Après cette année exceptionnelle pour
elle, avec les retrouvailles avec son petit-fils, Guido (aujourd'hui Ignacio Guido) né à la fin de la
captivité de sa fille disparue, Laura, Estela de Carlotto fait dans
les colonnes de Página/12 un bilan de 2014 et parle des défis qui
attendent l'Argentine sur le plan des droits de l'Homme en 2015,
année électorale, où d'ores et déjà plusieurs caciques de
l'opposition ont affirmé leur intention d'en rabattre sur la
question, quand ils n'ont pas traité d'arnaque ou de mensonge le combat des
ONG des droits de l'Homme.
–¿Cómo es el balance del año que
termina, el año en que apareció Ignacio Guido?
–El balance personal que hago es que
fue un año maravilloso. El año en el que encontré a mi nieto
después de 36 años de buscarlo. Encontré a un ser humano
maravilloso también, buena persona, sensible, totalmente dispuesto a
incorporarse a su familia biológica, a su verdad, con una vocación
musical espléndida. Fue un premio enorme a tanta lucha encontrarlo
y, además, no tener que pasar lo que ha pasado en otros casos, que
es una resistencia a la verdad, porque a veces duele y los chicos al
principio no quieren saber, aunque luego cuando saben son libres. No
me tocó pasarlo. Me resultó un poco difícil dividir mi rol de
presidenta de Abuelas de Plaza de Mayo del de abuela de mi nieto,
porque tanto recuperar nietos anteriores, año tras año, ver el
disfrute, el crecimiento de ellos y aconsejar a las abuelas que
tengan paciencia, que tengan en cuenta los tiempos, las actitudes que
hay que tener para no mortificarlos y que resue(l)van sus cosas...
esta vez me tocó a mí tener templanza, tener ese equilibrio, que lo
tengo.
Página/12
- Quel est le bilan de l'année qui se
termine, l'année où est apparu Ignacio Guido ?
- Le bilan personnel que je dresse est
que ça a été une année merveilleuse. L'année où j'ai trouvé
mon petit-fils après trente-six ans à le chercher. J'ai trouvé un
être humain merveilleux aussi, quelqu'un de bien, de sensible,
totalement disposé à s'incorporer à sa famille biologique, à sa
vérité, avec une splendide vocation de musicien. Cela a été une
récompense formidable après avoir tant lutté pour le trouver, et
en plus, ne pas avoir à subir ce qui s'est passé pour d'autres cas,
c'est-à-dire une résistance à la vérité, parce que parfois ça
fait mal et les jeunes, au début, ne veulent pas savoir, même si
par la suite quand ils savent, ils sont libres. Je n'ai pas eu à
subir ça. Il s'est avéré un peu difficile de séparer mon rôle de
présidente des Grands-Mères de la Place de Mai et celui de
grand-mère de mon petit-fils, parce que récupérer autant de
petits-enfants avant, année après année, voir les réjouissances,
leur développement à eux, conseiller les grands-mères, leur dire
qu'elles devaient avoir de la patience, qu'il fallait qu'elles
tiennent compte du temps, les attitudes à avoir pour ne pas les
blesser et pour qu'ils puissent trouver leurs solutions... Cette
fois-ci, c'était à moi de temporiser, d'avoir cet équilibre,
maintenant qu'il est là, avec moi.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿Pudo ceñirse al manual?
–Fui un poco contradictoria porque yo
decía “ustedes no lo provoquen si él no quiere darles un abrazo”
y yo quería abrazarlo. Transgredí de alguna manera suavemente esos
códigos. Quiero verlo, quiero que nos conozcamos Y lo estamos
haciendo. Pero yo misma me modero, soy cerebral y como yo también
soy medida en mis actos de afecto, lo entiendo perfectamente. Es el
primer año para brindar por la vida y para brindar con la silla que
estaba vacía ya ocupada, con la familia completa y con lo que
también me tocó vivir con una tranquilidad espiritual enorme
pensando en Laura, la mamá. Al papá no lo conocía, ahora lo
conozco y estoy orgullosa de ese papá, porque fue una persona
maravillosa de la que ha heredado mucho mi nieto. Pero pienso en
Laura, que es la que me empujó y sigue empujando en esta lucha tan
larga, creo que ahora estará en paz, ahora me dirá “mamá, misión
cumplida”. La tengo siempre a mi lado en mis pensamientos pero
ahora con paz, es una cosa distinta, no angustiosa. Yo repetí una
frase por el mundo que me la están haciendo recordar ahora y es que
no me quería morir sin encontrar y abrazar a mi nieto. Eso se
cumplió felizmente.
