Depuis
le début de l'année, il est obligatoire dans toutes les gares, de
toute sorte (routières, ferroviaires, fluviales, maritimes et
aéronautiques), à bord de tous les véhicules publics (bus, embarcations
fluviales ou maritimes, trains et avions) opérant sur le territoire
argentin ou assurant une liaison entre l'Argentine et l'extérieur,
d'afficher en bonne place la mention "Las Malvinas son argentinas" (1).
Pour ce slogan, le
décret d'application impose même une charte graphique.
Esplanada aquatique du Museo de las Malvinas, pendant la Nuit des Musées 2014 On y voit les deux îles émergeant du bassin |
Les
Malouines ont été prises d'assaut par la Royal Navy
le 3 janvier 1833, neuf ans après que la Grande-Bretagne avait
reconnu l'indépendance et la souveraineté des Provinces Unies du
Sud, l'un des premiers noms de la future Argentine. Ces îles, passablement inhospitalières, mais qui offraient une escale sur la route du Cap Horn, avaient fait depuis toujours partie du
Vice-Royaume du Río de la Plata. En un demi-siècle
d'existence de ce district colonial espagnol, elles avaient connu une trentaine de
gouverneurs jusqu'en 1811, date à laquelle le gouverneur fut rappelé à cause de la révolution et des combats qui sévissaient au nord entre révolutionnaires et absolutistes. Paradoxalement l'Argentine reprit le
contrôle concret de ces territoires en 1820, en y envoyant un
nouveau gouverneur, alors même que la guerre civile entre fédéraux
et unitaires éclatait et que l'Etat central disparaissait au profit
des provinces qui se déclaraient indépendantes les unes des
autres, les unes après les autres. Le dernier gouverneur argentin, Luis Vernet, s'est retiré devant les Britanniques pour aller chercher du secours
mais Buenos Aires était alors rongée par la guerre civile,
entretenue en sous-main par Encarnación de Ezcurra (2), pour le compte
de son mari, Juan Manuel de Rosas, alors en exil dans le nord de la
Patagonie, et l'Argentine n'était pas en mesure de repousser, cette
fois-ci, cette avancée britannique (3).
Le
tout nouveau musée Malvinas e Islas del Atlántico Sur, installé en
2014 sur le campus de l'ex-Esma, Libertador 8151, dans le quartier de
Palermo, propose une exposition temporaire pour commémorer
l'anniversaire de ce que de nombreux Argentins appellent l'usurpation
coloniale britanniques sur les îles Malouines.
Reconstitution de la vie argentine aux Malouines avant l'attaque britannique Photo extraite de la page Facebook du musée |
Hier, samedi 3 janvier 2015, lors de l'inauguration de cette exposition,
Marcelo Vernet, lointain descendant du dernier gouverneur est venu au musée faire une conférence sur son aïeul, sur
ce qu'étaient ces îles sous la souveraineté argentine et sur cet
épisode traumatisant de l'histoire nationale.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de La Prensa sur la loi concernant les transports publics
lire
l'article de Clarín sur le même sujet
lire
la dépêche de Télam sur l'exposition à Palermo.
Consulter
également la page Facebook du musée et son site Internet.
(1)
Bien entendu, il est tout à fait utopique d'espérer que le
Royaume-Uni rende jamais, à vue humaine, ces îles où l'on a
récemment trouvé du pétrole, comme sur le continent ! Par
ailleurs, la population insulaire, installée là depuis de
nombreuses générations, n'a aucune envie de passer sous pavillon
argentin. Ces gens parlent anglais et vivent à l'anglaise.
Contrairement à la population de Gibraltar qui est bi-culturelle
depuis plusieurs générations, sur les Malouines, le
multi-culturalisme n'existe pas et la violence de la guerre de 1982
n'est pas encore pardonnée ni d'un côté ni de l'autre.
(2) Arrière-arrière grand-tante de Horacio Ferrer, qui était très fier de ce lien généalogique et historique...
(3)
Plus tard, Juan Manuel de Rosas devait essuyer cette humiliation en
tenant tête tout à la fois à l'Angleterre et à la France qui
exigeaient le libre accès aux fleuves d'Argentine et en les faisant
plier dans les années 1840. Buenos Aires gardait pourtant le
souvenir glorieux d'avoir par deux fois repoussé l'envahisseur
britannique en 1806 et 1807, lors que la Grande-Bretagne avait fait
sa première tentative de prendre pied dans le sud du continent.