"Des amis, nous avons toujours été des amis", dit le gros titre Une d'hier Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Hier, à la une (ci-dessus), Página/12 apportait la preuve photographique d’une collusion de longue date entre le procureur qui porte actuellement l’accusation contre Cristina Kirchner dans le dossier des travaux publics à Santa Cruz et le juge du siège qui dirige les débats et aura à se prononcer dans les jours qui viennent sur sa culpabilité ou son innocence et dans le premier cas sur la peine dont écoperait la vice-présidente qu’une large partie de la droite veut voir derrière les barreaux le plus tôt possible.
Les deux magistrats sont en effet membres de la même équipe de football amateur, laquelle s’est rassemblé et a joué plus d’une fois dans le jardin d’une des propriétés privées de Mauricio Macri qui, alors président de la Nation, agissait comme hôte invitant envers ses amis juges.
En découvrant l’article du quotidien de gauche, Cristina Kirchner a aussitôt fait savoir urbi et orbi qu’elle avait donné instruction à son avocat d’entamer une démarche officielle pour récuser le procureur et le président des audiences.
Ce qui, dans les journaux
d’opposition (droite), a déclenché ce matin une avalanche
d’articles et d’éditoriaux pour répéter que la Justice dispose
d’une grande quantité de preuves de la corruption de cette
justiciable un peu spéciale. Il n’en reste pas moins que la photo
apportée publiquement par Página/12
pèse lourd dans le
dossier et que tous les journalistes doivent en convenir.
"La délinquance en bande, c'est la leur", dit le gros titre en citant la vice-présidente Une de ce matin Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
L’avenir nous dira si le recours de la vice-présidente changera ou non le cours du procès. Il devrait en être ainsi : l’affaire devrait passer à d’autres magistrats mais on est en Argentine où, on l’a récemment vu avec une mesure qui a protégé Mauricio Macri malgré des preuves très lourdes contre lui, la Justice n’est pas toujours à l’abri de la partialité politique et idéologique.
Pour aller plus loin :
Ajouts du 13 août
2022 :
Cristina n’aura pas obtenu que ses juges lâchent
l’affaire. Et Página/12,
en continuant ses enquêtes, a découvert un nouvel élément de
preuve sur la partialité des magistrats : cette fois, il s’agit
d’un procureur qui s’est rendu à plusieurs reprises à la
direction du renseignement au moment même où, sous la présidence
Macri, les procès commençaient à pleuvoir sur l’ancienne
présidente. Le journal comme elle-même en tirent la conclusion
qu’il allait prendre ses ordres ou qu’il complotait avec les
services dont on sait qu’ils ont été utilisés par Macri au moins
dans l’affaire des écoutes illégales contre les ayant-droit des
sous-mariniers du ARA San Juan qui a disparu en mission. Cristina se
lance donc dans une seconde récusation d’un procureur qui a tout
aussi peu de chances d’aboutir. Elle pourra toujours se servir de
ces démarches devant la cour d’Appel si elle est condamnée (comme
c’est probable).
Pour aller plus loin :
lire l’article
de Página/12
sur les visites du procureur aux services de renseignement
lire l’article
de Página/12
sur la seconde récusation d’un magistrat
lire l’article
de Clarín
sur le refus de la Cour de faire récuser les juges (la Cour estime
en effet que les éléments trouvés par Página/12,
des parties de foot amicales disputées dans la propriété privée
du chef de l’État, adversaire politique de la prévenue, font
partie « des relations professionnelles normales » –
quelle étrange conception du métier de magistrat !)
lire l’article
de La
Nación sur le
même sujet.