Página/12
- Vous avez pu vous en tenir au manuel ?
- J'ai été un peu contradictoire parce
que c'était moi qui disais : "Il ne faut pas que vous le
provoquiez s'il ne veut pas vous prendre dans ses bras", et je voulais
le prendre dans mes bras moi-même. J'ai pas mal transgressé tous ces codes d'une
certaine manière. Je veux le voir, je veux que nous
nous connaissions. Et on est en train de le faire. Mais je me modère
moi-même, je suis cérébrale et comme je suis aussi retenue dans
mes gestes d'affection, je le comprends parfaitement. C'est la
première année où je fête la vie, où je la fête avec la
chaise qui était vide et qui est maintenant occupée, avec la
famille au complet et avec ce qu'il m'advient de vivre avec une
formidable tranquillité spirituelle lorsque je pense à Laura, la
maman. Le papa, je ne savais pas qui c'était, maintenant je sais et
je suis fière de ce papa, parce qu'il était quelqu'un de
merveilleux et mon petit-fils a beaucoup hérité de lui.
Mais je pense à Laura qui est celle qui m'a poussée et continue à
me pousser à ce combat aussi long, je crois que maintenant elle est
en paix, maintenant elle me dit "Maman, mission accomplie !". Elle
est toujours à mes côtés, dans mes pensées, mais maintenant dans
la paix, c'est autre chose, ce n'est pas anxiogène. J'ai répété
une phrase pour le monde qui me la fait rappeler maintenant et c'est
que je ne voulais pas mourir sans trouver mon petit-fils et le prendre dans mes bras. Voilà qui est heureusement accompli.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
[…]
–Justamente el año que viene es
electoral y ha empezado a aparecer el tema de los derechos humanos en
declaraciones de distintos candidatos...
–Los organismos que siempre
trabajamos juntos, Madres de Plaza de Mayo Línea Fundadora,
Familiares de Desaparecidos y Detenidos por Razones Políticas e
Hijos, deberíamos pedir a los candidatos que nos muestren, que hagan
público, su proyecto sobre los derechos humanos del pasado y los
derechos humanos del presente que están violentados, no porque ahora
el Estado lo propicie, sino como una situación emergente de malos
gobiernos o de la dictadura. Ya están largando algunas frases
lapidarias, primero que hay curros, y lo generalizan y así nos
involucran a todos y nos ofenden a todos. También dicen que hay que
mirar para adelante, que basta con el pasado, “estoy harto de
hablar de la dictadura”, dicen los periodistas que comparten esos
criterios con esos políticos. Debe ser parte de una política
institucional democrática, no partidaria, porque queremos saber y
que el pueblo sepa. Hay que pedir que hagan público sus proyectos
sobre los derechos humanos violentados por la dictadura
cívico-militar y lo que hoy en día se siguen cometiendo cuando una
persona no tiene trabajo, no tiene casa y sus hijos se enferman y no
tienen atención médica o niños que todavía pasan hambre. Que
digan si quieren enriquecer a los más ricos o repartir con los que
menos tienen.
Página/12
- Justement, l'année qui vient est une
année électorale et on a commencé à voir apparaître la question
des droits de l'homme dans les déclarations de différents
candidats...
