Mon
cinquième ouvrage, San Martín par lui-même et par ses
contemporains, anthologie multilingue de documents historiques
retraçant le parcours politique et personnel du libérateur de
l'Argentine, du Chili et du Pérou, vient de paraître aux Editions du Jasmin, à Clichy (92), au prix de 24,90 €. Le livre compte 384
pages et regroupe environ 150 documents historiques (1) d'une
trentaine d'auteurs de différentes nationalités et langues
(espagnol, largement majoritaire, français et anglais).
En
même temps, sort la deuxième impression de San Martín à rebours
des conquistadors, parue chez le même éditeur en décembre 2012
(avec une quatrième de couverture à la couleur légèrement
éclaircie). Cette biographie de José de San Martín, la seule en français à
ce jour, compte 216 pages et elle est vendue au prix de 16 €.
Les
deux ouvrages sont disponibles chez tous les libraires francophones
de la zone euro pour autant que ces professionnels connaissent leur
métier (c'est la majorité des cas) et que le client leur pose la
question. En effet, l'abondance des sorties éditoriales en français
fait qu'il faut souvent passer commande des ouvrages souhaités car
il est impossible pour un libraire d'avoir en permanence en stock
tout ce qui se publie dans notre langue !
Les deux ouvrages seront aussi présentés ce week-end au Salon du Livre de Béthune, sur le stand de l'éditeur, sur lequel je me tiendrai de vendredi à samedi inclus.
Comme
j'ai eu l'occasion de le dire dans mes articles antérieurs, San
Martín par lui-même et par ses contemporains est le premier recueil
édité en France pour présenter au public francophone ce personnage
injustement méconnu en Europe (y compris en Espagne) et c'est aussi
la première fois qu'un livre présente en un seul volume ces
documents dans leur langue originale en même temps qu'avec leur
traduction en français en vis-à-vis (pour les textes en espagnol et
en anglais – les textes originaux français se présentent seuls).
C'est
aussi un ouvrage qui comporte deux éléments qui n'avaient jamais
été mis en évidence jusque là, deux éléments qui constituent
une contribution originale (et modeste) à la connaissance d'une vie
pourtant amplement commentée, surtout en Amérique du Sud :
- des
témoignages indirects mais circonstanciés sur un épisode bien mal
documenté de l'enfance de San Martín. Ces témoignages que j'ai
retrouvé en fouillant la Gazette de Lausanne de Gabriel Antoine
Miéville sont d'autant plus précieux qu'ils furent publiés dès
1817 en Suisse, c'est-à-dire à une date et dans un pays où il
était inconcevable que fût créée autour de la figure de ce
lointain général encore inconnu la moindre légende, dorée ou non.
Or une telle intention mythographique est au contraire manifeste chez
Bartolomé Mitre, lorsqu'il écrit son histoire de San Martín, à
Buenos Aires, dans les années 1860-1880. Et c'est donc sur cette
claire intention idéologique que certains historiens actuels,
notamment Norberto Galasso, s'appuient pour contester l'authenticité
de l'épisode, surexploité par l'histoire officielle en Argentine :
ces trois années passées par le jeune garçon, entre sa huitième
et sa onzième année, au Seminario real de los Nobles de Madrid,
collège supérieur fondé par les jésuites en 1724 pour l'éducation
des jeunes aristocrates désargentés et qui, dans le dernier tiers
du 18ème
siècle (celui qui nous intéresse), formait l'élite des cadres de
l'armée du roi d'Espagne ;
- un
portrait de Bolívar, rédigé en français par San Martín, une
quinzaine d'années après la mort de son ombrageux homologue du
Venezuela, de la Colombie et de l'Amérique centrale, soit plus de
vingt ans après leur rencontre orageuse à Guayaquil (actuel
Equateur), une rencontre mythique dont le contenu des négociations a
toujours été entouré d'un grand mystère (parce qu'aucun des deux
n'a voulu en faire formellement état par la suite). Or dans ce
portrait, on voit transparaître les motifs tout humains de la
mésentente politique et personnelle qui s'installa d'emblée entre
les deux hommes et qui incita San Martín à céder le pas à Bolívar
et à son ambition démesurée, précipita sa démission de chef de
l'Etat intérimaire de la toute jeune république du Pérou, qu'il
venait d'arracher à l'empire espagnol (20 septembre 1822) et son
retrait définitif de la vie publique.
Extrait de l'ouvrage de Gabriel Lafond, où j'ai trouvé ce portrait de Bolívar de la main de San Martín |
Vous
découvrirez à travers ces documents la personnalité attachante
d'un révolutionnaire pour lequel les droits de l'homme étaient une
cause sacrée, un ami et père affectueux, un adversaire résolu de
l'esclavage, des inégalités sociales et du racisme.
Dans
les annexes, vous verrez comment nos ancêtres ont suivi les
événements d'Amérique du Sud grâce à un journal suisse favorable
à la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes et hostile à
l'Ancien Régime : les articles parus entre 1817 et 1824 posent
encore les problématiques auxquels les journalistes d'aujourd'hui
continuent d'être confrontés sur la fiabilité des sources, la
manipulation de l'information par les belligérants, la difficulté
de mettre sous le boisseau ses propres convictions, etc.
Enfin,
j'ai voulu conclure avec un essai de Domingo Faustino Sarmiento qui est la première
pierre de l'étrange légende qui a été construite après coup sur
la personne de San Martín, cette légende qui tout à la fois le
magnifie et le vide de son œuvre politique révolutionnaire, pour ne
laisser en place qu'un bronze martial et éblouissant, mais qui sonne
creux !
Signature de Sarmiento en tête de son essai, dans l'edition française originale (1844) |
Rendez-vous
en 2015 pour un autre livre et un autre domaine, mais toujours en
lien avec l'Argentine, bien sûr.
Pour lire tous les articles relatifs à ce nouvel ouvrage, cliquez sur le mot-clé SnM ant Jasmin, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, ou sur l'image de la couverture dans la Colonne de droite.
(1)
Dans ce calcul, je compte pour un seul document les nombreux extraits
de la Gazette de Lausanne, rassemblés dans l'annexe de l'ouvrage, à
côté de passages choisis d'un essai de Domingo Faustino Sarmiento,
sur la guerre d'indépendance et les rôles comparés de San Martín
et Bolívar, lui aussi œuvre d'un Argentin écrivant directement
dans notre langue.