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Ce
matin, El Observador et El País reviennent, un jour férié, sur la
décision pontificale annoncée dimanche midi de créer cardinal le
jeune archevêque de Montevideo, Daniel Sturla (1).
El
Observador publie une interview du nouveau cardinal et El País le
suit dans ses activités pastorales dans le quartier dit de l'Hippodrome, en soulignant qu'il s'agit pour
lui encore et toujours d'être présent auprès des populations
défavorisées, un enjeu d'importance en Amérique Latine, pour la
paix et le développement.
Extraits
de l'interview, à lire dans son intégralité sur le site de El
Observador (en cliquant sur le lien).
En
la parcourant, on comprend un peu mieux l'étrange et rapide changement
d'attitude des catholiques et des Uruguayens en général entre le
vote au Parlement de la loi permettant l'avortement (voir mon article du 18 octobre 2012) et celui de la loi établissant le mariage pour
les couples de même sexe (voir mon article du 11 avril 2013)
-¿La
noticia de ser cardenal, no la esperaba, lo sorprendió?
-Totalmente
sorprendido. No tenía idea.
-¿Alguien
del Vaticano ya lo llamó, o usted llamó?
-En
realidad, con el tema de los teléfonos he estado medio complicado
porque prácticamente no los he atendido. Permanente está sonando.
En Uruguay está la Nunciatura que es la embajada del papa y el
domingo, después de saberse la noticia, el padre Matías Roter, de
la Nunciatura, se comunicó conmigo y fue a la misa de la Catedral.
Para ellos también fue una sorpresa. Eso si es algo nuevo del papa
Francisco. Por lo que entendí, antes el papa avisaba a la Nunciatura
del lugar donde se iba a nombrar un cardenal y se le decía a la
persona. Pero el papa Francisco avisa sin anestesia.
El
Observador
- La
nouvelle que vous étiez cardinal, vous ne l'attendiez pas. Elle vous
a surpris ?
- Tout
à fait surpris. Je n'y avais pas pensé.
- Quelqu'un
au Vatican vous a appelé ou est-ce vous qui avez appelé ?
- A dire vrai, cette histoire de téléphone, ça a été un vrai binz pour
moi parce que je n'ai pratiquement pas pu répondre. Ça
n'a pas arrêté de sonner. En Uruguay, il y a la Nonciature, qui est
l'ambassade du pape et dimanche, après avoir appris la nouvelle, le
père Matías Roter, de la Nonciature, a pris contact avec moi et il
est venu à la messe à la cathédrale. Pour eux aussi, ça a été
une surprise. C'est vraiment une nouveauté du pape François. Pour
ce que j'ai comris, auparavant, le pape informait la Nonciature du
lieu où allait être nommé un cardinal et on le disait à la
personne. Mais le pape François informe sans prendre de gants.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
-¿Por
qué cree que el papa Francisco miró a Uruguay, porque hay que poner
el dedo y señalar al país?
-Sin
dudas, el papa Francisco es argentino, es vecino. Creo que eso debe
haber tenido su influencia a la hora de señalar a Uruguay para
nombrar un cardenal. Y después, me parece, que el papa tiene mucho
cariño por Uruguay, por ser argentino sin duda. También creo que a
nuestra iglesia le viene bien un empujón del papa para esta tarea en
la que estamos todos metidos que es evangelizar y llevar la alegría
del Evangelio, especialmente a los que más necesitan.
El
Observador
- Pour
quelle raison croyez-vous que le pape François a jeté son regard
sur l'Uruguay, parce qu'il faut choisir le pays et bien le montrer ?
- Le
pape François est argentin, c'est clair, c'est un voisin. Je crois
que ça a dû jouer un rôle quand il a choisi l'Uruguay pour nommer
un cardinal. Et puis, à ce que je crois, le pape a beaucoup
d'affection pour l'Uruguay, sûrement parce qu'il est argentin. Je
crois aussi qu'un coup de pouce du pape, cela fait du bien à notre
Eglise dans sa tâche à laquelle nous sommes tous attelés, qui est
d'évangéliser et d'apporter la joie de l'Evangile, tout
particulièrement à ceux qui sont les plus défavorisés.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
-Y
hoy ya nombrado cardenal, que es una responsabilidad muy alta, se
vino para un barrio pobre. ¿No cambió nada para usted?
-En
todos mis años de sacerdote y obispo he participado en misiones en
barrios populares junto con grupos de jóvenes ya sea en el interior
o en barrios de Montevideo. Yo estaba acá de misión desde el 31 de
diciembre que me vine a vivir hasta el 6 de enero. Cuando me llegó
la noticia había ido a Radio Oriental y tenía misa en la Catedral,
pero después me vine para acá para seguir la misión. En estos días
estoy viviendo acá.
El
Observador
- Et
aujourd'hui que vous êtes créé cardinal, ce qui est une
responsabilité très lourde, vous venez dans un quartier pauvre.
Cela n'a rien changé pour vous ?
- Tout
au long des années que j'ai vécues comme prêtre et évêque, j'ai
pris part à des activités pastorales dans les quartiers populaires
avec des groupes de jeunes, que ce soit dans l'arrière-pays ou dans
des quartiers de Montevideo. J'étais là en mission depuis le 31
décembre, quand je suis venu habiter ici jusqu'au 6 janvier. Quand
la nouvelle est arrivée, j'étais allé à Radio Oriental et j'avais
une messe à la cathédrale mais après, je suis revenue ici pour
continuer le travail. Tous ces jours-ci, c'est ici que j'habite.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
-Usted
que conoce los barrios. En las zonas pobres se está perdiendo más
la fe?
