Si je m’attendais à ouvrir ce blog avec une information politique !!!!
Mais il le faut bien, parce que le tango ne naît pas dans les limbes pour descendre sur terre. Au contraire. Il plonge de profondes racines dans une réalité bourbeuse et de là, il s'envole vers le ciel... Et il y a bien eu cette semaine un vrai coup de théâtre au Sénat argentin...
Le 16 juillet, Julio Cobos, Vice-président de la République et donc constitutionnellement Président du Sénat, a surpris tout son monde en votant... contre un projet du Gouvernement. Selon toute apparence, sa voix blanche faisant foi, l’homme n’a pas pris sa décision à la légère.
Pour le dire brièvement, le gouvernement de la Présidente Cristina Fernández de Kirchner cherche à mettre fin à un long conflit qui l'oppose depuis le mois de février au campo (les très puissantes organisations patronales agraires alliées pour la première fois dans l´histoire argentine à la confédération des travailleurs ruraux qui regroupent les employés agricoles, les fermiers et les tout petits indépendants). Parce que l'exportation du soja est très rentable, dans l'actuel contexte international de pénurie de matières premières agricoles, el campo veut exporter sa production (de soja et de céréales) sans droit exorbitant à payer et le gouvernement, lui, veut assurer au préalable l’approvisionnement national et des rentrées fiscales conséquences en taxant le soja en fonction du cours mondial (retenciones móviles = prélèvements variables)...
Le conflit s’est cristallisé quand, pour faire faire pression sur le gouvernement pour qu'il rétablisse un taux fixe sur l’exportation du soja dont l'Argentine est le permier exportateur mondial, el campo, toutes classes sociales confondues, s’est mobilisé pour couper les grandes routes du pays. Les barrages, qui ne laissaient guère passer que pompiers et ambulances, ont duré plus de 100 jours pendant l’été et l’automne (de février à juin). Les effets se sont fait sentir assez durement : ruptures d’approvisionnement en produits frais et en combustible un peu partout en Argentine. A Buenos Aires même, les rayons de certains supermarchés se sont vidés et des stations-service ont manqué de carburant... Par souci d’apaisement, le Gouvernement a transmis le dossier à la représentation nationale. El campo a accepté le principe de l’arbitrage du Congrès et a levé les barrages. Les supermarchés, les marchés et les stations-service ont à nouveau pu servir leur clientèle (avec des prix de vente violemment augmentés).
Le 16 juillet, après un vote favorable il y a quelques jours à la Chambre des Députés, c'était au tour du Sénat d'examiner la loi sur les restrictions. La Chambre Haute s’est partagée à égalité : 36 voix pour, 36 contre. Après avoir cherché tous les recours procéduraux possibles et imaginables, le Vice-Président, qui est issu des rangs de l'UCR, un parti de gauche historiquement anti-péroniste depuis 1945, s’est vu obligé de départager les votes et à la surprise générale, il a voté contre en déclarant, d’un ton très solennel, proche de la formule d’un serment constitutionnel : « Si je me trompe, que l’histoire me juge ».
Mais il le faut bien, parce que le tango ne naît pas dans les limbes pour descendre sur terre. Au contraire. Il plonge de profondes racines dans une réalité bourbeuse et de là, il s'envole vers le ciel... Et il y a bien eu cette semaine un vrai coup de théâtre au Sénat argentin...
Le 16 juillet, Julio Cobos, Vice-président de la République et donc constitutionnellement Président du Sénat, a surpris tout son monde en votant... contre un projet du Gouvernement. Selon toute apparence, sa voix blanche faisant foi, l’homme n’a pas pris sa décision à la légère.
Pour le dire brièvement, le gouvernement de la Présidente Cristina Fernández de Kirchner cherche à mettre fin à un long conflit qui l'oppose depuis le mois de février au campo (les très puissantes organisations patronales agraires alliées pour la première fois dans l´histoire argentine à la confédération des travailleurs ruraux qui regroupent les employés agricoles, les fermiers et les tout petits indépendants). Parce que l'exportation du soja est très rentable, dans l'actuel contexte international de pénurie de matières premières agricoles, el campo veut exporter sa production (de soja et de céréales) sans droit exorbitant à payer et le gouvernement, lui, veut assurer au préalable l’approvisionnement national et des rentrées fiscales conséquences en taxant le soja en fonction du cours mondial (retenciones móviles = prélèvements variables)...
Le conflit s’est cristallisé quand, pour faire faire pression sur le gouvernement pour qu'il rétablisse un taux fixe sur l’exportation du soja dont l'Argentine est le permier exportateur mondial, el campo, toutes classes sociales confondues, s’est mobilisé pour couper les grandes routes du pays. Les barrages, qui ne laissaient guère passer que pompiers et ambulances, ont duré plus de 100 jours pendant l’été et l’automne (de février à juin). Les effets se sont fait sentir assez durement : ruptures d’approvisionnement en produits frais et en combustible un peu partout en Argentine. A Buenos Aires même, les rayons de certains supermarchés se sont vidés et des stations-service ont manqué de carburant... Par souci d’apaisement, le Gouvernement a transmis le dossier à la représentation nationale. El campo a accepté le principe de l’arbitrage du Congrès et a levé les barrages. Les supermarchés, les marchés et les stations-service ont à nouveau pu servir leur clientèle (avec des prix de vente violemment augmentés).
Le 16 juillet, après un vote favorable il y a quelques jours à la Chambre des Députés, c'était au tour du Sénat d'examiner la loi sur les restrictions. La Chambre Haute s’est partagée à égalité : 36 voix pour, 36 contre. Après avoir cherché tous les recours procéduraux possibles et imaginables, le Vice-Président, qui est issu des rangs de l'UCR, un parti de gauche historiquement anti-péroniste depuis 1945, s’est vu obligé de départager les votes et à la surprise générale, il a voté contre en déclarant, d’un ton très solennel, proche de la formule d’un serment constitutionnel : « Si je me trompe, que l’histoire me juge ».
Ce vote inattendu ouvre une période difficile pour la majorité (péroniste) au pouvoir. Cependant, le Vice-Président estime n’avoir commis aucune trahison envers personne, lui qui a déjà osé s'allier à une péroniste pour les élections présidentielles contre une tradition vieille de plus de 70 ans, mais il estime avoir servi l’esprit de la démocratie et la paix civile : il n’eût pas été équitable, a-t-il déclaré, qu’une loi qui divise à ce point le pays en deux passe à une seule voix de majorité (la sienne). Il a donc préféré provoquer un nouvel aller-retour entre les deux chambres. L’opposition, qui s’était rassemblée à Palermo et à La Recoleta, deux quartiers du nord de Buenos Aires, pour manifester devant l’imminence de l’adoption de la loi, a transformé ce qui devait être une démonstration de mécontentement en une méga-fête, plutôt exubérante...
En d’autres temps, avant la télé, avant même la radio dans tous les foyers, cet incident aurait fait un tango et peut-être même un sainete (ce théâtre populaire, presque chansonnier, qui connut son heure de gloire dans les années 10 et 20 puis a dépéri et a fini par disparaître à la fin des années 30). Plus tôt encore, il aurait fait les choux gras des payadores, ces chanteurs itinérants, anarchistes pour la plupart d’entre eux, qui parcouraient la région du Río de la Plata du nord au sud et d’ouest en est, dans la seconde moitié du 19e siècle et la première décennie du 20e, eux qui furent parmi les premiers auteurs de ce qui allait devenir notre tango d’aujourd’hui..