- Nous, les organismes qui ont toujours
travaillé ensemble, Madres de Plaza de Mayo Línea Fundadora (1),
Familiares de Desaparecidos y Detenidos por Razones políticas et
H.I.J.O.S, nous devrions demander aux candidats de nous montrer, de
rendre public leur programme concernant les droits de l'Homme du
passé et les droits de l'Homme du présent (2) qui sont violés, non
parce que l'Etat maintenant encourage cette violation, mais comme une
situation qui découle de mauvais gouvernements (3) ou de la
dictature. Ils sont là à balancer une ou deux phrases lapidaires,
ils commencent par dire qu'il y a des arnaques et puis ils
généralisent et comme ça, ils nous impliquent tous et c'est nous
tous qu'ils insultent. Ils disent aussi qu'il faut regarder devant
nous, que le passé ça suffit, « j'en ai assez de parler de la
dictature » disent les journalistes qui partagent ces points de
vue avec ces politiciens-là. [Cette question] doit faire partie
d'une politique institutionnelle démocratique, et non pas partisane,
parce que nous voulons savoir et [nous voulons] que le peuple sache
(4). Il faut demander qu'ils rendent publics leurs programmes sur les
droits de l'homme vilés par la dictature civico-militaire et ce
qu'on continue à faire de nos jours quand quelqu'un n'a pas de
travail, n'a pas de toit et que ses enfants tombent malades et qu'ils
ne bénéficient pas de soins médicaux ou des enfants qui souffrent
encore de la faim. Qu'ils disent s'ils veulent enrichir les plus
riches ou distribuer à ceux qui ont moins.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿Piensa que puede haber un
retroceso en este tema?
–No creo que haya un retroceso. Creo
que la sociedad está más que preparada para evitarlo. Esté el
gobierno que esté, este tema tiene que continuar, no se puede volver
para atrás, debe ser política de Estado y debe haber un compromiso
en el proceso de la verdad, la memoria y la justicia.
–¿Hay sectores que separan “los
derechos humanos del pasado”, los juicios a los represores, de los
derechos económicos y sociales, como si hubiera que optar por una
cosa o la otra?
–En la violación a los derechos
humanos no hay opción. Es una mala intención manifiesta. No se
puede separar una historia de terror de la que todos fuimos víctimas,
aunque muchos no lo cuentan por miedo o pudor. Ahora estamos
liberándonos de esa clausura de la memoria que han pretendido y hay
gente que recién está reconociendo y diciendo cosas. Como maestra
que fui, digo que hay que alentar a que se escriban todas las páginas
de los libros, toda la historia. En los libros con los que yo
enseñaba había cosas de las que no se hablaba: dictadores, golpes
de Estado, opresión. Ahora estamos aprendiendo a mirar las cosas en
un siglo nuevo en un mundo nuevo.
Página/12
- Pensez-vous qu'il peut y avoir un recul
sur cette question ?
- Je ne crois pas qu'il y ait de recul.
Je crois que la société est plus que préparée pour éviter ça.
Quel que soit le gouvernement, cette question doit rester dans
l'actualité, on ne peut pas revenir en arrière, il faut que ce soit
une politique d'Etat et qu'il y ait un engagement dans le processus
de vérité, de mémoire et de justice (5).
- Y a-t-il des groupes qui séparent les
droits de l'Homme du passé, les procès contre les bourreaux, des
droits économiques et sociaux, comme s'il fallait choisir entre les
uns ou les autres ?
- Sur la violation des droits de l'Homme,
il n'y a pas de choix qui vaille. C'est une intention maligne manifeste. On ne
peut pas évacuer l'histoire de terreur dont nous avons tous été
victimes, bien que beaucoup n'en parlent pas par peur ou par honte. A
présent, nous sommes en train de nous libérer de cette clause de
l'oubli qu'ils ont feint (6), il y a des gens qui commencent à
reconnaître et à dire des choses. Comme enseignante que j'ai été,
je vous dis qu'il faut encourager l'écriture de toutes les pages des
livres, de toute l'histoire. Dans les livres que j'utilisais pour
enseigner, il y avait des choses dont on ne parlait pas : des
dictateurs, des coups d'Etat, de l'oppression. Maintenant nous sommes
en train d'apprendre à regarder les choses dans un siècle nouveau,
dans un monde nouveau.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–Pero algunos candidatos parecen
decir que hacer los juicios a los represores implica no ocuparse de
“los derechos humanos del presente”.
–Entonces no viven en la Argentina.