-No
se si está perdiendo más la fe, o pasa aquello que el padre Cacho,
que murió hace 20 años, decía y es que en general en Uruguay pasó
algo muy doloroso que es la tradición tan laicista en el sentido de
sacar a Dios, laicista en el sentido anacrónico del S XX como se la
vivió, con un arrinconamiento de la iglesia y de lo religioso, eso
influyó mucho en toda la sociedad y de un modo especial en la gente
más sencilla. Y eso es una pena. Uno ve que hay gente muy buena pero
que le falta un soporte, digamos frente a la dificultad, para salir
adelante. Y creo que la fe es impresionante como transforma a las
personas. Lo hemos visto en estos días en este barrio donde hace
tres años que se está trabajando. Hay gente que estaba en
situaciones de drogas, de alcoholismo, de apartamiento de Dios, de
violencia, y que gracias a la fe hoy han cambiado totalmente su vida,
se reencontraron consigo mismo, trabajan, tienen el deseo de mejorar
y se los ve limpios, bien. Eso es fantástico. Uno descubre como la
fe es capaz de transformar a las personas.
El
Observador
- Vous
qui connaissez les quartiers, on perd plus la foi dans les zones de
pauvreté ?
- Je
ne sais pas si on perd plus la foi ou s'il se passe ce que disait le
père Cacho, qui est mort il y a vingt ans, qu'en général en
Uruguay il s'est passé quelque chose de très douloureux, qui est
que la tradition tellement laïciste, dans le sens où il s'agit de
chasser Dieu, laïciste dans le sens anachronique de comment cela se
vivait au XXème
siècle, avec un repli sur soi de l'Eglise et du religieux, ça, ça
a eu une profonde influence dans toute la société et d'une manière
spéciale chez les gens les plus simples. Et c'est dommage. Vous
voyez qu'il y a des gens vraiment bien mais qu'il leur manque un
soutien, disons devant les difficultés, pour aller de l'avant. Et je
crois que c'est impressionnant la manière dont la foi transforme les
personnes. Nous l'avons vu ces derniers jours dans ce quartier-ci où
il y a trois ans qu'on fait ce travail. Il y a des gens qui
souffraient d'addictions aux drogues, d'alcoolisme, qui s'étaient
éloignés de Dieu, qui souffraient de violence, et grâce à la foi,
ils ont complètement changé de vie, ils se sont retrouvés
eux-mêmes, ils travaillent, ils ont le désir d'améliorer les
choses et on les voit tout propres, bien. Ça
c'est formidable. Vous découvrez comme la foi est capable de
transformer les personnes.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
On
peut donc en savoir plus en lisant l'intégralité de l'entretien et
en lisant l'article, consacré lui aussi à ces activités pastorales
dans ce quartier populaire, dans El País, avec une galerie de 11
photos du (de la) photographe A. Martínez, qui montre bien le niveau et les conditions de vie très sommaires de d'une population des plus modestes. Il faut voir
ces images pour se représenter ce qu'est ce travail socio-pastoral
auquel le Pape ne cesse d'appeler les fidèles, notamment lorsqu'il
parle de sortir vers les périphéries (même si les périphéries en
question se trouvent parfois au cœur des classes sociales les mieux
établies à vue humaine).
Bénédiction d'une statue de la Vierge Sur le tee-shirt du fidèle, on lit une phrase de ste Thérèse d'Avila ("A lui seul, Dieu nous suffit") Photo de A. Martínez, extraite de la galerie de El País |
A
travers la page Facebook de El País, l'internaute peut accéder à
un reportage vidéo de 3 minutes sur cette visite très enjouée,
avec interview de D. Sturla, sur fond musical joyeux et particulièrement sonore (il
faut sans doute avoir une bonne familiarité avec l'espagnol oral
pour saisir ce qui se dit).
Ajout du 9 janvier 2015 :
lire la dépêche de Télam (Argentine) qui a interviewé Daniel Sturla le jeudi 8 et qui retient surtout la joie du jeune archevêque devant l'élan pastoral apporté par le Pape François.
Ajout du 9 janvier 2015 :
lire la dépêche de Télam (Argentine) qui a interviewé Daniel Sturla le jeudi 8 et qui retient surtout la joie du jeune archevêque devant l'élan pastoral apporté par le Pape François.
(1)
Et je dois à mes lecteurs une rectification par rapport à mon tout
premier article, dimanche, sur le sujet : le prélat a en effet
eu la première information de son élévation à travers un coup de
fil juste après l'Angélus romain. Les nonces ne semblent donc pas
avoir été informés à l'avance, ce qui est très inhabituel, mais
ce qui a sans doute permis d'éviter que des personnes mal
intentionnées n'interviennent contre la décision du Pape, qui ouvre
très largement le collège cardinalice à des pays du monde
auxquelles Rome n'accordait jusqu'à présent pas la moindre
attention. Ceci dit, de son propre aveu, Monseigneur Sturla n'a rien
compris au message de son interlocuteur et il a juste été surpris
de recevoir au même moment deux SMS d'amis compatriotes qu'il savait
à Rome. Par conséquent, c'est encore la nonciature qui lui a appris
la nouvelle, lorsqu'un diplomate s'est présenté à l'improviste tôt
le matin à la cathédrale !