Le
ministre argentin (et très néolibéral) de l'Energie et des Mines, Juan José Aranguren, le même
qui avant-hier avait annoncé les hausses massives des tarifs de gaz,
d'électricité et de carburant, vient de reconnaître publiquement
qu'il avait mis sa fortune à l'abri à l'étranger et qu'il l'y
maintiendrait tant qu'il n'aurait toujours pas confiance dans
l'économie argentine, dont il est l'un des décideurs politiques...
Ces
propos n'ont toutefois été ni repris ni commentés dans la presse
de la majorité puisque c'est aujourd'hui Vendredi Saint et que ces
journaux ne paraissent pas. Or ils sont d'autant plus scandaleux que
depuis sa prise de fonction, le gouvernement fait, sans aucun
résultat, la danse du ventre pour séduire les investisseurs
étrangers dont il attend qu'ils relancent l'économie du pays. Voilà
une attitude d'un ministre qui prêche par l'exemple, non ?
Il
y a quelques semaines, le gouvernement avait d'ailleurs déclaré,
avec le même manque de respect pour le contribuable honnête qui
déclare ses revenus et paye ses impôts, que mettre son argent sur
des comptes off-shore ne constituait pas un acte de corruption. Il
n'y a rien de mal à faire ça... D'après les gouvernants au pouvoir
à Buenos Aires, cette qualification ne peut s'appliquer qu'aux
dessous de table reçus par la majorité précédente. Ben voyons !
C'est
d'autant plus choquant que ce même ministre n'hésite pas à vanter
les mesures du gouvernement dont souffrent le plus les Argentins aux
bas revenus, comme ces hausses démentielles ou l'appel aux
importations qui étranglent la production locale.
Pour
en savoir plus :
lire
l'article de Página/12 sur les propos du ministre qui s'est dit se
trouver comme le chat échaudé qui craint l'eau froide (1), parce
que sous le gouvernement précédent, l'Argentine avait mis en place
un contrôle des changes pour forcer le cours intérieur de la
monnaie nationale, qui est toujours inconvertible
lire
l'article de Página/12 sur les réactions à gauche, où les
déclarations cyniques du ministre soulèvent le tollé que l'on
imagine
lire
l'entrefilet de La Nación sur les critiques que l'ex-président de
Banco Provincia (une banque publique de la Province de Buenos Aires)
a émise sur l'impudent ministre de l'Energie et des Mines. Ce proche
de l'ancien gouverneur péroniste Daniel Scoli traite le raisonnement de Aranguren de marxiste et
l'assimile à l'aphorisme absurde bien connu : « Je
n'accepterais jamais de faire partie d'un club qui m'accepterait
parmi ses membres »
lire
l'article de Clarín (mise à jour d'hier) sur les propos du
ministre.
(1)
En Argentine, le proverbe se traduit littéralement : celui qui
s'est brûlé avec du lait se met à pleurer dès qu'il voit une
vache. D'où le fait que Página/12 fait semblant de s'apitoyer dans
son titre : [le pauvre petit) voit la vache, il se met à pleurer et il n'y a personne pour le consoler, pas même Macri. Le président est en effet déjà à
nouveau parti en vacances dans le sud, comme il le fait très
régulièrement. C'est déjà sa troisième escapade depuis le début
de l'année. Pas mal pour un chef d'Etat en exercice et en charge
effectif de l'exécutif ! Il n'y a qu'à comparer avec l'agenda à l'Elysée d'Emmanuel Macron, son
presque homonyme (mais il est vrai aussi que les deux hommes n'ont pas le même âge).
(2) Esteban Bullrich, sénateur Cambiemos et ancien ministre de l'Education nationale de Macri, est un gaffeur compulsif. Dans le cadre du débat sur la dépénalisation de l'avortement, il y a quelques jours, il n'a rien trouvé de mieux à faire qu'à dire son opposition à cette réforme en déclamant des vers de mirliton de sa composition, dédié aux embryons et aux bébés qui ne sont pas venus au monde.