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| Dans ce montage photo, Mileí salue comme dans l'armée des Etats-Unis Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Javier Mileí et la Maison Blanche l’ont
annoncé : les États-Unis
et l’Argentine vont signer dans les jours qui viennent un traité
de libre-échange. Eu égard à la seule différence de structure et
de solidité des économies des deux pays, hors prise en compte de la
dette politique de Mileí envers Trump qui l’a soutenu, au
détriment de ses compatriotes, pendant le shut-down, juste avant
l’élection de mi-mandat du 26 octobre, cet accord entraîne une
mise en coupe réglée de l’Argentine au profit des États-Unis.
La première va devoir ouvrir ses frontières à tous les produits
des seconds, comme rarement elle a dû le faire dans son histoire, et
les États-Unis
vont pouvoir puiser dans ses ressources minières et les épuiser à
leur profit tout en s’approvisionnant en viande bovine puisque leur
marché subit actuellement le contre-coup d’une maladie qui dévaste
les élevages et l’empêche d’être approvisionné à la hauteur
de la demande des consommateurs. Il va sans dire que les éleveurs
des États-Unis seront eux
aussi les victimes collatérales de ce sinistre accord, des victimes
dont Trump semble se moquer comme de son premier building.
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| "Le commerce, levier du développement national", dit le gros titre sur cette photo des deux ministres des Affaires étrangères Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Quant à l’économie argentine,
le temps nous dira ce qu’il en adviendra mais il ne faut pas être
grand clerc pour imaginer que tous les secteurs sont d’ores et déjà
menacés : l’agriculture, l’industrie minière et
pétrolière, l’industrie de capitaux locaux faite d’un tissu de
PME déjà en grande difficulté depuis l’arrivée de Mileí au
pouvoir, la culture et, même, sans doute, le secteur touristique qui
ne va pas gagner en qualité… De son côté, Mileí triomphe :
pour obtenir ce résultat, il a fait 14 voyages aux États-Unis,
aux frais de l’État, depuis qu’il est en fonction. Beaucoup trop
aux yeux de son opposition qui lui reproche ces dépenses souvent
difficilement justifiables (il a beaucoup voyagé pour se faire
remettre des prix reconnus par à peu près personne ou aller
festoyer à Mar-a-Lago) au point que cela gêne jusqu’à certaines
personnalités de droite et du centre.
Ce qui va souffrir aussi dans la
foulée, ce sont les droits de l’Homme car Mileí les vomit, tout
comme Trump. Désormais, plus aucun scrupule ne pourra dissuader
l’Argentin de s’aligner complètement sur Trump, sans doute au
détriment du Mexique, du Venezuela et de la Colombie, tous les trois
gouvernés à gauche, à raison de deux démocraties et d’une
dictature qui ont en commun une idéologie anti-yanquo-impérialiste
(et tous les trois fort tolérants envers l’impérialisme russe). A
l’ONU, hier, le sous-secrétaire d’État aux droits de l’Homme
argentin a tenu un discours ouvertement négationniste à la Vance :
il a en effet affirmé que le nombre officiel de disparus sous la
dictature militaire, nombre reconnu par l’ONU depuis une
quarantaine d’années, soit 30 000 personnes, était un
chiffre fallacieux, inventé par une conspiration des associations de
droits de l’Homme pour obtenir des réparations financières.
C’est, pour ma part, la première fois que j’entends cet argument
complotiste (qui n’a ni queue ni tête) alors que la contestation
du nombre en soi est, quant à elle, très ancienne et très
fréquente chez les responsables politiques de droite (on l’entendait
déjà dans la bouche de certains ténors de la majorité et de
quelques éditorialistes de Clarín
ou de La Nación
sous la présidence de Mauricio Macri). Il est à noter que des
négationnistes de la destruction des juifs d’Europe ont recours au
même argument : le chiffre de 6 millions de victimes aurait été
inventé dans le but de réclamer des indemnités. Dans un cas comme
dans l’autre, il s’agit d’un mensonge historique. Dans les deux
cas, les preuves de diverses origines et de diverse natures abondent.
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| "Les Etats-Unis et l'Argentine ont scellé un accord de commerce étendu", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Bien entendu, selon qu’ils sont
de droite ou de gauche, les journaux ont des analyses différentes de
l’accord avec les États-Unis
et si, en outre, ils sont de droite, ils restent muets sur
l’écœurante intervention du sous-ministre hier à Genève.
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| A vendre, dit le dessin. 60% de réduction Dessin de Miguel Rep pour Página/12 ce matin |
A noter que dimanche prochain, le Chili vote pour le premier tour de son élection présidentielle. Après un mandat à gauche, celui de Gabriel Boric (qui, lui, soutient l’Ukraine !), la droite a l’avantage dans les sondages (la gauche présentant une candidate issue du parti communiste, ce qui fait peur). Si c’est un des candidats de droite qui l’emporte, Mileí obtiendra un soutien international de poids à l’échelle du continent et cela profitera à l’Amérique de Trump.
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa, sur l’accord bilatéral
lire l’article de Clarín sur l’accord bilatéral
lire l’article de La Nación sur l’accord bilatéral.