Si uno no se da cuenta que para el Día del Niño están los negocios
llenos, si no se dan cuenta que bajó la tasa de desocupación, que
se hizo la ayuda familiar para que quienes no tiene trabajo puedan
tener un ingreso, que se dan posibilidades para que la gente tenga su
techo, eso son derechos humanos que se van paleando. El Estado está
haciendo un esfuerzo en ese sentido y lo anuncia, pero en los diarios
monopólicos no sale.
Página/12
- Mais quelques candidats semblent dire
que mener les procès contre les bourreaux impliquent de ne pas
s'occuper « des droits de l'Homme du présent ».
- Alors c'est qu'ils n'habitent pas en
Argentine. Si tu ne te rends pas compte que pour la Fête des Enfants
(7) les magasins sont pleins, s'ils ne se rendent pas compte que le
taux de chômage a baissé, qu'on a lancé le soutien aux familles
pour que ceux qui n'ont pas de travail puissent avoir un revenu,
qu'il y a des solutions pour que les gens aient un toit, ça, c'est
des droits de l'Homme qu'on est en train de récolter. L'Etat est en
train de faire des efforts dans ce sens et il en parle, mais dans les
journaux des monopoles [médiatiques], on n'en parle pas. (8)
(Traduction Denise Anne Clavilier)
[...]
–De los candidatos de los otros
partidos, ¿alguno le genera más desconfianza que otro?
–Más desconfianza que (Mauricio)
Macri me da (Sergio) Massa. Porque Macri siempre fue así, nunca
fingió, en cambio Massa fue un corderito y terminó siendo lobo. Fue
abierto con nosotros cuando era intendente y era parte del gobierno
de Néstor y Cristina. Pero después se acabó. Uno se pregunta
entonces qué pasó ¿fingió antes o ahora se vendió?, ¿qué pasa
que cambió 180 grados?
–¿Cómo se imagina la relación con
las Abuelas si alguno de ellos es Presidente?
–Nosotras somos súper respetuosas de
la legalidad, sea quien fuere el gobierno, intendente, gobernador. Si
somos convocadas vamos, siempre que sea por algo vinculado a los
derechos humanos, se entiende. Si se abre alguna puerta no la
cerramos. El diálogo tiene que existir porque convivimos en una
patria y no somos enemigos, podemos ser contendientes políticos en
todo caso, podemos pensar de distintas maneras, pero la legalidad y
el respeto al voto popular está sobre todo.
–Algunos se asombraron porque saludó
a Menem en el Senado la semana pasada.
–¡Me vino él a saludar! Y yo soy
muy educada. Me encontré con un ancianísimo. Yo soy una ciudadana.
El me recibió cuando lo pedimos. Hizo mucho malo, pero en su
gobierno se creó la Conadi (Comisión Nacional por el Derecho a la
Identidad) y Alicia Pierini levantó la Secretaría de Derechos
Humanos. Si él cometió delitos está la Justicia investigando,
tiene algunos juicios. Yo no simpatizo con él. La gran traición fue
el indulto. Cuando los organismos de derechos humanos nos reunimos
con él para que no indulte, dijo que iba a hacer lo mejor para el
pueblo. Y los liberó a todos, cerró el círculo de impunidad. El es
parlamentario y si está ahí, lo eligieron. A un Menéndez, a un
Bignone, yo no saludo, ahí hay todo horror y muerte.
Página/12
- Des candidats des autres partis (9), il
y en a un qui provoque chez vous plus de méfiance qu'un autre ?
- Celui qui provoque chez moi la plus
grande méfiance, ce n'est pas Mauricio Macri, c'est Sergio Massa.
Parce que Macri, il a toujours été comme ça, il n'a jamais fait
semblant. Tandis que Massa a été un petit agneau qui a fini par se
transformer en loup. Il a été très ouvert envers nous quand il
était maire et qu'il faisait partie du gouvernement de Néstor et de
Cristina [Kirchner, depuis 2003]. Mais ensuite tout s'est envolé. Tu
peux donc te demander ce qu'il s'est passé. Il faisait semblant
avant ou il a vendu son âme maintenant ? Qu'est-ce qu'il s'est
passé pour qu'il vire à 180° ?
