Hier,
la Présidente a assisté pour la première fois depuis de nombreuses
années à ce que les Argentins appellent le Te Deum historique, qui
se tient chaque 25 Mai à la cathédrale de Buenos Aires. C'est une
tradition importante puisque ce Te Deum a été mis en place en 1813,
à la cathédrale portègne, par l'Assemblée de l'An XIII, tout
premier corps législatif élu et national de la future Argentine,
alors Provinces-Unies du Sud et encore juridiquement fidèle à
l'Espagne révolutionnaire de 1808 (voir à ce propos mes articles sur le Bicentenaire, que vous trouverez dans la Colonne de droite, dans la rubrique Petites Chronologies).
Cristina
Kirchner assistait depuis plusieurs années au Te Deum dans l'une ou
l'autre Province pour éviter les homélies du cardinal Bergoglio,
avec lequel elle et son mari entretenaient des relations difficiles
depuis que lui s'était senti visé par un avertissement sur le
risque de voir les principes démocratiques s'affaiblir du fait du
vide électoral qui s'était installé après le krach financier de
la Noël 2001.
Depuis
le cardinal Bergoglio est devenu le Pape François et les fâcheries
sont oubliées (je vous renvoie à mon article d'hier sur la énième péripétie sur ce thème). La Présidente regagne donc le bercail et se rend à
la messe sur Plaza de Mayo, une messe présidée par l'actuel
archevêque, le récemment cardinalisé Mario Poli. Elle avait
annoncé dès l'année dernière qu'elle reviendrait désormais dans
la Capitale fédérale. Et elle a donc tenu parole.
Du
coup, elle a croisé et salué, avec le sourire de part et d'autre !,
son adversaire politique, Mauricio Macri, le Chef du Gouvernement de
la Ville Autonome de Buenos Aires, l'un et l'autre installés au
premier rang, seuls, de part et d'autre de la nef centrale. En soi,
c'est déjà un beau symbole de la fête nationale que cette
cohabitation pacifique de ces deux-là.
Et
Cristina a attiré l'attention en manifestant son émotion pendant la
célébration et en se montrant très aimable et fort cordiale à
l'endroit du primat d'Argentine, avec lequel elle a salué le
mausolée du général San Martín, el Padre de la Patria
(1778-1850), qui repose dans une chapelle latérale de l'église
métropolitaine depuis mai 1880.
Les
journaux font une part de leurs gros titres avec cette fête
nationale mais c'est tout de même le Pape se recueillant au pied du
mur de séparation en Terre Sainte qui emporte les suffrages en
matière d'illustration photographique, sauf sur Página/12, ce qui
ne saurait surprendre mes lecteurs fidèles qui commencent à
connaître les tendances ultra-kirchneristes de ce quotidien.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12 sur le Te Deum, lui qui titre sur la fête
musicale et le discours de la Présidente, la nuit venue, sur la
grande scène dressée sur Plaza de Mayo
lire
l'article de Clarín
lire
l'article de La Nación sur les homélies des Te Deum, avec une
couleur d'opposition, pour ne pas changer
lire
l'article de La Nación sur la rencontre de Cristina et Macri hier
lire
l'article de La Prensa sur les deux sujets en un seul article.