dimanche 4 janvier 2015

Revendication des Malouines dans les transports publics partout en Argentine [Actu]

Depuis le début de l'année, il est obligatoire dans toutes les gares, de toute sorte (routières, ferroviaires, fluviales, maritimes et aéronautiques), à bord de tous les véhicules publics (bus, embarcations fluviales ou maritimes, trains et avions) opérant sur le territoire argentin ou assurant une liaison entre l'Argentine et l'extérieur, d'afficher en bonne place la mention "Las Malvinas son argentinas" (1).

Pour ce slogan, le décret d'application impose même une charte graphique.

Esplanada aquatique du Museo de las Malvinas, pendant la Nuit des Musées 2014
On y voit les deux îles émergeant du bassin

Les Malouines ont été prises d'assaut par la Royal Navy le 3 janvier 1833, neuf ans après que la Grande-Bretagne avait reconnu l'indépendance et la souveraineté des Provinces Unies du Sud, l'un des premiers noms de la future Argentine. Ces îles, passablement inhospitalières, mais qui offraient une escale sur la route du Cap Horn, avaient fait depuis toujours partie du Vice-Royaume du Río de la Plata. En un demi-siècle d'existence de ce district colonial espagnol, elles avaient connu une trentaine de gouverneurs jusqu'en 1811, date à laquelle le gouverneur fut rappelé à cause de la révolution et des combats qui sévissaient au nord entre révolutionnaires et absolutistes. Paradoxalement l'Argentine reprit le contrôle concret de ces territoires en 1820, en y envoyant un nouveau gouverneur, alors même que la guerre civile entre fédéraux et unitaires éclatait et que l'Etat central disparaissait au profit des provinces qui se déclaraient indépendantes les unes des autres, les unes après les autres. Le dernier gouverneur argentin, Luis Vernet, s'est retiré devant les Britanniques pour aller chercher du secours mais Buenos Aires était alors rongée par la guerre civile, entretenue en sous-main par Encarnación de Ezcurra (2), pour le compte de son mari, Juan Manuel de Rosas, alors en exil dans le nord de la Patagonie, et l'Argentine n'était pas en mesure de repousser, cette fois-ci, cette avancée britannique (3).

Le tout nouveau musée Malvinas e Islas del Atlántico Sur, installé en 2014 sur le campus de l'ex-Esma, Libertador 8151, dans le quartier de Palermo, propose une exposition temporaire pour commémorer l'anniversaire de ce que de nombreux Argentins appellent l'usurpation coloniale britanniques sur les îles Malouines.

Reconstitution de la vie argentine aux Malouines avant l'attaque britannique
Photo extraite de la page Facebook du musée

Hier, samedi 3 janvier 2015, lors de l'inauguration de cette exposition, Marcelo Vernet, lointain descendant du dernier gouverneur est venu au musée faire une conférence sur son aïeul, sur ce qu'étaient ces îles sous la souveraineté argentine et sur cet épisode traumatisant de l'histoire nationale.

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Prensa sur la loi concernant les transports publics
lire l'article de Clarín sur le même sujet
lire la dépêche de Télam sur l'exposition à Palermo.
Consulter également la page Facebook du musée et son site Internet.


(1) Bien entendu, il est tout à fait utopique d'espérer que le Royaume-Uni rende jamais, à vue humaine, ces îles où l'on a récemment trouvé du pétrole, comme sur le continent ! Par ailleurs, la population insulaire, installée là depuis de nombreuses générations, n'a aucune envie de passer sous pavillon argentin. Ces gens parlent anglais et vivent à l'anglaise. Contrairement à la population de Gibraltar qui est bi-culturelle depuis plusieurs générations, sur les Malouines, le multi-culturalisme n'existe pas et la violence de la guerre de 1982 n'est pas encore pardonnée ni d'un côté ni de l'autre.
(2) Arrière-arrière grand-tante de Horacio Ferrer, qui était très fier de ce lien généalogique et historique...
(3) Plus tard, Juan Manuel de Rosas devait essuyer cette humiliation en tenant tête tout à la fois à l'Angleterre et à la France qui exigeaient le libre accès aux fleuves d'Argentine et en les faisant plier dans les années 1840. Buenos Aires gardait pourtant le souvenir glorieux d'avoir par deux fois repoussé l'envahisseur britannique en 1806 et 1807, lors que la Grande-Bretagne avait fait sa première tentative de prendre pied dans le sud du continent.