- Comment vous imaginez-vous la relation
avec les Grands-Mères si l'un des deux est élu président ?
- Nous, nous sommes super-respectueuses
de la légalité, quel que soit le gouvernement, le maire, le
gouverneur. Si on nous invite, on y va, à chaque fois que c'est lié
d'une manière ou d'une autre aux droits de l'Homme, cela va sans
dire. Si une porte s'ouvre, ce n'est pas nous qui allons la fermer.
Le dialogue doit exister parce que nous vivons tous dans une même
patrie et nous ne sommes pas des ennemis. Nous pouvons être des
adversaires politiques sur tout, nous pouvons penser de manière
différentes [les uns des autres] mais la légalité et le respect du
scrutin populaire, c'est au-dessus de tout.
- Quelques personnes se sont étonnées
de vous voir saluer Menem au Sénat la semaine dernière.
- Mais c'est lui qui est venu me saluer !
Je suis très polie, moi. Je me suis retrouvée face à un tout petit
vieux (10). Je suis une citoyenne. Lui m'a reçue quand nous lui
avons demandé. Il a fait beaucoup de mal, mais c'est sous son
gouvernement qu'a été créée la Conadi (Commission Nationale pour
le Droit à l'Identité) (11) et Alicia Pierini a mis en place le
Secrétariat d'Etat aux Droits de l'Homme. S'il a commis des
forfaits, la Justice est là pour enquêter (12), il a quelques
procès [à ses basques]. Je n'ai pas de sympathie pour lui. Sa
grande trahison a été l'amnistie [des crimes de la dictature].
Quand nous, les organismes de droits de l'Homme, nous sommes allés
le voir pour qu'il n'accorde pas d'amnistie, il nous a dit qu'il
allait faire ce qui était le meilleur pour le peuple. Et il les a
tous mis en liberté, il a refermé la boucle de l'impunité. Il est
parlementaire et s'il est là, c'est parce qu'on l'a élu. Un
Menéndez, un Bignone (13), je ne les salue pas. Là tout est horreur
et mort.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
[…]
–Estuvo con el Papa, ¿están
esperando que se abran los archivos, ya están trabajando en eso?
–Ya estamos trabajando. Con (el
presidente de la Conferencia Episcopal, José María) Arancedo y su
gente. Cuando fui con mis nietos a Roma no hablé con el Papa de eso
porque fui como abuela de un nieto que él quiso conocer. No fui
institucionalmente. Pero el tema está activo. Hemos recibido
informaciones de la Iglesia y se están buscando archivos. Ha salido
del Vaticano esta resolución acerca de que si hay argumentos, se
pueden pedir desarchivos, pero hay que fundamentarlo y hay que
hacerlo a través de la Justicia.
Página/12
- Vous avez vu le Pape (14).
Attendez-vous toujours l'ouverture des archives ou travaillez-vous
déjà dessus ?
- Oui, nous travaillons déjà dessus.
Avec (le président de la Conférence épiscopale, José María)
Arancedo et tout son monde. Quand je suis allée avec mes
petits-enfants à Rome, je n'ai pas parlé avec le Pape de ça parce
que j'y suis allée comme grand-mère d'un petit-fils qu'il a voulu
rencontrer. Je n'y étais pas à titre institutionnel. Mais la
question reste ouverte. Nous avons reçu des informations de l'Eglise
et les archives sont en train d'être fouillées. Du Vatican est
venue une résolution sur le fait que s'il y a des arguments, on peut
demander la levée du secret des archives mais il faut fonder ça [en
droit] et le faire à travers la Justice.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Pour aller plus loin :
lire l'intégralité de l'interview
dans Página/12
(1) Depuis quelque temps, le fossé
s'est creusé ouvertement entre Madres de Plaza de Mayo et Abuelas, à
la suite de révélations sur des engagements comptables et
financiers, en tout ou partie de subventions publiques accordées à
l'ONG, sur lesquels la présidente de Madres n'a toujours pas donné
d'explications bien convaincantes, se réfugiant derrière son
ignorance des documents qui ont été signés par elle-même ou ses
délégataires. La défense adoptée par Sarkozy concernant les
scandales Bygmalion, Sarkothon et autres dépassements de budget. La
chose ne passe pas auprès de Estela de Carlotto qui vit très mal
que toutes les ONG des droits de l'homme soient mises dans le même
panier par la presse d'opposition et, par conséquent, une partie de
l'opinion publique, qui commençait peu à peu de leur être acquise.
