Les
papiers découverts il y a quelques semaines dans les sous-sols
d'un immeuble de la Défense à Buenos Aires commencent à
parler (voir mon article du 9 novembre 2013). Hier, Página/12
consacrait un de ses articles à l'un des artistes mis à
l'index par la Dictature selon des critères précis que
ces documents secrets mettent en lumière.
Le
musicien en question est Szymsia Bajour, juif polonais né en
1928 et arrivé en Argentine en 1939, lorsque l'Argentine
restait l'un des rares pour ne pas dire le seul pays qui accueillait
encore les réfugiés, notamment juifs, pour lesquels
même la frontière des Etats-Unis était fermée...
Bajour
avait été violoniste dans l'orchestre de Carlos Di Sarli avant
de passer chez Astor Piazzolla, avec lequel il avait enregistré
Adiós Nonino en 1961. Après quoi, il avait choisi de
rejoindre Cuba et d'intégrer l'Orchestre Symphonique de l'île
pour soutenir la révolution castriste. Rien d'étonnant
à ce que les militaires au pouvoir en Argentine en 1976 l'ait
jugé indésirable, vu l'idéologie qui était
la leur.
Hier,
Página/12 dressait son portrait, avec l'aide de ses enfants et
de sa veuve, qui l'avait connu dans la banlieue de Buenos Aires en
1950, à la Sociedad Española de Valentín Alsina,
où l'orchestre de Di Sarli animait un bal...
Revenu
en Argentine dès 1984, aussitôt après la fin de
la Dictature militaire, pour entrer dans l'orchestre du Teatro Colón,
l'opéra de Buenos Aires, Szymsia Bajour est décédé
dans son premier pays d'adoption en 2005.
Aujourd'hui,
au Centre pour la Mémoire Haroldo Conti, la famille Bajour
participera à un temps d'hommage aux artistes interdits
pendant la Dictature, au sein de l'ex-Esma, avenue du Libertador, à
Palermo. Juan Tata Cedrón sera du nombre des artistes et
intellectuels qui animeront la rencontre.
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