partie inférieure. Clarín, La Nación et La Prensa, journaux de l'opposition nationale, donnent un autre son de cloche, mais avec des Unes dépourvues de tout humour (tandis que Página/12 a toujours le sourire sur le marbre, ce qui le rend toujours plus agréable à feuilleter et à lire, sauf pour les Argentins anti-kichneristes auxquels cette rédaction a bien du mal à arracher le moindre sourire).
Vous avez sans doute compris le jeu de mots de cette une en illustration grâce à cette balance qui indique le nouveau SMVM : "un accord de poids"/ "un accord sur le peso" (la devise nationale).