C'est le nouveau texte que Luis Alposta
a mis en ligne jeudi dernier dans son blog, Mosaicos Porteños,
où il publie régulièrement des petites
vignettes littéraires, comme autant de tesselles pour sa vaste mosaïque sur
les singularités portègnes (j'en ai traduits deux,
publiées à Buenos Aires sous forme d'un recueil aux Editions Marcelo Olivieri, dans Deux cents ans après,
le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine
littéraire du tango, Tarabuste Editions, comme numéro
spécial de la revue Triages, en janvier 2011).
Il y a quelques jours, Luis Alposta
nous régalait d'un bon morceau sur le trasvestissement des
mots espagnols intégrés, dans un autre sens, dans le
lunfardo portègne. Ici, ce médecin gourmet et poète
s'attaque aux expressions issues de la gastronomie italienne et qui
ont changé de sens en s'installant sur les bords du Río
de la Plata.
ACERCA DE ITALIANISMOS Y COMIDAS
No son pocas las palabras de origen
italiano que se han ido incorporando a la parla nuestra de cada día,
y que están relacionadas con la comida. Palabras que la cocina
italiana ha exportado, no sólo a nuestro país sino a
todo el mundo. Términos gastronómicos que terminaron
imponiéndose, sin dar lugar a la creación de nuevos
vocablos para reemplazarlos. Una excepción la encontramos en
el pan dulce navideño, versión argentina del panettone.
Pero lo común es lo contrario. La mayoría de estas
palabras conservan sus significados sin dejar por eso de enriquecerse
con nuevas acepciones. Tal los casos de los mentados "papelitos"
o ravioles; el tirarse a muerto o a mortadela; el darle el pesto a
alguien o recibirlo; el quedarse callado o musarela; el tener los
dedos o los grisines hinchados; el tener vigor, potencia o polenta;
el ser un chupóptero, a quien preferimos seguir llamando
ñoqui, aunque cada vez sean menos los que cobran el día
29.
Y por último, ser una persona
torpe, boba, atontada, de pocas luces o, simplemente un salame.
En este punto, creo oportuno traer a
cuento que la palabra salame es una voz italiana con la que se
designa al embutido hecho con carne vacuna y carne y grasa de cerdo,
picadas y curadas, que se come crudo y que fue inventado por los
egipcios aunque usted no lo crea.
Luis Alposta, Mosaicos Porteños
Des italianismes et de la nourriture
Ils ne sont pas rares, les mots
d'origine italienne qui se sont incorporés au fil du temps à
notre parler de chaque jour, et qui sont reliés à la
nourriture. Mots que la cuisine italienne a exportés, non
seulement dans notre pays mais dans le monde entier. Termes
gastronomiques qui ont fini par s'imposer, sans donner lieu à
la création de nouveaux vocables pour les remplacer. Nous
trouvons bien une exception dans le pan dulce de Noël (1),
version argentine du panettone. Mais la règle, c'est
l'inverse. La majorité de ces mots conservent leur
signification tout en continuant de s'enrichir de nouvelles
acceptions. Tel est le cas des célèbres barrettes (2)
ou raviolis, se la couler douce (3) ou mortadelle, donner un pesto
(une leçon) à quelqu'un ou en recevoir un (4), en
rester bouche-bée ou mozzarella, avoir les doigts ou les
gressins enflés, avoir de la vigueur, de la force ou de la
polenta, être un profiteur (5), que nous préférons
continuer d'appeler un gnocchi, bien qu'ils soient de moins en moins
nombreux à toucher leur dû le 29 du mois (6).
Et pour finir, être une personne
pas très futée, idiote, un crétin, quelqu'un qui ne
brille pas par son intelligence ou, plus simplement, un salami.
Sur ce point, je crois opportun de
raconter que le mot salami est une terme italien (7) qui désigne
la charcuterie faite de viande bovine et de viande et gras de
porc, hachée et mise à sécher, qui se mange crue
et fut inventée par les Egyptiens même si vous me me
croyez pas.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Je vous ai mis en gras les termes que le français a repris directement dans leur forme italienne tandis que
les Argentins les ont hispanisés.
Plus de Mosaicos Porteños sur le
blog de Luis Alposta. Parution tous les jeudis.
(1) Voir mes articles sur cette
spécialité de la table de fin d'année.
(2) barrette de drogue, bien sûr.
(3) En français, on aura
tendance à parler de dolce vita ou de "farniente" pour à
peu près la même chose.
(4) En l'occurrence, donner une leçon
dans le sens d'en remontrer à qqn, d'être plus fort que
qqn. C'est très employé en sport pour désigner
la supériorité d'un joueur ou d'un athlète sur
les autres.
(5) Chupóptero : celui qui
touche une ou plusieurs rémunérations sans effectuer le
travail correspondant.
(6) Allusion à une coutume qui
consiste à servir des gnocchis tous les 29 du mois. Parce
qu'en fin de mois, c'est tout ce qu'on peut s'offrir. La coutume
semble venir d'un village italien sans qu'on puisse remonter
l'histoire précise. La coutume est assez respectée des
familles d'ascendance italienne, je me suis aperçue qu'elle
est inconnue chez d'autres Portègnes pour lesquels l'ancêtre
italien, quand il existe, ne compte pas beaucoup.
(7) Ce qui existe en Europe sous le nom
de salami n'existe pas en Argentine.