samedi 3 mai 2014

Un hommage au Padre Mujica 40 ans après son assassinat [à l'affiche]


Le père Carlos Mujica était né en 1930. Prêtre tiers-mondiste argentin, il a expérimenté certaines difficultés avec une partie de la hiérarchie catholique comme les prêtres-ouvriers en France, après la grande explosion d'initiatives pastorales en tout genre qui suivit le Concile Vatican II. Il a exercé l'essentiel de son ministère dans les bidonvilles de Buenos Aires, notamment à la Villa 31 du quartier de Retiro, où il a fondé une paroisse. Plusieurs de ses projets et chantiers sont été réalisés sous la tutelle du ministère du Bien-Etre social mais il a dû abandonner cette partie de son travail à la suite d'accusations de corruption, dont il se déclarait innocent, et qui provenaient d'un responsable de la Triple A, milice soi-disant anticommuniste (en réalité hostile à toute la gauche non péroniste), dont il fait peu de doute qu'elle fut fondée par Isabel Perón, sinon par Perón lui-même, à leur retour d'exil.
Carlos Mujica était un militant de la libération nationale, une fraction de l'ultra-gauche péroniste, celle qui allait payer le plus lourd tribut à la répression politique de la dictature militaire des années 1976-1983. Mais Mujica était mort avant...

Ici, extrait d'une émission du très médiatique historien sympathisant péroniste Felipe Pigna
qui présente une interview du père Mujica peu de temps avant sa mort.
Remarquez la manière dont il se définit lui-même, si typique de ces prêtres militants de gauche juste après la clôture du Concile : "je suis un prêtre de Jésus Christ" (il passait par pertes et profits la communion avec l'Eglise universelle. C'est l'une des raisons qui ont valu à ces ministres ordonnés bien des contentieux avec les hiérarchies diocésaines un peu partout sur le continent).

Mujica a été assassiné d'une rafale d'arme à feu le 11 mai 1974, alors qu'il sortait de la messe qu'il venait de célébrer à Villa Luro, un autre quartier défavorisé de la capitale argentine. L'affaire n'a jamais été tirée parfaitement au clair mais il est très probable que les criminels aient appartenu à la Triple A et qu'ils aient été conduits par l'auteur des accusations calomnieuses lui-même, López Vega.

Figure emblématique du courant social de l'Eglise argentine et sud-américaine, l'un des premiers curas villeros dont on a tant parlé il y a un an après l'élection de l'actuel Souverain Pontife, présent en effigie sur de nombreux murs à Buenos Aires, tous les ans à la même époque, la télévision et la radio publiques lui rendent hommage.

Cette année, pour les quarante ans de sa disparition, c'est tout le mois de mai qui verra fêter son souvenir avec une série de soirées musicales organisées conjointement par les deux instituions médiatiques, chaque samedi de mai, à 18h, dans le grand studio de la télévision situé à Palermo (Figueroa Alcorta 2977).
L'entrée est libre et gratuite, dans la limite des places disponibles, et ça commence ce soir avec un orchestre argentin de cumbia et la chorale (coro) de la Villa 31 de Retiro....

Pour aller plus loin :
Rendez-vous sur le site Internet de la télévision publique (autrefois connue comme Canal 7) et sur sa page Facebook.