vendredi 14 novembre 2025

Accord conclu entre l’Argentine et les États-Unis et les droits de l’Homme au tapis ! [Actu]

Dans ce montage photo, Mileí salue comme
dans l'armée des Etats-Unis
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Javier Mileí et la Maison Blanche l’ont annoncé : les États-Unis et l’Argentine vont signer dans les jours qui viennent un traité de libre-échange. Eu égard à la seule différence de structure et de solidité des économies des deux pays, hors prise en compte de la dette politique de Mileí envers Trump qui l’a soutenu, au détriment de ses compatriotes, pendant le shut-down, juste avant l’élection de mi-mandat du 26 octobre, cet accord entraîne une mise en coupe réglée de l’Argentine au profit des États-Unis. La première va devoir ouvrir ses frontières à tous les produits des seconds, comme rarement elle a dû le faire dans son histoire, et les États-Unis vont pouvoir puiser dans ses ressources minières et les épuiser à leur profit tout en s’approvisionnant en viande bovine puisque leur marché subit actuellement le contre-coup d’une maladie qui dévaste les élevages et l’empêche d’être approvisionné à la hauteur de la demande des consommateurs. Il va sans dire que les éleveurs des États-Unis seront eux aussi les victimes collatérales de ce sinistre accord, des victimes dont Trump semble se moquer comme de son premier building.

"Le commerce, levier du développement national",
dit le gros titre sur cette photo des deux ministres
des Affaires étrangères
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Quant à l’économie argentine, le temps nous dira ce qu’il en adviendra mais il ne faut pas être grand clerc pour imaginer que tous les secteurs sont d’ores et déjà menacés : l’agriculture, l’industrie minière et pétrolière, l’industrie de capitaux locaux faite d’un tissu de PME déjà en grande difficulté depuis l’arrivée de Mileí au pouvoir, la culture et, même, sans doute, le secteur touristique qui ne va pas gagner en qualité… De son côté, Mileí triomphe : pour obtenir ce résultat, il a fait 14 voyages aux États-Unis, aux frais de l’État, depuis qu’il est en fonction. Beaucoup trop aux yeux de son opposition qui lui reproche ces dépenses souvent difficilement justifiables (il a beaucoup voyagé pour se faire remettre des prix reconnus par à peu près personne ou aller festoyer à Mar-a-Lago) au point que cela gêne jusqu’à certaines personnalités de droite et du centre.

"Le grand pari de l'augementation du commerce
grâce à l'accord avec les Etats-Unis", dit le gros titre
En-dessous, la photo d'un ancien ministre de Cristina Kirchner
multi-condamné pour corruption
(il s'est rendu à la police hier et a été une nouvelle fois incarcéré)
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Ce qui va souffrir aussi dans la foulée, ce sont les droits de l’Homme car Mileí les vomit, tout comme Trump. Désormais, plus aucun scrupule ne pourra dissuader l’Argentin de s’aligner complètement sur Trump, sans doute au détriment du Mexique, du Venezuela et de la Colombie, tous les trois gouvernés à gauche, à raison de deux démocraties et d’une dictature qui ont en commun une idéologie anti-yanquo-impérialiste (et tous les trois fort tolérants envers l’impérialisme russe). A l’ONU, hier, le sous-secrétaire d’État aux droits de l’Homme argentin a tenu un discours ouvertement négationniste à la Vance : il a en effet affirmé que le nombre officiel de disparus sous la dictature militaire, nombre reconnu par l’ONU depuis une quarantaine d’années, soit 30 000 personnes, était un chiffre fallacieux, inventé par une conspiration des associations de droits de l’Homme pour obtenir des réparations financières. C’est, pour ma part, la première fois que j’entends cet argument complotiste (qui n’a ni queue ni tête) alors que la contestation du nombre en soi est, quant à elle, très ancienne et très fréquente chez les responsables politiques de droite (on l’entendait déjà dans la bouche de certains ténors de la majorité et de quelques éditorialistes de Clarín ou de La Nación sous la présidence de Mauricio Macri). Il est à noter que des négationnistes de la destruction des juifs d’Europe ont recours au même argument : le chiffre de 6 millions de victimes aurait été inventé dans le but de réclamer des indemnités. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’un mensonge historique. Dans les deux cas, les preuves de diverses origines et de diverse natures abondent.

"Les Etats-Unis et l'Argentine ont scellé
un accord de commerce étendu", dit le gros titre
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Bien entendu, selon qu’ils sont de droite ou de gauche, les journaux ont des analyses différentes de l’accord avec les États-Unis et si, en outre, ils sont de droite, ils restent muets sur l’écœurante intervention du sous-ministre hier à Genève.

A vendre, dit le dessin. 60% de réduction
Dessin de Miguel Rep pour Página/12 ce matin

A noter que dimanche prochain, le Chili vote pour le premier tour de son élection présidentielle. Après un mandat à gauche, celui de Gabriel Boric (qui, lui, soutient l’Ukraine !), la droite a l’avantage dans les sondages (la gauche présentant une candidate issue du parti communiste, ce qui fait peur). Si c’est un des candidats de droite qui l’emporte, Mileí obtiendra un soutien international de poids à l’échelle du continent et cela profitera à l’Amérique de Trump.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Une de Página/12, qui reprend le stéréotype de la colonisation européenne en Afrique
lire l’article de Página/12 sur les propos tenus par le sous-secrétaire d’État à Genève
lire l’article de La Prensa, sur l’accord bilatéral
lire l’article de Clarín sur l’accord bilatéral
lire l’article de La Nación sur l’accord bilatéral.