Cette partie de l'opinion publique qui s'informe à travers les
télévisions et les radios privées.
(2) Ce sont les distinctions subtiles
faites par Mauricio Macri et par Sergio Massa il y a quelques
semaines (voir mon article du 15 décembre 2014 à ce sujet).
(3) Ce sont les dix années de Carlos
Menem, les années 1990, qui sont ici visées. Des années d'un
libéralisme ultra-dérégulé.
(4) Allusion à une célèbre
réclamation du peuple devant le Cabildo de Buenos Aires le 25 mai
1810 : « Le peuple veut savoir de quoi il retourne ! »
Un équivalent en France de « Allez dire à votre maître que
nous sommes là par la volonté du peuple et que nous n'en sortirons
que par la force des baïonnettes ». Voir mon article du 25 mai 2010 sur cette journée historique et fondatrice en Argentine.
(5) La formule Verdad, memoria y
justicia correspond à ce que nous appelons le "devoir de mémoire".
C'est la formule consacrée pour désigner les processus judiciaires
et mémoriels autour des crimes de la dictature militaire de
1976-1983 (dite aussi dictature civico-militaire parce que des civils
l'ont appuyée, dans la magistrature, la police, l'Eglise et le corps
médical en particulier).
(6) Estela de Carlotto fait ici
allusion aux systèmes de défense montés autour des bourreaux ou
des témoins complices des faits, qui ont presque toujours prétendu
jusqu'à présent avoir oublié ce qu'ils avaient fait ou vu à tel
endroit et à telle époque devant tous les juges et tous les
enquêteurs.
(7) Le troisième dimanche du mois
d'août. Je souscris complètement à ce que dit Estela de Carlotto.
Chaque année au mois d'août lorsque je retourne passer trois à
quatre semaines à Buenos Aires, je constate que dans tous les
quartiers, les commerces proposent un choix de produits très variés,
avec un éventail de prix, d'entrée de gamme au haut de gamme, et
ils travaillent à un bon rythme, fête des enfants ou pas. Et je ne
parle pas des magasins à touristes mais des boutiques et stands de
marché fréquentés par les Portègnes, au quotidien.
(8) Cette partie de la déclaration est
à rapprocher de ce que disait samedi dernier Raúl Zaffaroni, membre
honoraire de la Cour Suprême, dans mon article du 3 janvier 2015 ou
directement dans l'interview qu'il a donnée à Página/12.
(9) Spontanément le journaliste de
Página/12 divise en deux le paysage politique argentin : il y a
d'un côté le Frente para la Victoria (FpV), c'est-à-dire le parti
de la présidente en fonction, et de l'autre, tout le reste... Même
Página/12 n'échappe pas aux façons de manipuler l'exercice de
l'interview. Même avec la meilleure volonté du monde, c'est très
difficile de maintenir tout le temps des pratiques pluralistes dans
la presse.
(10) En décrivant ainsi ce grand
séducteur sans scrupule, très vieux beau, qu'est Carlos Menem, elle
lui applique une super-paire de claques bien retentissantes !
(11) que préside actuellement sa
fille. Ce qu'un article récent de La Prensa stigmatisait au sujet
des turbulences à l'Institut de Révisionnisme historique Dorrego (voir mon article du 20 décembre 2014)
(12) Carlos Menem est impliqué dans
plusieurs affaires de corruption comme celle de vente illégale de
certaines parties du domaine public et de complicité dans l'attentat
contre l'AMIA qui a fait 85 morts et 300 blessés dans la rue Pasteur
à Buenos Aires, le 18 juillet 1994.
(13) Deux des chefs de la Dictature.
(14) Allusion à la visite du 5
novembre 2014 (voir mon article du lendemain).