"Nous avons besoin que vous lisez ceci" |
El grito, la clameur, c’était la manière des
révolutionnaires de 1810 de désigner leur revendication d’une
liberté politique dont les pays d’Amérique latine manquaient
terriblement depuis 300 ans.
"C'est en mars que la décision sera prise sur ce projet et on vous en parler parce qu'il faut qu'on vous dise : Non à la salmoniculture !" |
Et
voici que des cuisiniers argentins de renom s’unissent pour
dénoncer un accord entre la République argentine, la Province de
Tierra del Fuego et une entreprise norvégienne pour créer des
fermes marines d’élevage intensive de saumons dans le Canal de Beagle, qui
sépare le continent des îles de la province la plus australe du pays.
Parmi les signataires de l’appel, le chef italo-argentin formé en France Mauro Colagreco, le tout
nouveau trois étoiles Michelin de Menton.
"Au moment où l'on veut implanter cette industrie en Argentine..." |
Que
redoutent-ils ? La pollution irréversible de ces eaux froides
qui accueillent une grande biodiversité. On sait ce qu’il en est
sur les côtes norvégiennes. On sait que les consommateurs
commencent à se détourner du saumon d’élevage à cause de cette
catastrophe écologique, qui fait l’objet de plus en plus
d’articles de presse et de documentaires audiovisuels. Pas question
qu’il arrive la même chose en Argentine alors que c’est déjà
fait au Chili tout proche (les deux pays se partagent le canal). D'autant que c'est peut-être le scandale de la pollution en Norvège qui a convaincu l'entreprise d'aller polluer ailleurs pour maintenir le niveau de ses ventes et des dividendes pour ses actionnaires.
"Dans le reste du monde, on est en train de l'interdire" |
Le
scandale a commencé en octobre, lorsque les scientifiques argentins
ont lancé un premier cri d’alerte, mais il semblerait que
l’initiative des chefs, relayée surtout sur les réseaux sociaux,
ait un peu plus de succès médiatique…
Les
pouvoirs publics vantent la perspective de création d’emplois mais
on sait ce qu’il en est en Scandinavie : les emplois en
question sont des emplois industriels dévalorisés, avec de MST à
la clé, or ils risquent de l’être encore plus dans un pays où le
droit du travail est aussi fragile qu’en Argentine, et la qualité
de vie de toute la région concernée s’est singulièrement
dégradée pour les hommes et les animaux sur tous les plans.
Ferme piscicole dans le détroit de Magellan, dans les eaux chiliennes |
Sans
parler de la catastrophe nutritionnelle et gastronomique !
Pour
aller plus loin :
lire
l’article de Clarín
lire
l’article de Clarín du 5 octobre 2018
lire
l’article de Infobae
lire
l’article de Nuevo Día, un quotidien de la province patagonienne
de Santa Cruz, une province pétrolifère qui dispose aussi de la
plus grande réserve d’eau douce du continent dans le parc national
Los Glaciares (1).
(1)
Le canal de Beagle et le parc Los Glaciares sont au programme du
voyage que l’agence Odeia propose et que j’accompagnerai en
novembre prochain. Voir mon article du 19 janvier 2019. Imaginez la
catastrophe touristique si le canal de Beagle se remplit de parcs à
saumon nourris aux croquettes de soja transgénique et de farine
animale, avec plein d’antibiotiques dedans pour assaisonner !